Un tableau de l'ancien chef de la Gestapo de Rodez refait surface !

  • La toile signée de la main de Thor (Arthur) Fienemann achetée à Toulouse au printemps dernier.
    La toile signée de la main de Thor (Arthur) Fienemann achetée à Toulouse au printemps dernier. Repro CPA -
  • Un autoportrait d'Arthur Fienemann. Un autoportrait d'Arthur Fienemann.
    Un autoportrait d'Arthur Fienemann. Repro CPA
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Plusieurs peintures d’Arthur Fienemann, reconverti comme artiste peintre sous un pseudonyme dans les années 1960, sont encore en circulation sur les marchés d’art. L’une d’entre elles vient d’être retrouvée à Toulouse.

En mai dernier, l’historien ruthénois Jean-Michel Cosson reçoit un appel téléphonique auquel il ne s’attend pas du tout. À l’autre bout du fil, une habitante de Toulouse, amatrice d’art. Elle vient d’acquérir pour quelques centaines d’euros un tableau chez un antiquaire de sa ville. Il s’agit d’une reproduction en aquarelle d’une œuvre de l’artiste français Paul Louchet représentant un paysage alpin. La copie est signée « Thor Fienemann, 1951 ». En tapant ce nom sur la toile, la Toulousaine a des doutes : ne s’agit-il pas d’Arthur Fienemann, l’un des chefs de la Gestapo de Rodez durant la seconde guerre mondiale ? Pour Jean-Michel Cosson, cela ne fait pas de doute : c’est bien une toile de celui qu’on surnommait « la terreur de l’Aveyron » ou encore «  le grand Luc », en raison d’un de son nom d’emprunt «  Roger Luc » lors de l’Occupation.

« Lorsque je lui ai raconté l’histoire, elle était déconcertée et m'a répondu "je viens d'acheter un tableau d'un nazi !" », relate l’historien, qui avait déjà reçu un coup de fil similaire il y a quelques années, une nouvelle fois pour un tableau signé Fienemann et une nouvelle fois acheté chez un antiquaire toulousain ! L’histoire de Fienemann, il la connaît mieux que quiconque. Après avoir écrit plusieurs ouvrages sur cette période de Rodez sous l’Occupation, Jean-Michel Cosson a reconstitué au fil de témoignages la vie du tortionnaire de la rue Grandet, où la Gestapo possédait son QG.

Arthur Fienemann, alias Thor, redevient peintre

Né en 1904 en Westphalie, Arthur Fienemann se passionne rapidement pour l'art et rejoint Paris pour ses études. Il y commence une carrière d'artiste-peintre et d'acteur de cinéma, parvenant même à jouer un rôle dans un film français. Dans les années 1930, il rejoint le nazisme. Sa maîtrise de la langue de Molière lui ouvre les portes de la police secrète du IIIe Reich. C'est d'ailleurs comme traducteur qu'il se présente lorsqu'il arrive à l'automne 1943 dans la préfecture de l'Aveyron. Il y restera jusqu'au 18 août 1944, lendemain du tristement célèbre massacre de Sainte-Radegonde où furent assassinés 30 résistants. Fienemann, connu pour sa brutalité lors de ses interrogatoires, était l'un des instigateurs de la fusillade. Plus tard, ses supérieurs diront de lui qu'il était un "être diabolique, capable de tout".

Lui a toujours minimisé son implication dans les agissements de la Gestapo de Rodez. Il l'a notamment fait, du haut de son mètre 83 et de son regard glaçant, lors de son procès à Toulouse en 1951. Condamné pour "tortures", "séquestrations", "déportations" ou encore "complicité d'assassinats" à vingt ans de prison, Fienemann en sortira finalement trois ans plus tard, à la faveur de plusieurs remises de peines, sous couvert de la nouvelle amitié franco-allemande. 

Après plusieurs voyages en Asie, il retrouve l'Allemagne dans les années 1960. Il s'appelle désormais Thor Fienemann et non plus Arthur. Aussi surprenant que cela puisse paraître, personne ne découvre son passé ou bien ne le révèle. Redevenu peintre, Fienemann connaîtra même son petit succès, avec plusieurs coupures de presse consacrant ses œuvres. Depuis son décès en 1982, plusieurs de ses toiles circulent. Sur internet, certains catalogues le présentent même aux côtés d'auteurs classiques. Sa peinture retrouvée à Toulouse serait datée de 1951. "Il a dû la peindre lorsqu'il était emprisonné et l'a laissée en France avant de revenir en Allemagne et passer entre les mailles des filets. Cette histoire est incroyable", confie Jean-Michel Cosson. L'historien a proposé à l'habitante toulousaine de récupérer cette toile, pas si banale que cela. 

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Les commentaires (1)
Phil43 Il y a 2 années Le 01/10/2021 à 17:34

Il était meilleur peintre qu'Adolf