Rodez. Rapport Sauvé : l’Église aveyronnaise dit sa "honte"

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  • Le père Daniel Boby, administrateur diocésain, s’est dit "abasourdi" par les conclusions du rapport Sauvé.
    Le père Daniel Boby, administrateur diocésain, s’est dit "abasourdi" par les conclusions du rapport Sauvé.
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Mathieu Roualdés

Face aux conclusions accablantes de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) publiées hier, le père Daniel Boby, administrateur diocésain, a partagé son "dégoût" et sa "honte" face à la presse.
 

Deux cent seize mille victimes mineures d’abus sexuels depuis 1950 au sein de l’Église, 330 000 dans des mouvements religieux, deuxième milieu où la prévalence des violences sexuelles est la plus élevée après les cercles familiaux, 3 00 prêtres considérés comme "prédateurs"… Ces chiffres donnent le vertige. Ils ont été dévoilés mardi matin par la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église catholique (Ciase). Ce rapport, fruit de deux ans et demi de travail, du nom de son président Sauvé a fait l’effet d’une bombe dans le milieu catholique. à l’heure de le commenter, le président de la Conférence des évêques de France, Éric de Moulins-Beaufort, n’a pu cacher son sentiment "d’effroi" et " de honte". En Aveyron, terre catholique s’il en est et éclaboussée en son temps par des scandales de pédophilie, les conclusions de ce rapport étaient également très attendues.

"Honte, dégoût, écœurement"

C’est à l’évêché à Rodez que le père Daniel Boby, administrateur diocésain en attendant que Rome nomme le successeur de Mgr François Fonlupt, a suivi en direct ces conclusions sur la chaîne de télévision catholique KTO. "Je suis abasourdi ", confiait-il, en début d’après-midi. "Je ne m’attendais pas à de tels chiffres, on n’avait pas pris conscience de l’ampleur. Aujourd’hui, on peut dire que c’est une honte, un dégoût, un écœurement", a-t-il poursuivi, tout en souhaitant "dire merci aux victimes d’avoir pris la parole, car sans cela, ce travail de vérité n’aurait pu être possible".

En 2019, alors que la parole des victimes d’actes pédophiles au sein de l’Église se libérait dans l’Hexagone à la suite de l’affaire Barbarin, le diocèse de Rodez avait organisé une journée historique pour lutter contre la pédophilie. Le père Boby y était, aux côtés de la trentaine de prêtres en activité dans le département et de bon nombre de laïcs. Une cellule d’écoute avait été mise en place. "Depuis dix ans, nous avons eu une petite dizaine de signalements", confie l’administrateur diocésain. La grande majorité concernerait des affaires dont les faits sont prescrits. "Mais aujourd’hui, je n’imagine pas un seul évêque ne pas remonter ces signalements auprès des procureurs. Je ne peux pas croire qu’on n’ait pas appris de ces erreurs du passé", explique-t-il, alors que le rapport Sauvé a qualifié de "systémique" les violences sexuelles commises par des membres du clergé. "L’Église n’a pas su voir, n’a pas su entendre, n’a pas su capter les signaux faibles", a estimé le président de la Ciase, Jean-Marc Sauvé, devant la presse. Aujourd’hui, le clergé aveyronnais appelle de ses vœux "une réforme pour redevenir une maison sûre" et "éviter les regards suspicieux sur nos prêtres". "Aujourd’hui, nous avons mis des actions simples en place : on ne souhaite plus qu’un prêtre ne prenne un groupe d’enfants seul, qu’il réalise des confessions sans la présence d’un tiers, qu’il soit dans une salle retirée avec un mineur…", conclut un père Daniel Boby, se voulant en première ligne face à "ce drame".

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Les commentaires (2)
Mézac Il y a 7 mois Le 08/10/2022 à 18:28

L'abbé MAUREL condamné à dix ans de prison en mars 2000 est mort prêtre en mars 2022 *.
L''Église n'a pas trouvé le temps et surtout le courage de le destituer en 22 ans ! C'est incompréhensible.
Nous comprenons la honte de l'Église et le silence de sa hiérarchie montre son double langage.
Une honte et un silence que les victimes ne pardonneront jamais.
* il est décédé et a été enterré dans la plus grande discrétion...

Mézac Il y a 1 année Le 07/10/2021 à 17:05



"Père Daniel BOBY, la honte ne suffit pas. Il est temps pour l'Église de faire peuve de courage et comme le disait un général il y a quelques années, de couper les branches pourries.
Plusieurs prêtres ont quitté le droit chemin dans le Nord-Aveyron. Entre autres, le père BRAS de Lacroix-Barrez qui a disparu brusquement de sa paroisse pour ces raisons.
En 2000, l'abbé MAUREL a été condamné à dix ans de réclusion criminelle pour viols d'enfants. Il a nié. Il s'est défendu. Il a crié au complot.
Il a saisi la presse et tous les médias. ce faisant, il a déclenché un cataclysme.
Il est en grande partie responsable du bouleversement que connais l'Église catholique avec le rapport SAUVÉ.
Un séisme planétaire.
MAUREL a été condamné. Il a purgé sa peine. Mais il est toujours prêtre par la volnté de deux Évêques successifs de RODEZ et de VABRES. Même s'il est retraité, il peut toujours donner l'Eucharistie.
Vous assurez l'intérim vous serez Évêque un jour.
Ses nombreuses victimes (plus de cent selon l'une d'elle aux Assises) en appellent à vous pour demander au Vatican de destituer MAUREL avant qu'il meure. Un geste symbolique fort.
Merci pour elles.