Aveyron : la chasse cultive l’ouverture permanente sur l’environnement

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  • Jean-Pierre Authier, président et Nicolas Cayssiols, directeur, aux côtés de l’équipe  de la fédération.
    Jean-Pierre Authier, président et Nicolas Cayssiols, directeur, aux côtés de l’équipe de la fédération. C.C. - Christophe Cathala
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Christophe Cathala

C’est le grand retour dans la nature dimanche pour les 10 400 chasseurs aveyronnais. Au-delà de cette ouverture, leur fédération départementale entretient sans relâche le dialogue avec la société, des scolaires aux agriculteurs.

Dès ce dimanche 12 septembre, et jusqu’au 31 janvier (28 février pour le gros gibier), la chasse reprend ses droits en Aveyron. Là où ses détracteurs ne verront que le plaisir de quelques-uns à manier les armes, la fédération départementale préfère mettre en lumière l’incessant travail de gestion de la faune sauvage, de défense de l’équilibre des territoires et d’éducation à l’environnement.

Le poids des dégâts

Cela fait longtemps que les chasseurs enchaînent les efforts de régulation et de réintroduction du gibier, quel qu’il soit, pour parfaire chaque année un peu plus cette préservation de la nature. Certes, ce sont bien 14 000 sangliers (dont la prolifération est exponentielle) qui ont été tués la saison passée. Mais ce constat doit être mis en regard des dégâts considérables qu’ils causent aux cultures agricoles, quand ils ne viennent pas carrément dans les villes pour se nourrir. Et c’est avec les cotisations de ses adhérents que la fédération des chasseurs paye le coût de ces dégâts : 133 740 € en 358 dossiers d’indemnisation pour la seule saison 2020-2021. Un chiffre en baisse, lié précisément aux efforts des chasseurs en termes de régulation "En trois ans, le montant de ces indemnisations a été divisé par 2,8 et l’Aveyron est le département qui a le mieux réussi en la matière sur l’Occitanie, se réjouit Jean-Pierre Authier, président départemental de la fédération. Les chasseurs ont eu beaucoup de pression sur les épaules en ce qui concerne les sangliers, les résultats sont là, qu’ils en soient remerciés. Et c’est aussi le fruit de beaucoup de travail de terrain avec un dialogue plus direct et plus sincère ouvert avec les agriculteurs. Eux comme nous ont bien pris conscience des efforts à faire". Et sur ce point, l’Aveyron s’en sort bien car "d’autres départements du Sud-Ouest sont en cessation de paiements et ne peuvent plus payer les dégâts. Et le phénomène va s’amplifier et concerner d’autres départements", relève Jean-Pierre Authier.

Nuisibles sous surveillance

Le sanglier n’est plus désormais la seule cible : corvidés (corneilles, choucas et leurs semblables) mais aussi blaireaux causent eux aussi de gros dégâts aux cultures, semis de maïs en tête. Là, difficile de chasser : le blaireau est un animal nocturne qu’il n’est pas possible de piéger. Il en va de même des renards, martres et autres fouines qui s’attaquent de plus en plus souvent aux volailles et musardent même en ville. Classés "espèces susceptibles d’occasionner des dégâts" (ESOD), ces animaux ne peuvent être chassés que sur justification des dégâts qu’ils occasionnent. "On lance des enquêtes auprès des agriculteurs pour qu’ils nous fassent remonter leurs dossiers…", explique Jean-Pierre Authier.

Perdrix bienvenue et lièvre sauvé

Gérer l’espace faunistique ne se résume pas à détruire, même si les régulations sont nécessaires. La fédération des chasseurs s’emploie aussi à construire en réintroduisant des espèces qui ont disparu ou presque du territoire. C’est le cas de la perdrix rouge qui fait l’objet d’un gros projet de réimplantation sur le Causse comtal, conduit avec l’Office français de la biodiversité. Il est en de même d’un projet de réflexion de la réintroduction de perdreaux de montagne sur l’Aubrac.

Et, toujours au chapitre de la gestion des populations de gibier, relevons que le lièvre ne refait son apparition en Aveyron, de façon conséquente, que grâce à un travail de fond en amont visant depuis plusieurs années à limiter son prélèvement. Là encore, les efforts se sont avérés payants.

En chiffres

10 400 chasseurs ont pris leur permis cette année. Leur nombre diminue de 2 % chaque année. Près de la moitié d’entre eux (49,56 %) prend un permis national.

196 chasseurs ont passé leur premier examen du permis cette année. C’est plus que l’an passé.

10 % de chasseurs sont des femmes. Elles sont 39 cette année contre 18 en 2020.

14 000 sangliers ont été tués la saison dernière.

133 740 € tel est le montant généré par les 358 dossiers d’indemnisation liés aux dégâts du gibier, sangliers pour l’essentiel. Ce montant, payé par les chasseurs via leur fédération, est en baisse constante.

1 000 élèves de 35 écoles aveyronnaises ont visité le sentier ludo-pédagogique de la Gachoune depuis sa création il y a deux ans.

Que chasser ?

La fédération départementale se joindra aux manifestions régionales prévues en France le 18 septembre. Ils seront ainsi quelque 150 chasseurs aveyronnais à défiler dans les rues, à Mont-de-Marsan (pour la zone sud) afin de protester contre la décision du Conseil d’État d’interdire les chasses traditionnelles. "C’est un vrai sujet d’inquiétude, insiste le président Authier. La vénerie aussi est attaquée et derrière elle la chasse aux chiens courants, que l’on pratique aussi en Aveyron".
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