Contraception : la pilule passe de moins en moins chez les femmes
Depuis dix ans, les ventes de pilules ont diminué de 30 % selon les nouveaux chiffres de l'Agence nationale de sécurité du médicament. Ce dimanche 26 septembre, journée mondiale de la contraception, montre l’évolution des usages.
Moins d'hormones, plus de "naturel" ? Ces dernières années, les habitudes contraceptives de Françaises ont évolué, comme le montre une récente étude menée par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
La pilule de moins en moins utilisées
D'après les chiffres de l'ANSM, les ventes de pilules ont diminué de 30% en dix ans. Toutes les pilules ne sont cependant pas délaissées de la même manière. "Les données de vente confirment que les femmes et les prescripteurs plébiscitent les pilules qui présentent le moins de risque thrombo-emboliques", nous indique Isabelle Yoldjian, directrice médicament en gynécologie à l'ANSM.
Ainsi, outre la baisse globale de l'utilisation des pilules, "il y a un report des pilules de 3e et de 4e génération vers des pilules de 1e et de 2e génération", poursuit-elle, c’est-à-dire vers des médicaments qui présentent moins de risques de thromboses. Précisément, 86% des femmes sous pilules utilisent des comprimés de 1e ou 2e génération, et seulement 14% des comprimés de 3e ou 4e génération. "C'est un changement durable, c'est très positif", estime Isabelle Yoldjian.
Cette baisse est à attribuer notamment au scandale des pilules de 3e et 4e génération, survenu en 2012, qui avait poussé de nombreuses femmes à changer de méthode contraceptive et à se détourner de ces comprimés accusés d'augmenter les risques de thromboses. L'Assurance maladie a par ailleurs prononcé le déremboursement de ces pilules en 2013.
D'autres techniques de contraception accusent des chutes des ventes encore plus importantes, comme le patch ou l'anneau vaginal. Deux contraceptions dont les ventes ont été diminuées par deux en dix ans. "Ce sont des médicaments à imprégnation hormonale, deux méthodes qui comportent des progestatifs associés à un sur-risque d'embolie veineuse", précise Isabelle Yoldjian. De quoi expliquer, au moins en partie, cette baisse notable.
Les stérilets ont la cote
À l’inverse, les dispositifs intra-utérins (DIU) en cuivre ont la cote : en dix ans, leurs ventes ont été multipliées par deux. Aussi appelés stérilets en cuivre - bien qu'ils ne rendent absolument pas stériles -, ils ne diffusent aucune hormone : l'effet contraceptif n'est apporté que par le fil de cuivre qui l'entoure. La vente de stérilets à hormones, en revanche, n'a pas connu d'évolution notable.
En 2020, ces deux dispositifs combinés représentaient 800.000 ventes.
Les utilisatrices de pilules ou autres patchs et anneaux vaginaux se sont-elles détournées de ces méthodes contraceptives pour leur préférer les stérilets en cuivre ?
Mais avec les seuls chiffres de ventes à disposition l'ANSM, ce report "au moins partiel reste difficile à quantifier", nuance la spécialiste.
Des données qui confirment les habitudes contraceptives des Françaises
Selon l'ANSM, les chiffres de vente des contraceptifs féminins rejoignent les conclusions du Baromètre 2016 de Santé publique France. Plus récente étude concernant les méthodes contraceptives privilégiées par les Françaises, ce baromètre avait mis en évidence un report de l'utilisation de la pilule vers d'autres dispositifs entre 2010 et 2016.
Ainsi, la part de femmes de 15 à 49 ans utilisant la pilule est passée de 40,8% à 33,2% entre 2010 et 2016 (contre 60% au début des années 2000). Sur cette même période, le nombre de Françaises utilisant des dispositifs intra-utérins a augmenté de 18,7% à 25,6%. Le nombre de femmes avec un implant contraceptif est quant à lui passé de 2,4% à 4,3%.
Même si de nettes variations sont observables en fonction de l'âge, les données de 2016 montrent que la pilule est encore la méthode contraceptive la plus utilisée en France, devant le stérilet, le préservatif et l'implant. Les autres types de contraceptions (patch, diaphragme, anneaux, méthodes dites "naturelles") restaient marginaux.
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