Dans "Tout s'est bien passé", Ozon filme le suicide assisté comme une preuve d'amour

  • "Tout s'est bien passé" de François Ozon sort mercredi au cinéma.
    "Tout s'est bien passé" de François Ozon sort mercredi au cinéma. Carole BETHUEL/Mandarin Production/Foz
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Relaxnews

(AFP) - Le portrait vibrant d'un père, André Dussollier, qui demande à sa fille, Sophie Marceau, de l'aider à mourir: François Ozon livre dans "Tout s'est bien passé" un drame doux-amer sur un sujet universel et toujours tabou, la fin de vie.

Neuf ans après la Palme d'Or à Michael Haneke pour "Amour", François Ozon livre, sur des questions proches, un drame dans un tout autre registre, profond mais parfois drôle, au rythme effréné.

Méconnaissable au début du film, le visage déformé (deux heures de maquillage chaque matin), sa chevelure argentée rasée de près, André Dussollier se fond dans les traits d'André Bernheim, un octogénaire, riche collectionneur d'art, victime d'un accident vasculaire cérébral.

Cloué dans un lit d'hôpital, mais avec toute sa tête, ce père de famille têtu, égoïste voire cruel, mais que l'acteur de 75 ans rend terriblement attachant, va demander à l'une de ses filles, Emmanuèle, incarnée par Sophie Marceau, de l'aider à se suicider. "Demander à sa fille de l'aider à mourir, c'est de l'amour ou de la perversité ?", demandera son époux à Emmanuèle Bernheim, alors que la requête de son père fait remonter des années de relation traumatique.

Car tout au long de sa vie, André Bernheim, personnage aux multiples facettes, n'a jamais épargné ses proches, expliquant à ses filles combien il les trouve "vilaines", abandonnant son épouse atteinte de Parkinson (Charlotte Rampling dans le film)... "C'est un mauvais père, mais je l'aime beaucoup, j'aurais aimé l'avoir comme ami", lâche sa fille.

- "Du côté de la vie" -

"Ce personnage de père est à la fois insupportable et très attachant, il a une force de caractère incroyable et l'amour de ses filles pour lui (...) Il aime tellement la vie qu'il veut mourir plutôt que d'être amoindri", a résumé François Ozon à l'AFP à Cannes, où le film était en compétition.

Finalement, Emmanuèle Bernheim et sa soeur (incarnée par Géraldine Pailhas) vont accepter d'organiser le suicide assisté du père, en contactant une association suisse, où cette démarche est légale.

Cinéaste très éclectique, Ozon oscille entre les registres, d'une scène d'hôpital où le père doit accepter qu'on lui fasse sa toilette, à une autre, limite burlesque, où le fauteuil roulant refuse de rentrer dans l'ascenseur, voire frôle avec le polar, lorsqu'il faut se cacher de la police française, qui pourrait faire capoter le dernier voyage vers les rives du Lac Léman...

"Il fallait faire le film du côté de la vie, il fallait un rythme, mettre en avant le comique des situations. Je ne voulais pas être plombé par le sujet", explique le réalisateur. "On n'est pas dans le pathos, ça doit être la couleur de François Ozon qui ne veut pas faire pleurer à bon marché. Ce mélange entre le drame qu'ils sont en train de vivre et le comique, c'est ça la vie", poursuit André Dussollier.

Pour Ozon, ce projet revêt un caractère particulier: Emmanuèle Bernheim est un personnage réel, une proche, romancière et scénariste, qui a collaboré avec lui sur plusieurs de ses films, dont "Swimming Pool" et "Sous le Sable". Elle a raconté cette histoire dans un livre, mais est décédée d'un cancer avant de pouvoir voir le projet adapté sur grand écran.

Ce n'est qu'après sa mort que François Ozon a surmonté la "peur" que lui inspirait le sujet.

Ce long-métrage de l'un des cinéastes français les plus prolifiques - une vingtaine de films en autant d'années,- est aussi l'occasion pour l'auteur de "8 Femmes" (avec Catherine Deneuve, Isabelle Huppert, Emmanuelle Béart...), de tourner enfin avec Sophie Marceau, ce qu'il ambitionnait de faire "depuis longtemps", raconte-t-il: "Sophie est une fille belle, rayonnante, aimée du public, on allait la suivre et être avec elle".

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