Paris : la danse à l'honneur jusqu'à fin octobre au Centre Pompidou

  • Le festival Move se poursuit jusqu'à fin octobre.
    Le festival Move se poursuit jusqu'à fin octobre. -
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Centre Presse Aveyron

Expositions, performances, rencontres... Le festival "Move" se poursuit jusqu'à la fin du mois d'octobre. 

S’inscrivant à l’intersection de la danse, de la performance et de l’image en mouvement, le festival Move offre un espace et un temps de réflexion, articulant les corporéités contemporaines et les questions de société. Le médium de la performance est envisagé à travers ses modes d’exposition, de production et de présentation dans la perspective d’en révéler les enjeux et les effets. Cette 5e édition explore la thématique de l’intime et de son exposition.

À la fin des années 60, partant du principe que le personnel est politique, les artistes femmes ont souvent utilisé dans leur travail leur propre intimité, notamment à travers les médiums vidéo et photo : leur intérieur domestique, leur propre corps, leurs relations amoureuses, leurs sexualités. Au sein de la société patriarcale, l’intimité était dévalorisée, reléguée à des pratiques privées, considérées comme étant aux antipodes de sujets universels et fondamentaux. Les théories féministes envisageaient alors la révélation de l’expérience quotidienne des femmes comme un moyen de mettre à jour les mécanismes de dominations et de développer une forme de conscience collective. À cet égard, l’intime engage une pensée du minoritaire. Prolongeant cette histoire, l’art contemporain explore les potentialités de résistance du travail avec l’intime, en revendiquant un espace encore méprisé et dévalué. Et ce dans un contexte très différent: au 21e siècle, de nombreux débats ont porté sur l’exposition croissante et narcissique de notre intimité à travers les réseaux sociaux, baptisée l’extime. Ce qui devait rester caché, intérieur, est désormais libre d’accès et exhibé sans prise en compte des risques de surveillance, exercés par l’État ou les entreprises privées. Cette articulation entre transparence forcée ou inconsciente, exposition et revendication politique est au cœur de cette 5e édition de Move, qui pose ainsi la question de l’usage de l’intime comme ressource critique et provocatrice.

Temps fort de l’édition 2021, Pauline Boudry & Renate Lorenz proposent leur projet «Moving Backwards», présenté au Pavillon Suisse de la Biennale de Venise en 2019. Le film a été développé à partir d’une réflexion sur les régressions occasionnées par la situation politique des dernières années. Elles ont imaginé une chorégraphie de «mouvement vers l’arrière » comme outil de résistance et d’action. Développant leur travail depuis de nombreuses années au sein d’une communauté queer, les artistes œuvrent souvent avec les mêmes personnes, tissant ainsi des liens d’intimité et d’échange qui infusent et s’exposent au sein de leurs œuvres. En écho, à ces liens, les artistes ont commandé 4 cartes blanches qui viendront répondre au contexte de l’exposition, à 4 des performers du film: Werner Hirsch & Latifa Laâbissi, Nach, et Julie Cunningham. Dans son installation, Marijke De Roover explore, à travers ses propres expériences intimes le concept de limerence, soit le fait de tomber amoureux d’une personne et de cristalliser un sentiment romantique irrépressible et non partagé. Le film d’Hannah Quinlan & Rosie Hastings porte un regard critique sur les espaces de socialisation masculins gays considérant la pratique du sexe public comme nœud de pouvoir et de construction du monde, disponible pour les hommes, posant ainsi la question de qui peut se saisir librement de cet espace public.

Dans la danse encore plus spécifiquement, art du contact physique par excellence, le toucher, les corps emmêlés donnent aujourd’hui un sentiment d’incongruité et d’étrangeté et d’une beauté frappante. Le cycle Vidéodanse présente des duos intimes comme celui d’Odile Duboc dansé par Boris Charmatz et Emmanuelle Huyn jouant sur une lenteur exacerbée des gestes. La force et la sensualité du collectif formé par les danseurs de Pina Bausch ou de Crystal Pite célèbrent une féroce vitalité. Un ensemble de performances en salle, dont celles de Pauline L.Boulba, Rory Pilgrim, Ndayé Kouagou et Christelle Oyiri, complète le programme.

Le programme complet à retrouver sur www.centrepompidou.fr

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