Rodez : le musée Soulages prend une nouvelle dimension

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  • Le président de la République François Hollande était l’invité d’honneur de l’exposition inaugurale.
    Le président de la République François Hollande était l’invité d’honneur de l’exposition inaugurale. José A. Torres
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Propos recueillis par Philippe Henry

Dans la matinée de ce vendredi 10 septembre, était accueilli le millionième visiteur (deux personnes venues de l’Isère et une Ruthénoise) du musée dédié à l’œuvre de Pierre Soulages. Sept ans après son ouverture. Benoît Decron, le directeur, revient pour l’occasion sur la riche histoire de l’établissement.

Pouvez-vous revenir sur la genèse du musée Soulages ?
J’étais intéressé pour mener ce projet de A à Z. Le construire, sélectionner les collections, préparer le contenu scientifique et intellectuel, monter un service, etc.
Cela fait douze ans que je suis là, depuis avril 2009. Auparavant, j’avais travaillé sur des projets d’expositions pour des musées monographiques. À Rodez, ce n’était pas le cas et j’avais l’occasion de travailler avec un artiste en activité. Ce fut passionnant. Passionnant de travailler avec Pierre et Colette Soulages, Pierre Encrevé, et tous les partenaires qui sont les nôtres aujourd’hui.

Pourtant, à l’origine, certains se sont montrés septiques à l’idée d’un musée Soulages à Rodez.
Quand je suis arrivé ici j’avais tout à fait conscience qu’il y avait des reculades, des résistances. Autant dans la population que chez un certain nombre d’élus. Mais je ne souhaite pas m’arrêter là-dessus, je ne fais pas de politique. Je suis avant tout un professionnel. On m’a demandé de monter un musée, j’ai monté le musée. J’ai toujours gardé le moral. Quand la mission est haute, tout le reste n’a que peu d’importance.

Justement, qu’avez-vous mis en place pour atteindre vos objectifs ?
Entre 2009 et 2014, j’ai dû faire une bonne cinquantaine de conférences sur Pierre Soulages, sur son travail, sur le musée, partout en Aveyron. Des conférences dans des salles des fêtes, dans des restaurants, etc. Il y avait dix personnes, quarante et parfois plus. Les conservateurs de musée ont un rôle de présentation. Aussi, la première chose que j’ai faite en arrivant ici, en 2009, c’est de prendre mon bâton de pèlerin et d’aller voir tous les maires de l’agglomération.

Quel a été le rôle de Pierre Soulages dans l’édification de ce musée ?
Il a été porteur, il a donné des idées, il nous a conseillés sur des idées d’accrochages, sur le contenu. Il a été omniprésent. Pierre Soulages passait au moins trois ou quatre fois par an au musée. Avec les équipes du musée et celle de l’Agglomération, nous avons tout fait pour être au service de Pierre Soulages. Mais au fond, cela signifiait une chose : qu’allons-nous offrir au public ? Je suis très sensible à cela.

À ce propos, quelle a été votre ligne directrice concernant le public et la manière dont vous souhaitez s’adresser à lui ?
Je ne viens pas d’un milieu d’historien d’art, et j’ai toujours pensé qu’il était important d’apporter la culture à ceux qui n’en ont pas. Le musée s’adresse à tout le monde, à tous les publics. On a toujours fait le nécessaire pour offrir des visites à tout le monde. À ce jour, nous avons fait des centaines et des centaines de visites guidées. Pour moi, il est toujours beaucoup plus gratifiant de faire une visite pour quelqu’un qui n’y connaît rien, qui a des réserves et des résistances, que pour des gens qui s’y connaissent. Même si l’on doit toucher tout le monde.

Ce chiffre d’un million de visiteurs, que représente-t-il ?
Il s’agit d’un chiffre symbolique. Cela fait probablement longtemps que nous l’avons dépassé. Il s’agit simplement d’une étape. Les choses ont été présentées ainsi à Pierre et Colette Soulages. Ils étaient très heureux de cet évènement, très honorés.
Pour résumer, c’est une énorme satisfaction mais pas une fin en soi. Quand le musée a ouvert, des estimations disaient, qu’il y aurait autour de 40 000 visiteurs par an.
On a multiplié par trois ou quatre ce chiffre. Cela place notre musée à la hauteur des abattoirs à Toulouse, Toulouse-Lautrec à Albi et le musée Fabre à Montpellier. D’autant que le bassin de population n’est pas le même. On a pensé le musée pour tout le monde : les Aveyronnais, les visiteurs de la région, etc. Mais il faut voir avec beaucoup d’humilité cette fréquentation.

Ce chiffre n’est donc qu’une étape. Mais une étape vers quoi ?
Une étape vers le développement du musée, son agrandissement Il y a toujours des choses à faire : continuer à publier des catalogues, des guides, déposer des œuvres, préparer les expositions temporaires, etc. Tous les matins avec mon équipe, nous avons de nouveaux projets.

Quel est le rôle de votre équipe, de ceux qui vous entourent ?
Quand vous préparez une exposition temporaire, cela représente des mois de travail. Il faut aller chercher les œuvres, préparer des livres de 250 pages, en écrire les textes… Et vous faites cela trois ou quatre fois par an. C’est un travail difficile. Même les expositions permanentes font l’objet d’un labeur constant. Sans eux, rien ne serait possible. Nos partenaires sont également omniprésents : la ville de Rodez, le Département, la Région, l’Etat, réunis dans l’EPCC.

Comment expliquer ce succès ?
Il y a un peu de magie dans tout cela. Le musée Soulages est un beau et bon projet, une très belle architecture, qui a reçu le prix Pritzker, le fait de travailler avec un artiste en activité, un musée original avec une grande liberté à l’intérieur.

Le musée a aussi pris une place particulière dans la ville.
Ce musée est d’abord local, puis régional, national et enfin international. Je pense qu’il émarge sur toutes ces échelles. Je n’y pense pas encore, mais je veux que Soulages parte rassuré sur la bonne marche du musée. Ce musée est fait pour lui survivre et incarner son œuvre.

Les expos phares depuis 2014

2014 : ouverture du musée
Pour sa première année d’ouverture, le musée accueille 172 609 visiteurs du 31 mai au 31 décembre 2014.
L’exposition inaugurale (du 31 mai au 5 octobre 2014) « Outrenoir en Europe » rassemble 127 878 visiteurs.

2016 : De Soto à Picasso
L’exposition Soto, qui se tient du 12 décembre 2015 au 30 avril 2016 attire 42 128 visiteurs.
Du 11 juin au 25 septembre 2016, 90 655 personnes viennent admirer l’exposition Picasso.

2017 : L’autre géant
L’exposition Calder, programmée du 24 juin au 29 octobre 2017, rassemble 84 810 visiteurs.

2019 : de l’outrenoir au bleu Klein
L’exposition Klein (du 21 juin au 3 novembre 2019) rencontre un grand succès avec 86 700 visiteurs.  La fréquentation de 2019 est de 136 110 visiteurs.

Les années Covid
Fréquentation 2020 (sur 6 mois) : 87 838 visiteurs.
Fréquentation 2021 (du 19 mai au 1er septembre) : 58 060 visiteurs.

 

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