Violences conjugales à Rodez : devant le tribunal, la victime se rétracte

  • - José A. Torres
Publié le

Son conjoint a néanmoins été condamné à six mois de prison ferme pour des violences habituelles.

Vendredi, devant le tribunal de Rodez, comparaissait un jeune couple pour des "violences conjugales". Lui a 25 ans, une vie dissolue, marquée par plusieurs années à la rue et diverses addictions à l'alcool et aux stupéfiants. Elle a 20 ans, une allure frêle et un visage encore juvénile. Ils se sont rencontrés "au boulot" dans un restaurant ruthénois. C'était en 2019. À l’époque, certains préviennent la jeune apprentie : "Attention, il est violent". Elle n'en tient pas rigueur. Rapidement, le couple emménage ensemble. Puis, "le confinement", "la conso de stups" et leur "possessivité et jalousie" rend le quotidien "invivable", racontent-ils. L'été dernier, ils se séparent. La jeune femme dépose plainte une première fois pour des "violences habituelles", mais elle se rétracte quelques jours plus tard. Ils reviennent ensemble. Mais cela dérape de nouveau, les policiers ruthénois interviennent plus de dix fois à leur domicile en seulement quelques mois. Après une énième scène de violences, en septembre dernier, la jeune femme se décide de nouveau à déposer plainte.

Elle raconte recevoir des gifles, des coups de poing, de pieds, des crachats, faire l'objet d'insultes incessantes. "Il m'étrangle aussi", dit-elle devant les enquêteurs. Son conjoint est alors placé en détention provisoire. Ce vendredi dans le box, il s'est dit "désolé" mais a réfuté les coups. "Les gifles, oui je reconnais. Mais c'était pour la maîtriser, je ne l'ai jamais frappé gratuitement. J'ai tout essayé pour la sortir de mauvaises fréquentations et je me défendais lors de ses crises", a-t-il avancé avant que son avocate, Me Elisabeth Grail, avec moins de tact, ne décrive la jeune femme comme "hystérique, colérique et violente". Cette dernière a évoqué plusieurs procès-verbaux des interventions de la police, faisant état "des crises" de la jeune femme et d'un "comportement lunatique". "Les apparences sont trompeuses", a-t-elle plaidé. 

"Qu'il soit libéré au plus vite"

Invitée à témoigner, la victime, sous les yeux de ses parents, a finalement changé sa version. "Je l'ai autant frappée que lui", a-t-elle avancé. De quoi susciter l'interrogation de la présidente, Mandana Samii : " - Pourquoi avez-vous porté plainte ?

- Car j'étais énervée

- Ne vous a-t-il pas étranglée, frappée ?

- Si, mais comme moi. Mais les hématomes, c'est parce que j'ai frappé contre les murs et je suis mal tombée. 

- Qu'attendez-vous finalement de cette audience ?

- Qu'il soit libéré au plus vite.

- Pour vous remettre avec ?

- Oui."

Pour la représentante du ministère public, Mathilde Jayais, ces réponses sont "de circonstance". "Elle est sous emprise, a affirmé la substitut du procureur. À les écouter, on pourrait se demander de quoi se mêle le tribunal car apparemment il n'y a aucun problème entre eux... Mais, peut-on laisser une femme de 20 ans se faire frapper de la sorte ? Les violences sont caractérisées, on a des clichés avec les traces de coups alors s'il veut la sauver de la drogue, des mauvaises fréquentations et autres comme il dit, qu'il parte de Rodez". Des réquisitions qui ont fait sens auprès du tribunal qui a condamné le prévenu à six mois de prison ferme supplémentaires. "Les gars condamnés pour violences conjugales n'ont pas la belle vie là-bas, j'ai été agressé plusieurs fois déjà", avait-il indiqué avant. Il aura également interdiction d'entrer en contact avec la victime, durant les deux prochaines années. 

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