Rodez : un million de visiteurs au musée Soulages !

Quand on parle de million en évoquant Pierre Soulages, c’est généralement en rapport avec les sommes, parfois affolantes, auxquelles sont adjugés ses tableaux. Mais cette fois-ci, le million prend une tout autre dimension. Depuis mai 2014, soit un peu plus de sept ans, le musée Soulages, à Rodez, a accueilli un million de visiteurs. Soit près de 150 000 visiteurs par an… Un évènement.

Il faut se souvenir le peu de crédit qui était accordé à ce musée lorsque l’idée de le construire a émergé.. Les polémiques qui ont accompagné la décision de construire ce musée. A Centre Presse également, et l’on se plaît à nous le resservir régulièrement, un sondage en 2009 mettait en avant la perplexité des Ruthénois face à la réalisation d’un musée coûtant plusieurs millions, dédié à un artiste, certes ruthénois, mais peu ou mal connu. Associé à cette image de l’accueil glacial des nouveaux vitraux de l’abbatiale de Conques, inauguré en 1994. Ce sondage n’était que le reflet du sentiment qui animait la population.

La détermination de l’ancien maire Marc Censi, le premier à avoir eu, lui, ce sentiment que Rodez ne devait pas passer à côté d’un musée Pierre Soulages, et la volonté des municipalités successives de tout mettre en œuvre pour le faire rayonner, la générosité de l’artiste et son épouse, qui ont effectué trois donations au musée (2005, 2012, 2020), le travail incroyable de Benoît Decron, qui avec son bâton de pèlerin est aller expliquer Soulages aux Aveyronnais ont posé les jalons de cette réussite.

Aujourd’hui, c’est une évidence que le musée Soulages a non seulement transformé le site du jardin public, mais également la ville et a donné une nouvelle impulsion à la vie sociale et économique de tout un territoire.

En accueillant aux côtés des œuvres d’un artiste qui figure aujourd’hui parmi les plus côtés de son vivant, des expositions telles que celles consacrées à Klein, Picasso, Calder, Le Corbusier, Soto, le musée a rayonné au-delà de l’outrenoir.

Puis, il y a comme un alignement d’étoiles au-dessus de cette architecture faite d’acier Corten.

Il y a tout d’abord la longévité de Pierre Soulages, qui a fêté ses cent ans en 2019, et qui forme avec Colette Soulages un couple hors-norme. Il y a ces architectes, les catalans Rafael Aranda, Carme Pigem et Ramon Vilalta qui ont reçu le prix Pritzker, sorte de prix Nobel de l’architecture, en 2017, soit trois ans après une inauguration mémorable, le 30 mai 2014, avec le président de la République François Hollande aux côtés de Pierre Soulages. Un deuxième président de la République en exercice, Emmanuel Macron, a également visité le musée, en septembre 2019. Année au cours de laquelle, le maître de l’outrenoir a eu droit aux honneurs du Louvre pour son centenaire.

Puis, avec l’ouverture de ce musée a coïncidé une montée en flèche de la côte du peintre ruthénois. En 2018, une œuvre a été adjugée à 9, 2 millions d’euros à New-York. En 2019, un outrenoir a été vendu 9, 6 millions d’euros.

En 2019, dans le classement de la fréquentation des sites français de patrimoine, dominés par le musée du Louvre, le musée d’Orsay et le centre Pompidou, le musée Soulages était classé à 49e position, avec 136 000 visiteurs, soulignant une fréquentation croissante du musée.

Tout était donc réuni pour que le musée accueille assez rapidement son millionième visiteur. Ce qu’il a donc fait ce matin, "sans tambour ni trompette". Et si ce qui fait la véritable valeur d’une œuvre d’art restera toujours sujet à discussion, ce million de visiteurs au musée Soulages, lui, vaut bien des discours.

Retrouvez dans notre édition de samedi 11 septembre, une double page consacrée à ces sept années à succès du musée Soulages.