Mur-de-Barrez va retrouver enfin sa Grand’rue

Abonnés
  • Pierre Ignace, maire de Mur- de-Barrez, présente les phases de travaux et les esquisses du projet de halle au cœur de la cité.
    Pierre Ignace, maire de Mur- de-Barrez, présente les phases de travaux et les esquisses du projet de halle au cœur de la cité.
Publié le
Olivier Courtil

Près de 12 ans d’attente après le risque d’effondrement de la maison Kaspers, les travaux débutent ce jour pour tourner la page au cœur de la cité médiévale.

Pierre Ignace n’était alors qu’un adolescent du Carladez au moment où la maison Kaspers a fait plus que vaciller en novembre 2009, mettant en péril, la Grand’rue de Mur-de-Barrez. Aujourd’hui âgé de 25 ans et devenu maire de la cité médiévale, Pierre Ignace est heureux, c’est un euphémisme (et il n’est le seul !), d’annoncer les travaux de démolition ce lundi 27 septembre 2021. Une date à marquer d’une pierre blanche après tant d’années noires. Une procédure "très lourde" rappelle l’édile, longue et compliquée avec l’éloignement des propriétaires américains, des démarches administratives, juridiques et financières inédites. Un imbroglio qui a donné le cœur gros aux élus et habitants de la Grand’rue qui n’avait plus que le nom et de la cité de quelque 800 âmes. Le chef-lieu du Carladez s’apprête enfin à retrouver des couleurs dans son artère principale, sachant que ladite maison Kaspers, transversale, impactait aussi la rue de l’Église. Remontant au Moyen Âge, c’est tout l’ensemble de l’édifice qui menaçait.

Un Noël sans échafaudages

Une page se tourne, donc. Les travaux de démontage débutent pour deux mois. Démontage et non démolition car les charpentes notamment, serviront pour le colombage vitré dans le cadre du projet de reconstruction en halle. "Il n’y aura plus d’échafaudages pour les fêtes de fin d’année et le tunnel de protection sera démonté", précise Pierre Ignace, offrant ainsi une respiration à la Grand’rue qui, derrière la tour de Monaco, attend de retrouver son lustre. Un lustre dont cette respiration justement s’accompagne d’un souffle nouveau. La maison abandonnée laissera place à une halle dite Fournier du nom de la famille qui a octroyé un legs, pour devenir un espace public. Celui-ci permettra d’organiser des événementiels comme des concerts ou petits marchés couvert, et servira aussi de vitrine au tourisme pour vanter le bourg médiéval méconnu qui aurait dû être classé Plus Beaux Villages de France. Désormais les planètes semblent s’aligner pour retrouver sa dignité, et plus encore, sa gaieté.

Opération SOS Village

Une nécessité pour Mur-de-Barrez car la vie commerçante prévoit l’arrêt de deux boulangers, fleuriste et boucher. Face à cette autre hécatombe, la lumière vient justement de la première. Deux associés ayant des affaires notamment sur la capitale, ont d’ores et déjà annoncé la reprise du café actuel "Le Monaco" dont le propriétaire part aussi à la retraite, pour en faire une brasserie, rachetant les deux maisons mitoyennes à la future halle. Cela ne se fera pas avant la fin des travaux étalés sur les deux phases de démontage et de construction évaluées à plus d’un million d’euros, soit à l’horizon 2023, mais la commune a su s’armer de patience pendant plus d’une décennie. Une rencontre est prévue à la mi-octobre avec la Chambre de commerce et d’industrie (CCI), la municipalité et les commerçants pour lancer "une opération SOS Village pour accompagner les cédants" résume Pierre Ignace. Et d’ajouter : "Cette halle rendra le cadre plus attractif avec l’espoir d’attirer une nouvelle génération. Nous devons nous différencier avec les services et le cadre de vie." Cela est en cours aussi avec le projet de l’hôtel Mandilhac pour les services, la rénovation à la maison de retraite ou encore à la maison de santé qui vient enfin d’accueillir un dentiste. Histoire de ne plus avoir le blues.

Repères

2007, achat de la maison au 4 de la Grand’rue par une ressortissante américaine nommée Kaspers Scott.

3 novembre 2009, la maison menace de s’effondrer pour cause d’infiltration d’eau. La maison est sécurisée, la circulation interdite, les commerçants envisagent de monter une association.

Janvier 2010, la propriétaire annonce des travaux pour ouvrir gîtes ou chambres d’hôtes.

3 novembre 2012, trois ans après, le maire se désespère. Comme un château de cartes au cœur de la cité médiévale, quatre autres maisons sont en péril.

Juillet 2020, réunion de concertation au sujet de la maison Kaspers.

2016, mise en place d’échafaudages des deux côtés de la maison, Grand’rue et rue de l’Église.

27 septembre 2021, début du démontage de la maison pour 300 000 € hors taxe. Phase 1 du chantier.

Octobre 2021, sollicitation auprès du procureur de la République pour lancer procédure d’abandon manifeste entre 3 à 6 mois et permettre à la municipalité de devenir propriétaire.

Automne 2022, lancement de la phase 2 qui prévoit la création de la Halle Fournier, nom de la famille qui a effectué un legs de 92 000 €.

800 000 € pour réaliser cet espace public bénéficiant d’aides du Département et de la communauté de communes du Nord-Aveyron.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?