Course à pied : des Aveyronnais dans la mythique Diagonale des fous

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  • Victor Canivenq (à gauche) et Loïc Tulsa, ici en repérage à La Réunion.
    Victor Canivenq (à gauche) et Loïc Tulsa, ici en repérage à La Réunion.
  • Des Aveyronnais dans la mythique Diagonale des fous Des Aveyronnais dans la mythique Diagonale des fous
    Des Aveyronnais dans la mythique Diagonale des fous
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Aurélien Parayre

Le départ de ce qui est unanimement reconnu comme l’une des courses les plus dures au monde sera donné ce soir à La Réunion. Plusieurs Aveyronnais en seront. Le cas de Victor Canivenq et Loïc Tulsa.

Ce soir-là. Ils n’ont pas leur frontale. Et les amuse-bouches remplacent les barres énergétiques. On est à un petit mois du grand départ. Les deux potes aveyronnais Victor Canivenq et Loïc Tulsa ont réuni leurs proches et leurs sponsors. Histoire de marquer le coup. De lancer surtout le sprint final. "Merci à tous, maintenant, il n’y a plus qu’à !"

"Plus qu’à". À savoir avaler 160 bornes de chemins hostiles et 9 400 m de dénivelé positif, de part en part de l’île de La Réunion. Le tout avec plus de 2 600 autres ultratraileurs qui comptent bien tous sortir plus forts que les conditions géographiques et climatiques locales faisant de cette Diagonale des fous un rendez-vous mythique. "On s’est pris au jeu du trail il y a quatre ou cinq ans, racontent en chœur les deux trentenaires (34 et 35 ans). C’est le retour d’expérience d’amis ayant participé qui nous a mis des étoiles dans les yeux. Du coup, on avait ce projet-là derrière la tête depuis une bonne paire d’années. " Ce jeudi, au départ donné à 21 heures dans le sud de l’île, à Saint-Pierre (l’arrivée est jugée au nord, à Saint-Denis), ils seront donc ensemble, dans la même "vague" (le départ a été scindé en cinq pour des raisons sanitaires). Et ils comptent bien le rester.

Objectif 42 heures

"C’est l’objectif, précise Loïc Tulsa, conseiller en assurance quand il ne court pas. Mais si le décalage entre nous est trop important, on se séparera. " Les deux font ici "un saut dans l’inconnu ". Notamment en termes de gestion du sommeil. "C’est là que l’interrogation est la plus forte ", souligne Victor Canivenq, lui technico-commercial dans le domaine dentaire à la ville. Il faut dire qu’ils sont partis pour un périple de très longue haleine. "Notre objectif, ce sera déjà de voir l’arrivée, rigole-t-il. Et disons que finir aux alentours des 42 heures serait génial. " "Ce qui pourrait nous placer dans les 500 premiers ", poursuit son acolyte.

Cela fait des mois qu’ils s’astreignent à un entraînement rigoureux. Et cela malgré des douleurs dorsales au cœur de l’été pour Tulsa et un Covid-19 qui ne leur a pas du tout facilité la tâche. Avec quatre à cinq sorties d’au moins une heure par semaine et des sessions le week-end pouvant aller de 2 à 10 heures. Sans parler des "week-ends chocs" les ayant amenés à participer à des épreuves dans les Pyrénées, des stages sur plusieurs jours dans les Alpes ou encore à se coltiner trois ascensions en trois jours du mont Ventoux. Une préparation capitale, confectionnée sur les conseils d’autres Aveyronnais et notamment ceux de Thomas Lacombe, 22e en 2019 (29 h 15’30’’) pour sa deuxième participation à la "Diago". Il ne sera pas là cette fois. Mais Fabien Barrau, encore un autre local, 21e et arrivé main dans la main avec Lacombe il y a deux ans, oui. Un modèle à suivre pour eux ou encore Arnaud Alaret et tous les Rouergats qui se lancent aujourd’hui dans cette folle aventure dans l’ouest de l’océan Indien (lire aussi plus bas).

Du foot au trail sans oublier… l’apéro

D’autant que le sens collectif résonne pleinement chez les deux garçons qui, footeux depuis toujours, se sont connus au Rodez Aveyron football, en cadets nationaux. Avant des parcours différents ayant amené Canvienq au centre de formation de Montpellier et Tulsa à voyager dans plusieurs clubs du département pour finalement se retrouver, des années plus tard, sur les terrains de Luc-Primaube. Et créer, fin 2016, avec les jaune et vert "l’amicale apéro trail". "Pour faire vivre la course et la convivialité", éclaire son président Tulsa. De quoi aussi peut-être trouver les ressources, quand dans les passages délicats de la moiteur et/ou du froid réunionnais, il leur faudra à lui et son compère, flirter avec leurs limites pour en faire des "fous finishers".

Bruno Campanac, du rugby à Rodez à la Diagonale avec des ambitions

On le connaissait pour ses envolées ballon ovale en main il y a quelques années sur la pelouse de Paul-Lignon. L’ancien centre du SRA a changé de terrain pour arpenter les chemins et défier le chronomètre. Président de Ruthen’Run 12, il a effectué le déplacement à la Réunion avec quatre partenaires de club : Jérôme Massabuau (dossard 51 sur la photo), Ludovic Gayraud, Patrice Chapelle et Julien Cabrol. "Cela va être une expérience énorme. Cette course est certainement l’une des plus difficiles au monde", explique Bruno Campanac (N.71 sur la photo). Celui qui a terminé 12e du dernier ultra en Ariège en juillet (100 km en 15 h 50) fait office de possible meilleur performeur aveyronnais sur la Diagonale. "Avec Jérôme Massabuau, nous sommes de même niveau. J’espère relier l’arrivée avec un temps entre 30 et 35 heures", affirme le Ruthénois ayant couru 100 kilomètres par semaine à l’entraînement. Le mental sera déterminant : "Mon passé de rugbymen m’aide énormément. Ce sont un peu les mêmes caractéristiques : il faut avoir peur de rien. Le mental, c’est 80 % de la course", conclut un Campanac surmotivé pour transformer l’essai.

M.N.

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