Aveyron : l’incertitude des autocaristes à l’heure de la reprise
Alors que la crise sanitaire semble s’éloigner, les professionnels du secteur sont toujours confrontés aux incertitudes concernant les possibilités de voyager à l’intérieur et à proximité de l’Hexagone. Une autre problématique émerge : celle du manque de chauffeurs qualifiés, partis avec les difficultés économiques.
En temps normal, chaque année, ils sont plusieurs centaines à embarquer dans des bus, depuis l’Aveyron, pour des destinations plus ou moins lointaines. Pour des voyages en groupe, des visites guidées, où les clubs d’aînés constituaient la majorité de la clientèle.
Seulement, depuis le début de la crise sanitaire, ce secteur a été particulièrement mis à mal. Même si un frémissement de l’activité se fait sentir ces dernières semaines, malgré des incertitudes qui persistent. Dans un même temps, certaines entreprises de transport ont été confrontées à l’arrêt ou à un fonctionnement en pointillé durant plusieurs semaines des navettes scolaires, ou encore des déplacements des clubs sportifs.
De nombreuses entreprises du secteur ont dû mettre en parenthèses leur activité, les autocaristes ont malgré tout cherché des alternatives.
Aujourd’hui, des perspectives semblent se dessiner. "Malheureusement, nous n’avons qu’une vision à court terme", déplore Vincent Dunez, directeur général du groupe Ruban Bleu (lire également ci-contre).
Certaines destinations, proches de l’Hexagone, sont redevenues plus accessibles ces derniers mois avant l’allégement des restrictions sanitaires. Même si cet été, au vu des chiffres de la fréquentation touristiques, les touristes ont plébiscité la France. "Aujourd’hui, nous sommes à 70 % de notre activité, comparé à 2019- 2020 a été une année quasiment blanche, nous ne pouvons pas nous baser dessus pour comparer ", poursuit Vincent Dunez. Si le voyagiste travaille déjà sur ses prochaines destinations, celles qui seront proposées l’an prochain, "il reste difficile de se projeter", confie le directeur général de Ruban Bleu. "Heureusement, nous avons pu bénéficier des aides accordées au secteur et nos finances sont saines ", complète-t-il. Autre conséquence de cette situation, et non des moindres : "Nos bus n’ont pas été exploités durant quelque temps. Et cela coûte de l’argent de laisser nos véhicules à l’arrêt. Ce sont des investissements lourds que nous faisons et nous devons les rentabiliser, affirme Stéphane Raynal, responsable de l’entreprise Ségala Cars. Pour une petite entreprise comme la mienne, cette question reste très importante".
Cherche chauffeurs qualifiés
Pour d’autres autocaristes, la situation est tout aussi problématique mais différente sous certains aspects. Par exemple, pour Stéphane Raynal, la principale préoccupation a été de pouvoir maintenir et surtout reprendre une activité liée au ramassage scolaire. "Mais durant de longues semaines, le ramassage a été stoppé. Fort heureusement, nous avons reçu le soutien des collectivités et en particulier la Région qui ne nous ont pas laissés tomber", se félicite le responsable de Ségala Cars.
Dans un même temps, une nouvelle difficulté se profile pour les professionnels du secteur : "De nombreux chauffeurs ont changé de métiers, sont partis dans d’autres branches, comme le transport routier. On peut les comprendre, ils ont connu de longues périodes de chômage partiel." "Malheureusement, on ne trouve pas des chauffeurs de bus qualifiés pour effectuer des longs trajets aussi facilement, complète Stéphane Raynal. Les permis ne sont pas les mêmes que pour le transport scolaire et sont plus difficiles à obtenir. "
Alors, dans un secteur hyperconcurrentiel, les entreprises du secteur cherchent à diversifier leurs activités et surtout à être réactif aux différents appels d’offres.
Ruban Bleu poursuit sa croissance
« L’Aveyron est peut-être moins touché, mais la question se pose »
La problématique du manque de conducteurs n’est pas nouvelle. Seulement, depuis plusieurs mois, « il devient de plus en plus difficile pour certaines entreprises d’organiser les rotations entre les chauffeurs. L’Aveyron est peut-être moins touché mais la question se pose également ou va se poser à l’avenir », explique Isabelle Baron, secrétaire du syndicat FO départemental des transports.
La semaine prochaine, ces difficultés doivent être évoquées lors d’un congrès national organisé par le syndicat. « Il n’y a pas que la question des salaires, poursuit Isabelle Baron. Même si les grilles doivent être revues, l’amplitude horaire est également en question, lorsque certains conducteurs doivent travailler deux heures le matin et deux heures le soir. »
Par ailleurs, de nombreux retraités, qui exerçaient cette activité en complément, ont arrêté de prendre le volant. « Il est beaucoup plus difficile et plus long de former des jeunes, complète la responsable départemental FO. La plupart des retraités avaient obtenu leur permis de conduire des bus à l’armée. Les employeurs doivent prendre le temps de former leurs conducteurs. » Une autre problématique est mise à l’index par FO : la multiplication des contrats, dans certaines entreprises du transport, avec peu « d’heures par semaine ». « Il est bien sûr difficile pour les chauffeurs de vivre avec des temps partiel. »
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