Julie Caty, réalisatrice aveyronnaise primée

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Centre Presse

Originaire de la Creuse, Julie Caty a fait ses études à Paris, aux Arts décoratifs, spécialité Images imprimées. C’est par le biais de la musique expérimentale et de la sérigraphie, pour éditer des disques, qu’elle est venue à Villefranche-de-Rouergue travailler à l’atelier de sérigraphie Hors cadre.

Son ami Igor lui a présenté l’équipe du Guingois, restaurant associatif à Marcillac, en 2013. Séduite par les pierres rouges du Vallon, par un lieu associatif dynamique et atypique, par une équipe sympathique à laquelle elle s’est immédiatement intégrée, Julie Caty est venue s’installer en Aveyron quatre ans plus tard. Comme elle ne trouvait pas de location à Marcillac, elle a consulté des sites marchands tels que "Le bon coin" et a acheté une maison de vignerons qui domine Saint-Christophe : un véritable petit coin de paradis pour cette jeune femme passionnée et… passionnante !

L’univers du cinéma d’animation

Après ses études d’arts déco, Julie Caty part d’abord travailler avec une journaliste grand reporter pour vivre son envie d’aller vers le documentaire. Comme elle aime particulièrement la sérigraphie, elle monte ensuite un atelier : "Donner vie à mes images me trottait alors dans la tête. Après une formation autodidacte aux techniques de l’animation, j’ai commencé à écrire des films de manière spontanée. Plus j’avance dans ce métier, plus je pense qu’il s’agit d’un "art monde" : il y a tout dedans ! Images, narration et musique permettent de tout appréhender…" En 2017, sort "Eden", son premier film d’animation, de près de cinq minutes (4’50) avec l’histoire suivante : Adam et Ève s’ennuient au paradis, s’enfuient dans une grande ville, découvrent la joie de la consommation, surconsomment… et se prennent à rêver de l’Eden d’avant…

Son deuxième film, "Normal", d’une durée de onze minutes, a vu le jour en 2020. Après une période d’écriture et la recherche de financements qui a duré près de deux ans, le film a nécessité un an de fabrication. Produit par Sacrebleu Productions, prestigieuse maison de production parisienne, soutenu immédiatement par Arte, diffuseur qui s’est associé avant même la production, le film, étiqueté "real ecolo", est en ce moment en ligne sur le site de l’émission Court circuit d’Arte*. Suite logique d’"Eden", "Normal", à l’écriture assez pop, envahie d’images, développe un univers aguicheur : Dany, un type pourri gâté, caricature de ce que nous sommes tous dans les pays industrialisés, n’a qu’à claquer des doigts pour avoir ce qu’il veut : pour tromper son ennui, il finit par se droguer avec la "magic powder", poudre qu’il se fait livrer par Amazoom. L’enseigne lui livre un jour par erreur un livre de Karl Marx : détruire le capitalisme pour sauver le monde des hommes devient la quête d’un Dany qui se mue en super-héros. Avec son personnage au croisement entre Kim Kardashian, Paris Hilton et un Shadok, cette fable absurde dénonce, de péripétie en péripétie, le monde dans lequel on vit.

Des prix en Finlande, en Australie, en Espagne

En résonance avec l’actualité, le film est arrivé à un moment clé et remporte de nombreux prix depuis sa sortie. Si Julie Caty ne peut faire la promotion de son film, rencontrer son public et savourer son succès qu’au travers de contacts virtuels et des réseaux sociaux, elle peut être fière d’avoir déjà décroché de nombreux prix avec "Normal" : le prix du meilleur film d’animation du festival international de courts-métrages de Tampere, en Finlande, le prix de la meilleure animation au festival Flickerfest de Sydney, en Australie (la qualifiant pour les Oscars 2022 !), le premier prix du public au festival international de courts-métrages et films d’animation Mecal Pro de Barcelone… "C’est une surprise incroyable ! J’espère que je garderai cette fraîcheur", explique-t-elle.

Un ancrage artistique fort en Aveyron

Si Julie Caty travaille dans le monde de l’animation en distanciel, avec de courts séjours parisiens, elle s’investit également localement. Été 2020, invitée par le service culture de la mairie de Rodez via l’association Hors cadre, elle a eu carte blanche pour une fresque de 7mx3m à peindre dans le jardin public, en tant qu’artiste et animatrice.

"Faire pousser des forêts", projet pédagogique mené avec l’école François-Mitterrand de Bourran durant cette année scolaire, a abouti à la création d’un court-métrage de près de deux minutes (1’30), qui développe un univers coloré, gai et revigorant ! Il vient d’être mis en ligne sur Youtube.

Nombreux sont les projets pédagogiques pour l’avenir, et une exposition à la galerie ruthénoise Sainte-Catherine (relatant l’expérience de l’atelier et montrant son travail sérigraphique) est programmée pour 2022.

La tête pleine de projets, enthousiaste et pleine de vie, ravie d’avoir pu vivre cette année si particulière de confinement en Aveyron, Julie Caty envisage l’écriture de courts-métrages. Elle est également engagée en tant que graphiste et réalisatrice d’animation pour une série documentaire portant sur le thème des instruments de musique, et s’investit dans la réalisation d’une série de 5 épisodes de 26 minutes qui aborde l’histoire de l’alimentation. Autant dire qu’elle ne s’ennuie pas !

Elle prouve qu’il est possible de vivre en Aveyron, dans un petit hameau perdu dans la campagne, tout en ayant un rayonnement international. Une artiste à découvrir.

 

*www.arte.tv/fr/videos/089936-000-A/normal/

**www.youtube.com/watch

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