Pour Jérôme et Stéphane Bernatas, le raisin, le fruit de leur passion

A l’instar de Sébastien Galtier, ils ont, eux aussi, eu une première vie avant de "prendre un virage professionnel à 360°". Ils ont même frappé encore plus fort que l’ancien rugbyman pro aveyronnais puisque les bougies des quarante ans étaient bien éteintes quand ils ont ainsi franchi le (grand) pas... Peut-être la crise de la quarantaine à retardement ? Va savoir !

En tout cas, après avoir mené chacun de leur côté leur carrière dans le journalisme , notamment au "Parisien" dans la capitale, et la distribution de journaux et de magazines à Rodez, Jérôme et Stéphane Bernatas, âgés, respectivement, aujourd’hui de 47 et 51 ans, ont uni leurs forces pour créer un domaine auquel ils ont donné tout simplement leur nom de famille. Si l’aîné a passé plus de trois décennies en Aveyron, pour ses études et pour son travail (associé à son père), le cadet a couru le monde pour nourrir les colonnes du quotidien dont il était salarié.

Quand ils ont décidé de jeter l’ancre, ou plutôt le bouchon, ils ont choisi de chercher au plus près d’autres racines familiales puisqu’ils sont nés à Lavelanet, en Ariège. Après diverses péripéties, du côté de Perpignan, ils sont devenus propriétaires le 28 décembre 2018 de 6,5 hectares dans l’Aude. Les vignes du Domaine Bernatas s’étendent sur trois communes : La Digne-d’Amont, Castelreng et Magrie, à proximité de Limoux. Les parcelles se situent à des altitudes comprises entre 250 et 410 mètres, sur l’appellation d’origine contrôlée (AOC) limoux en blanc. Les trois cépages blancs implantés (chenin, mauzac et chardonnay) représentent d’ailleurs deux tiers de l’encépagement. Le troisième tiers est du rouge pour lequel les deux frères, très polyvalents, même si Jérôme est davantage spécialisé dans la vigne et la cave, tandis que Stéphane maîtrise le commercial et l’administratif, cultivent merlot, cabernet sauvignon et aramon.

"Le travail à la vigne, comme au chai, proscrit les intrants chimiques et prend en compte le calendrier lunaire, insistent, en chœur, les Bernatas. Le but ? Obtenir des vins vivants et équilibrés qui révèlent la richesse des sols argilo-calcaires limouxins. Nos vins expriment la délicatesse et la fraîcheur de ce magnifique terroir, qui s’étire sur les contreforts des Pyrénées".

Servis dans des restaurants étoilés

Alors que Jean Cancian, celui à qui ils ont acheté les vignes, amené tout le raisin à la coopérative, les nouveaux propriétaires, qui attaquent demain leur troisième récolte, ont décidé d’avoir leur propre vinification. Ils ont ainsi sorti l’année dernière près de 20 000 bouteilles. Leur gamme compte six cuvées : quatre blancs et deux rouges. Elles peuvent être dégustées en Occitanie mais, plus largement, dans le grand Sud-Ouest. Dans des restaurants, dont une dizaine d’étoilés au Guide Michelin de la région (Le Moulin de Cambelong, chez Hervé Busset, à Conques), et chez des cavistes.

Jérôme et Stéphane Bernatas détaillent : "La majorité d’entre eux partagent comme nous la culture bio, le respect de la nature et du consommateur. La volonté affichée est de boire quelque chose de sain". Les deux frangins exportent également en Belgique et en Suisse, et ils ont plusieurs agents en Bretagne, à Paris,  à Lyon. "Nous commençons aussi à avoir quelques retombées dans la presse spécialisée, bien utiles pour nous faire connaître", se réjouissent-ils. C’est ainsi que La Petite Cordillère a été saluée par la Revue du Vin de France. Cette même cuvée et l’Outreblanc (un clin d’œil à Pierre Soulages !) figureront dans l’édition 2022 du Guide Hachette des vins.