Montézic : Jeanne et Ernest Sirvain, Justes pour l’éternité

  • Montézic est la deuxième école de l’Aveyron à honorerles Justes parmi les nations.
    Montézic est la deuxième école de l’Aveyron à honorerles Justes parmi les nations.
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Olivier Courtil

L’école a été renommée pour rendre hommage à ce couple qui a sauvé une famille juive pendant la Seconde guerre mondiale.

Je ne serai probablement pas, en ce moment, heureux d’exprimer comme lors de chaque cérémonie, toute ma reconnaissance à celles et ceux qui sauvèrent ma maman", a déclaré lors de l’inauguration de l’école de Montézic, Simon Massbaum, délégué régional du comité Français pour Yad Vashem – du nom de la commission de l’État d’Israël qui remet depuis 1963 la distinction "Justes parmi les nations".

Celle-ci s’appelle désormais Ernest et Jeanne-Sirvain qui ont hébergé, caché et aidé de novembre 1942 à mars 1943, Isaac Antcher, artiste peintre, son épouse Fadja et leurs deux filles, venus se réfugier à Montézic. " En protégeant cette famille juive, Monsieur et Madame Sirvain ont été " une lumière dans la nuit de Shoah ", comme le disait Simone Veil ", dit Pauline Cestrières, maire, au nom du conseil municipal de Montézic.

Celui-ci a tenu à honorer l’acte de fraternité par la voix d’Yvette Tarral.

Un ouvrage en 2022

Cette distinction symbolique est la deuxième en Aveyron après l’école Saint-Jean-du-Bruel nommée Marie-Laurence-Quatrefages en 2019 qui sauva Chaïm Widerspan en 1944 jusqu’à son départ pour le maquis de l’Aigoual. Prochainement, c’est la mémoire du pasteur Idebert Exbrayat et de son épouse Yvonne, Justes parmi les nations depuis 1979, qui sera honorée, rue des Fusillés à Rodez, pour avoir sauvé des familles juives réfugiées dans les fermes de sa paroisse. " Ce devoir de mémoire s’accélère", dit en ce sens Simon Massbaum, faisant référence à la récente exposition sur la déportation rue Béteille à Rodez et annonçant une prochaine plaque commémorative à Capdenac. Il envisage aussi de publier un ouvrage l’année prochaine sur le siècle juif en Aveyron "pour servir l’histoire dans l’histoire."

Rien ne vaut les actes et témoignages de ces héros bienveillants et généreux comme Jeanne et Ernest Sirvain. Ce devoir de mémoire passe par l’action en intervenant en milieu scolaire car la transmission est essentielle pour éviter de retrouver le chaos. Cela fut le cas à l’école même de Montézic où une fille lui posa la question : "Quand on a vécu avec autant de morts, comment est-ce possible de vivre après ?" Question sans réponse pour Simon Massbaum. De la nécessité de ne plus jamais revivre les ténèbres de l’histoire humaine. Pour les nouvelles générations. Pour l’après. Pour vivre en paix.

Yvette Tarral a raconté cette page de l’histoire : "En mars, 1943, quand les rumeurs de dénonciation et d’arrestation se précisèrent, Ernest leur établit des cartes d’identité sous le nom de "Benoiton", Bernard Tarral, l’épicier du village, mis dans le secret, conduisit la famille Antcher à Rodez dans sa camionnette. Les Antcher allèrent à Nice, à Megève, puis de nouveau à Nice, en zone d’occupation italienne. Fin septembre 1943 après que les troupes d’occupation allemandes eurent envahi la zone d’occupation italienne, leur fils André Sirvain, alors étudiant en médecine à Toulouse, alla chercher Anne Ancer à Nice pour l’amener à Montézic, où elle fit un séjour de courte durée, avant de rejoindre, avec la complicité de la Croix Rouge, ses parents à Grenoble, ou ils purent se réfugier en Suisse. Ils résidèrent dans des camps d’internement jusqu’à la fin de la guerre. Durant l’été 1945, la famille Antcher fut rapatriée à Malakoff, au sud de Paris. Après la guerre, Isaac Antcher et sa famille reviendront les étés 1954 et 1955 à Montézic revoir leurs amis, nouant une amitié indéfectible. Isaac peignit de nombreux tableaux, sites et paysages de Montézic et de ses environs."

L’acte fraternel sous le nom de « Benoiton »

Yvette Tarral a raconté cette page de l’histoire : « En mars, 1943, quand les rumeurs de dénonciation et d’arrestation se précisèrent, Ernest leur établit des cartes d’identité sous le nom de « Benoiton », Bernard Tarral, l’épicier du village, mis dans le secret, conduisit la famille Antcher à Rodez dans sa camionnette. Les Antcher allèrent à Nice, à Megève, puis de nouveau à Nice, en zone d’occupation italienne. Fin septembre 1943 après que les troupes d’occupation allemandes eurent envahi la zone d’occupation italienne, leur fils André Sirvain, alors étudiant en médecine à Toulouse, alla chercher Anne Antcher (la plus jeune des filles) à Nice pour l’amener à Montézic, où elle fit un séjour de courte durée, avant de rejoindre, avec la complicité de la Croix Rouge, ses parents à Grenoble, ou ils purent se réfugier en Suisse. Ils résidèrent dans des camps d’internement jusqu’à la fin de la guerre. Durant l’été 1945, la famille Antcher fut rapatriée à Malakoff, au sud de Paris. Après la guerre, Isaac Antcher et sa famille reviendront les étés 1954 et 1955 à Montézic revoir leurs amis, nouant une amitié indéfectible. Isaac peignit de nombreux tableaux, sites et paysages de Montézic et de ses environs. »
 

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