Usine Sam de Viviez : l'État somme Renault de "convaincre un repreneur"

  • Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, et plusieurs élus ont adressé une lettre aux dirigeants de Renault.
    Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, et plusieurs élus ont adressé une lettre aux dirigeants de Renault. Archives Centre Presse - José A. Torres
Publié le , mis à jour

Placée en liquidation judiciaire avec poursuite d'activités jusqu'au 10 décembre, la fonderie aveyronnaise attend toujours une offre de reprise. Ce 16 octobre, l'Etat demande dans une lettre à Renault, "clé de voûte" du dossier, de trouver une solution. Et vite.

Le temps presse. En avril dernier déjà, l'État évoquait un "scénario catastrophe" concernant l'usine Sam, à Viviez. Dans les couloirs de Bercy, on pressait même les 350 salariés de l'usine et leurs représentants à accepter l'offre de reprise portée par le géant de l'industrie espagnole CIE Automotive soutenue par Renault, client quasi exclusif de la fonderie aveyronnaise. Mais, cela n'a pas abouti, les Espagnols refroidis par l'accueil de leur offre se sont retirés de la table des négociations. Depuis, les collectivités locales, et en premier lieu la Région, pensaient avoir trouvé le repreneur providentiel avec Patrick Bellity, ancien dirigeant de l'usine sous l'ère du groupe Arche et aujourd'hui à la tête de Sifa Technologies à Orléans. Cela n'a pas été plus fructueux, l'industriel ne bénéficiant pas d'assez de fonds pour séduire le tribunal de commerce de Toulouse. "On a mis plus d'un an à trouver un repreneur et on ne croit pas à celui qui sortirait du chapeau tout d'un coup", avait prévenu le cabinet d'Agnès Pannier-Runacher...

"CIE extrêmement réticent à déposer une nouvelle offre"

Aujourd'hui, la ministre déléguée à l'Industrie et Bruno Le Maire, ministre de l'économie, demandent au constructeur d'accélérer sur ce dossier. Ils l'ont même écrit noir sur blanc dans une lettre, dont nous nous sommes procuré une copie, adressée ce 16 octobre à Jean-Dominique Senard, président de Renault, et Luca De Meo, directeur général.

Cosignée par Carole Delga, Arnaud Viala, François Marty ou encore les parlementaires aveyronnais, ce courrier rappelle au constructeur qu'il est "la clé de voûte de l'ensemble des négociations". "Nous vous demandons formellement de convaincre tout repreneur financièrement et industriellement solides de déposer une offre de reprise pérenne pour Sam, avant ou au plus proche de l'audience du 22 octobre prochain du tribunal de commerce de Toulouse. Et en tout état de cause, avant le 10 décembre 2021, fin de la période des trois mois de poursuite des activités", écrivent les élus qui regrettent également que "le seul repreneur potentiel avec qui vous avez choisi d'entrer en négociation (CIE Automotive) soit aujourd'hui extrêmement réticent à déposer une nouvelle offre, faute d'intérêts économique et stratégique". 

"Votre groupe doit être à la hauteur de ses responsabilités"

L'État rappelle également au constructeur ses engagements "à conforter sa production industrielle en France et être exemplaire dans la relation donneur d'ordre - sous-traitant" pris dans le cadre du plan de soutien à la filière automobile en 2020. L'aide octroyée à Renault dans ce cadre n'a cessé d'être dénoncée par les salariés de l'usine lors de leurs nombreuses mobilisations. "5 milliards pour Renault, des chômeurs à Sam", pouvait-on notamment lire sur les pancartes. Qu'en sera-t-il demain ? Sous pression, le constructeur fera-t-il enfin revenir CIE à la table des négociations ? Trouvera-t-il un autre repreneur potentiel, avec son engagement à offrir 40 millions d'euros de chiffres annuels à la fonderie aveyronnaise dans le futur ? Et, dans cette attente, maintiendra-t-il ses commandes à l'usine, lui permettant ainsi de garder la tête hors de l'eau ? "Les salariés et leurs familles, ainsi que tout un territoire, sont en détresse, vivant au gré des péripéties de la procédure judiciaire depuis plus de 18 mois maintenant. Dans ce contexte, votre groupe doit être à la hauteur de ses responsabilités", prévient le gouvernement. 

"Jinjiang, un actionnaire défaillant du début à la fin"

Si tout le monde regarde en priorité l'avenir pour l'usine Sam, l'Etat s'est permis dans sa lettre de rappeler les erreurs du passé au constructeur Renault dont il est actionnaire... Et notamment son choix, il y a plusieurs années, du groupe chinois Jinjiang pour présider la fonderie aveyronnaise. "Ce choix a été fait contre nos recommandations. Jinjiang s'est avéré un actionnaire défaillant du début à la fin de sa gestion", peut-on lire.

Pour rappel, le géant de l'aluminium asiatique avait été accueilli en grande pompe sur le site aveyronnais en 2017. Alors en souffrance, tout le monde y avait vu "une reprise inespérée". Mais le rêve chinois s'était vite envolé face au manque d'investissement de l'actionnaire et ses projets de suppressions d'emplois. L'histoire s'est terminée au mois de décembre 2019, avec le placement en redressement judiciaire de l'entreprise. Les dirigeants de l'entreprise ont ensuite quitté les lieux et les drapeaux de l'empire du milieu ne flottent plus à l'entrée de l'usine... 

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