Najac : ils vendent leur bar à cause du pass sanitaire

  • Aude et Stéphane Lavernhe sont les gérants du bar de la Plage depuis six ans.
    Aude et Stéphane Lavernhe sont les gérants du bar de la Plage depuis six ans. DDM - Camil Ioos
  • Le bar de la Plage à Najac.
    Le bar de la Plage à Najac. DDM - Camil Ioos
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Camil Ioos

Installés depuis six ans à Najac avec le bar de la Plage, Aude et Stéphane Lavernhe ont décidé de ventre leur établissement en raison de l’extension du pass sanitaire. Pour eux, après un an et demi de mesures restrictives, cette demande est celle de trop.
 

Confinement, puis obligation de fermeture au long cours pour les bars et restaurants, suivi de reconfinement et mises en place de mesures sanitaires drastiques… Des professionnels ne sachant plus ou donner de la tête. Comme bien d’autres Aude et Stéphane Lavernhe du bar de la Plage à Najac ne savent plus à quel saint se vouer. Et l’ultime banderille arrivant avec le laissez-passer sanitaire aura été synonyme de goutte d’eau faisant déborder le vase pour le couple. Ils ont décidé de vendre leur commerce. Stéphane Lavernhe, 50 ans, nous explique cette décision qui fait écho au ras-le-bol d’une partie de la profession.

Pourquoi vendez-vous votre affaire ?

« Le pass sanitaire a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Je pense que l’on a donné pas mal depuis le début de la crise. Pendant deux mois et demi, nous avons dû fermer avec le confinement. On a dû à nouveau stopper notre activité pendant six mois et demi par la suite. Cela fait un an et demi que tout cela dure et nous ne savons pas quel avenir nous pouvons avoir dans ce métier à cause de ce covid. Depuis mars 2020, c’est un coup on ouvre, un coup on ferme. Notre assureur n’a jamais joué le jeu pour nous aider. On nous a offerts un mois de cotisation, c’est tout, pour la perte d’exploitation qu’on a eue. Nous n’avons pas le choix depuis le début de la pandémie. Les mesures nous sont toujours imposées. Cela fait un an et demi que l’on subit. À force, on n’a plus le droit de faire ce qu’on veut chez nous. On ne peut pas accueillir des gens au comptoir par exemple. Cela aurait fait six ans à la fin de l’année que nous sommes là, mais actuellement nous sommes épuisés moralement et physiquement avec tout cela. Cette mesure nous achève. Nous avons une affaire qui fonctionne parfaitement, qui n’a cessé de grossir d’année en année, mais cette dernière mesure que l’on nous impose est de trop. On n’a pas envie de travailler ou de vivre comme cela. Puis nous ne voulons pas discriminer les gens. C’est leur choix de se faire vacciner ou pas. Je ne suis pas là pour juger les gens. »

Quand avez-vous pris cette décision ? 

« À partir des annonces d’Emmanuel Macron du 12 juillet, nous avons commencé à nous demander ce qu’on allait faire. Tous les deux, nous ne sommes pas vaccinés. Ce n’est pas que nous sommes contre le vaccin mais on voulait avoir le choix de ce qu’on nous injecte. On attendait donc le vaccin de Sanofi. Nous ne sommes pas médecins mais ce vaccin me semblait plus dans l’idée des vaccins comme nous les imaginons : maladie affaiblie ou morte, l’organisme produit des anticorps. Résultat, je ne vois pas comment, éthiquement parlant, je peux imposer à mes clients qu’ils soient vaccinés. Puis d’une autre part, nous n’avons pas le temps de contrôler les gens. Le soir du marché nocturne, il y avait 200 personnes sur la terrasse. On courait partout. C’est impossible à gérer en étant deux avec un salarié en plus. On ne peut pas embaucher quelqu’un simplement pour faire du contrôle de pass sanitaire. Toute cette situation est ingérable et incohérente. Pour le tabac, je ne dois pas demander le pass sanitaire. Mais pour le bar, oui. Résultat, nous devons jongler entre qui demande quoi et parfois s’adapter aux demandes qui évoluent de la part des clients. C’est une perte de temps. Fliquer les gens ce n’est pas notre métier. Notre problème avec cette mesure, c’est l’incohérence des mesures prises et les différences qui existent entre les lieux. Au final, on devient des instruments pour forcer à la vaccination. On n’a pas l’impression de vraiment servir à la stratégie sanitaire mais plutôt à servir de monnaie d’échange pour que les gens se fassent vacciner.

Quel avenir pour vous et votre établissement ? 

« Pour l’instant, on fonctionne comme cela. Le bar est mis en vente et nous avons déjà eu des personnes intéressées qui nous ont contactés. En attendant que l’établissement soit vendu, on va continuer à ouvrir. Je sais néanmoins ce que je risque à ne pas contrôler le pass sanitaire. C’est 1 500 euros d’amende et une mise en demeure pour le premier avertissement. S’il le faut, nous repasserons simplement sur de la vente à emporter pour régler le problème. On en a tellement marre que pour l’instant, on arrête sans même penser à la suite. Nous avons trois propositions pour le bar déjà. On va réfléchir et se poser pour savoir quoi faire ensuite. Nous avons un adolescent de 15 ans que l’on voit peu hormis l’hiver. Donc cela servira sans doute à la vie de famille dans un premier temps. C’est que le métier est un sacerdoce quasiment. En général, je suis au bar de 9 h 30 à minuit en pleine saison. Nous aimons cela mais avec toutes ces mesures, cela ne fait que compliquer le tout. »

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Les commentaires (1)
DynaMyte12 Il y a 2 années Le 15/08/2021 à 14:06

L histoire ne dit pas s ils vont rendre les aides perçues pendant le confinement…