RN88 : le Département attend un signe de l’État pour Rodez-Sévérac
La nouvelle majorité a voté un rapport d’intention pour obtenir des garanties de l’État sur le financement des travaux entre Rodez et Laissac et entre Laissac et Sévérac.
C’est un peu le rituel obligatoire. Le passage obligé. La case à cocher dans le "bingo" de tout nouveau président du conseil départemental. Arnaud Viala et sa majorité, ont, lors de la session de rentrée, voté un nouveau rapport d’intention sur le passage à 2x2 voies de la RN88. Le sujet n’est pas nouveau, il date de plus de 40 ans et la déclaration d’utilité publique remonte à 1993, quand Edouard Balladur était alors chef du gouvernement.
Cependant, le dossier, du fait de son ampleur, reste un "serpent de mer" comme l’a qualifié Arnaud Viala, dont personne ne peut dire aujourd’hui s’il sera le président qui inaugurera cette route terminée. Car si la portion entre Albi et Rodez est quasiment finie, avec la livraison, dans les prochains mois, du tronçon entre La Mothe à Baraqueville, pour la liaison entre la préfecture et l’A75, à Sévérac-d’Aveyron, tout reste à faire ou presque.
Une lettre au Premier ministre
Cet été, le nouveau président du département a réuni les maires des communes concernés pour leur réaffirmer sa volonté de poursuivre le travail de ses prédécesseurs sur le sujet. Il a également cosigné, avec eux, mais aussi les parlementaires aveyronnais, les présidents des chambres consulaires, et surtout Carole Delga, la présidente de la Région, un courrier à l’attention de Jean Castex, le Premier ministre, pour demander "l’organisation d’une réunion de travail rassemblant tous les acteurs du dossier afin de mettre sur la table un calendrier et des modalités de travail resserrés et qui permettent de mettre un terme à une trop longue période de promesses non-concrétisée".
40,5 km restants
Concrètement, sans compter le contournement de Rodez (l'encadré), il reste deux tronçons à faire. Le premier, la liaison entre Rodez et Laissac, fait 22 km et les études techniques ont déjà été réalisées. Le second est la jonction entre Laissac et Sévérac, jusqu’à l’autoroute A75, et mesure 18,5 km.
Pour l’ensemble du trajet, le futur tracé est déjà arrêté depuis longtemps. Et le choix de créer une nouvelle section complète, en 2x2 voies, comme cela a été le cas pour la portion entre Albi et Rodez, semble définitif. Le Département a chiffré le nombre de véhicules circulant quotidiennement à 11 600 sur la portion entre la préfecture de l’Aveyron et Laissac et un coût de 144 M€, qui pourrait être assuré, pour 50 % (72 M€) par l’État et pour l’autre moitié par le Département et la Région.
Une rocade de Rodez chiffrée à 66,6 M€
Au printemps dernier, l’aménagement de la rocade de Rodez, qui fait la jonction entre les deux portions de la RN88 (Albi-Rodez et Rodez-Laissac) a été déclaré d’utilité publique par un arrêté préfectoral. Le projet de réaménagement prévoit la mise à niveau de plusieurs ronds-points et la réalisation d’une voie pour court-circuiter le giratoire de la Gineste.
L’opération est évaluée à 66,6 M€ et le département a demandé son inscription dans le prochain contrat de plan État-Région. La clé de répartition actuelle fait état d’un financement à 40 % par l’État, autant par l’Agglo de Rodez et le reste (20 %) par le Département.
Quel rôle pour la Région
La majorité d’Arnaud Viala, dans son rapport d’intention, fait état d’une clé de répartition à 50 % entre les deux institutions (36 M€ chacune), mais les discussions sur le sujet n’ont pas encore eu lieu entre Arnaud Viala et Carole Delga. Elles pourraient d’ailleurs être plus tendues qu’il n’y paraît. En effet, devant sa majorité, le nouveau président de l’Aveyron a fait état de sa volonté de prendre la maîtrise d’ouvrage sur le chantier.
Mais au printemps dernier, la présidente de la Région avait fait part, lors d’un déplacement du Premier ministre Jean Castex, dans les Pyrénées-Orientales pour transférer à l’Occitanie la gestion de deux routes nationales locales à titre expérimental, d’obtenir le même dispositif pour la RN88. Dans l’entourage de Carole Delga, on expliquait ces derniers jours la surprise face à cette prise d’initiative d’Arnaud Viala puisqu’aucune discussion entre les deux élus où les deux institutions n’ont eu lieu sur le sujet.
Si la Région envisage bien de s’appuyer sur l’ingénierie du département, elle pense, que vis-à-vis de l’État, les échanges seraient plus simples si elle garde la main. En effet, le chantier de la RN88 en Occitanie ne s’arrête pas à la frontière de l’Aveyron et il reste encore énormément de travail à faire en Lozère. Le transfert n’a d’ailleurs pas été évoqué dans le courrier adressé à Jean Castex.
Encore au moins dix ans d’attente
Le dossier du doublement de la RN88 en Aveyron est loin d’être terminé. En effet, la prochaine étape est de faire inscrire, le premier tronçon dans le prochain contrat de plan État-Région, ce qui garantirait alors la part d’investissement de l’État. C’est en bonne voie puisqu’en février dernier, Jean-François Galliard, alors président du département, avait annoncé que le tronçon Rodez-Laissac figurait bien dans le protocole de préfiguration. L’ambition était alors de commencer le chantier en 2024 et qui durerait trois ans.
Pour la dernière portion (Laissac-Sévérac), l’issue est encore plus lointaine : les études, chiffrées à 3 M€ n’ont pas été lancées. Et le financement d’État ne viendra sans doute pas avant le plan État-Région 2028-2032.
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