Sud-Aveyron : le bio en première ligne face aux récentes intempéries

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  • Les céréales impactées  par la pluie ont perdu  en qualité et en rendement.
    Les céréales impactées par la pluie ont perdu en qualité et en rendement.
Publié le
Michel Durand

Les récoltes sont touchées par l’enherbement et les maladies à cause de la pluie. Puisqu’ils ne peuvent pas utiliser de produits chimiques, certains rendements affichent 40 % de perte.

Si la sécheresse est un problème majeur pour l’agriculture, le trop-plein d’eau constitue une problématique tout aussi préjudiciable. Cette année, le surplus de précipitations durant le printemps, mais surtout en ce début d’été est en train de mettre à mal les récoltes estivales. Au printemps, la récolte de foin a été perturbée par les pluies, mais les rendements ont été plus que satisfaisants. Désormais, ce qui inquiète les agriculteurs, c’est le retard très important pris par les moissons. Les entreprises de battage sont souvent stoppées dans leur travail par les averses qui condamnent les moissonneuses-batteuses à l’arrêt pour plusieurs jours.

Si le monde agricole est impacté par ce phénomène climatique, il est plus durement ressenti par les agriculteurs qui ont choisi un mode de production biologique. Dans ce type de production, le désherbage des semis ne peut se faire que mécaniquement, car l’utilisation de produits chimiques est bien sûr proscrite. Le trop-plein d’eau a empêché les agriculteurs en bio de pénétrer dans les cultures au moment opportun. "On n’a pas pu désherber mécaniquement au printemps à cause de la pluie", constate François Castan, éleveur ovin en bio depuis 10 ans. "Il y a un gros retard dans les moissons à cause du temps. L’herbe prolifère et se développe à cause de la pluie. Du coup, les moissons seront difficiles et il y aura une perte de rendement."

C’est un constat sans amertume de l’agriculteur qui espère pouvoir "procéder le plus rapidement possible" à la récolte de l’orge qui aurait " dû être réalisée il y a plus d’un mois de cela".

La situation est "compliquée" pour d’autres types de production bio, comme l’explique Rémy Sagnes, éleveur de porcs bios au Mas Granet à Calmels-et-le-Viala. "Je produis du maïs dans le Tarn pour mes cochons mais, cette année, on a eu de grandes difficultés pour effectuer le désherbage mécanique. On n’a pas eu à arroser, mais l’enherbement nous a fait perdre du rendement. La perte sera de l’ordre de 40 % par rapport à une année normale. En revanche, les agriculteurs qui utilisent des produits chimiques auront de très bonnes récoltes cette année pour le maïs. En bio, ce sera plus compliqué. Il va me manquer de la marchandise. L’agriculture bio suit le cycle de la nature et là on est décalé. Par contre ce sera une bonne année pour le foin et cela compensera un peu."

Côté maraîchage, le constat est le même pour Pascal Blayac maraîcher bio à Vabres-l’Abbaye : "Il y a dix jours, j’ai passé le broyeur sur 400 salades. Les tomates en extérieur ont attrapé le mildiou, elles sont en train de pourrir. On est autorisé à utiliser de la bouillie bordelaise mais on se refuse à traiter intensément, ce que l’on aurait dû faire pour essayer d’enrayer la maladie. Avec un mois d’avance, on va devoir traiter les courgettes avec du soufre contre l’oïdium."

Malgré le beau temps qui semble s’installer, les agriculteurs ne pourront rattraper ce qui a été perdu. C’est sans amertume, qu’ils espèrent des jours meilleurs, eux qui ont fait un choix de production qui les fragilisent plus que d’autres face aux caprices de la nature.

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