Millau. Aveyron : sidération, colère et défiance au menu de la rentrée pour le syndicat d'enseignants
Julie Bernat-Sandragné, secrétaire de la FSU en Aveyron, est inquiète avant la rentrée.
Dans quel état d’esprit sont les enseignants aveyronnais avant la rentrée ?
Nous sommes dans un état de sidération, de colère et de défiance par rapport à la gestion de la crise sanitaire. Nous refaisons une rentrée sous Covid mais, cette année, avec le variant Delta. Le taux d’incidence est cinq fois supérieur à celui de septembre 2020. Une enquête de la FSU montre que 71 % des enseignants sont déçus de la gestion de cette crise. Nous avons de nombreuses interrogations, notamment concernant le brassage, la cantine, ou encore l’isolement des élèves non vaccinés, dans le secondaire, s’il y a un cas positif dans leur classe.
Quel est la position de la FSU concernant la vaccination ?
Nous demandons la vaccination du personnel depuis l’année dernière. Nous avions également demandé énormément de tests, qui sont arrivés très tardivement. Nous pensons que plus nous testerons et plus l’école restera ouverte. Et moins nous écarterons d’élèves. Nous demandons aussi des moyens : des aérateurs, des purificateurs d’air… Nous n’avons pas encore de réponses claires. Nous sommes inquiets.
Quelles sont les nouveautés annoncées ?
Le ministre a réformé la formation initiale des enseignants. Certains étudiants en Master 1 auront un tiers-temps, en classe, sous forme de contractualisation, sans avoir passé le concours. Nous en aurons 17 en Aveyron. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour les directeurs car, s’ils n’ont jamais été en poste, ils auront des questions, des besoins. Il faudra les encadrer. Ils devront travailler leur concours et assurer la classe. Nous, nous poussons pour le concours en Licence 3, suivi de la formation et, enfin, du terrain.
Il y aura aussi des changements chez les directeurs…
Dans le premier degré, il y aura effectivement la création d’une autorité fonctionnelle. C’est une hiérarchie supplémentaire. Le directeur, déchargé complètement, comme à Saint-Affrique, sans aucune classe et qui ne s’occupe que des tâches administratives, aura un statut spécifique, avec une grille de rémunération différente. Pour nous, la ligne rouge est franchie. Le directeur, que nous voyons comme notre pair, pourrait avoir une voix prépondérante au conseil d’école et avoir la possibilité de participer aux entretiens de carrière.
Votre profession semble toujours en souffrance…
Je compare l’école aux hôpitaux, qui tirent la sonnette d’alarme depuis vingt ans. Nous avons des collègues qui craquent complètement.
À Cornus, une enseignante, qui pourtant avait eu son concours, a demandé une rupture conventionnelle au bout de dix jours. Nous avons de plus en plus de professeurs qui nous disent qu’ils veulent partir.
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