Aveyron : Julien Denormandie, une visite sous applaudissements
Pour sa première visite dans l’Aveyron ce vendredi 24 septembre, le ministre de l’Agriculture a séduit les représentants du monde agricole du département.
En clôturant le congrès national de l’incontournable FNSEA, jeudi à Niort, Julien Denormandie avait déjà parfaitement entamé son opération séduction auprès du monde agricole avec un message très clair : "Nous sommes sur la même ligne." En Aveyron, où l’agriculture est reine, sa première visite officielle était attendue depuis des mois. Et on a bien cru qu’elle ne trouverait pas de fin, hier soir, sur l’exploitation laitière de Séverine Barrau, à Luc, malgré les nombreuses remontrances de son équipe : "Monsieur le ministre, on va louper l’avion."
Car dans un style tout en distance et pas vraiment "chiraquien", Julien Denormandie est parvenu à séduire son auditoire. Jusqu’à partir sous les applaudissements et les bras chargés de cadeaux : ouvrage sur le veau du Ségala, du roquefort, des produits "Mont Lait", l’incontournable couteau laguiole gravé à son nom… "Il vous servira pour aller au ministère de l’Environnement ", s’est amusé à lui glisser Jacques Molières, président de la chambre d’agriculture, avant de saluer " un homme qui connaît très bien les dossiers ".
"Les relations à trois, ça se finit toujours mal…"
Celui de la politique agricole commune et plus largement celui du revenu a longtemps occupé les débats de la table ronde. Face à toutes ces interrogations, le ministre a notamment insisté sur la loi dite Egalim 2, adoptée en juin dernier par l’Assemblée nationale. Particulièrement technique, elle doit avant tout s’attaquer au problème de cette rémunération insuffisante des agriculteurs. "Aujourd’hui, on est dans une relation à trois entre l’agriculteur, l’industriel et la grande distribution. Et les relations à trois, on sait que ça se finit toujours mal dans la vie. Il y a toujours un perdant et dans notre cas, c’est l’agriculteur. Cette loi viendra réguler tout cela, lorsqu’un agriculteur et un industriel se mettront d’accord sur un prix, la grande distribution ne pourra plus le discuter. Le prix ne peut plus varier tous les ans. On va le figer, on ne veut plus de cette guerre des prix et des comportements inacceptables de certains", a rappelé Julien Denormandie, souhaitant miser "sur la qualité" et "une production de terroir".
Le Nutri-score toujours en débat
De cette production néanmoins, un sujet a agité les débats : le Nutri-score et les notes peu flatteuses attribuées au roquefort par exemple. " Ça peut avoir des conséquences très fortes sur la filière car, plus que français, c’est un sujet européen. Comment aujourd’hui peut-on dire aux gens de manger des produits laitiers et noter " E " notre AOP ? Mieux vaut des produits transformés qui sont notés " A " ou " B " ? ", s’est interrogé Jérôme Faramond, producteur et président la Confédération générale de roquefort. " Je suis conscient de tout cela. Le Nutri-score et son algorithme ne prennent pas en compte la réalité de consommation. Il est fondé sur des volumes, pas sur une consommation réelle. On travaille sur ce sujet avec plusieurs alliés, comme l’Espagne et l’Italie, pour que des marques de notre territoire n’en pâtissent pas s’il est généralisé. Mais il ne faut pas oublier que les consommateurs réclament aujourd’hui cette transparence et que ce Nutri-score est basé sur une valeur nutritionnelle, pas seulement de qualité. "
Certains diront qu’il s’agit d’une réponse de Normand. Mais les agriculteurs aveyronnais n’attendaient pas d’engagements forts. Juste une écoute. "On a semé et une bonne récolte, ça commence par là", sourit Laurent Saint-Affre, président de la FDSEA. "C’est face au mur qu’on voit un bon maçon", prévient néanmoins Jacques Molières. "J’espère que vous avez compris que les gens ici ont la passion de leur métier et de l’agriculture !", a-t-il conclu, invitant le ministre à revenir au printemps prochain pour "faire le bilan". "Le printemps, c’est avant avril 2022 ou après pour vous ?", lui a répondu, tout sourire, Julien Denormandie. Il a promis "de faire tout son possible" durant les six derniers mois de la mandature. L’opération séduction, elle, a déjà fonctionné dans l’Aveyron.
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