Conques-en-Rouergue : La Rive cultive l'échelle humaine

  • Stéphanie Cassagnes et Emmanuel Barbe sont installés en Aveyron depuis 2013.
    Stéphanie Cassagnes et Emmanuel Barbe sont installés en Aveyron depuis 2013. A.A.
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L’épidémie de Covid-19 et les périodes de confinement ont poussé nombre d’actifs à s’interroger sur le sens de leur métier, les incitant même parfois à changer de vie professionnelle. Stéphanie Cassagnes et Emmanuel Barbe, qui tiennent la maroquinerie La Rive, à Conques, n’avaient pas attendu la crise sanitaire pour sauter le pas.
 

Originaire de Saint-Cyprien-sur-Dourdou, Stéphanie Cassagnes était dessinatrice de jardins en Suisse. Natif du Jura, Emmanuel Barbe était lui automaticien dans l’industrie. Ils ont passé treize ans dans cette région, mais lorsqu’ils ont appris, au début des années 2010, qu’un maroquinier de Conques qu’ils connaissaient bien prenait sa retraite, ils ont décidé de racheter ses machines. "C’était l’occasion, raconte Emmanuel. On avait fait le tour de nos métiers respectifs."

Lui qui avait toujours voulu faire un métier manuel s’est lancé dans une formation de 10 mois à Romans-sur-Isère pour apprendre le métier de maroquinier, les techniques, le montage et les finitions du luxe. Le couple a débarqué dans l’Aveyron en 2013 et s’est attaqué à la restauration d’un ancien atelier de motoculture à Saint-Cyprien-sur-Dourdou pour y installer ses machines et travailler le cuir. Emmanuel a transmis à Stéphanie le savoir et les gestes qu’il a appris au cours de sa formation. " Cela n’a pas été simple car je suis passée du statut de chef d’équipe à celui d’apprenti, mais nous avons une véritable alchimie ", détaille-t-il.

De petites collections et du sur-mesure

Le couple travaille en équipe et, pour imaginer les collections, conjugue son esprit créatif aux attentes des clients. "On n’achète pas de magazines de mode, on ne regarde pas les défilés ni les influenceuses sur les réseaux sociaux ; on suit notre intuition et on travaille beaucoup la couleur." Effectivement, petite maroquinerie, porte-clés, ceintures, bracelets et autres sacs vendus dans la boutique que le couple a ouvert à Conques en 2014 sont faits avec des peaux qui ont du peps.

Les cuirs utilisés par La Rive viennent de Rodez (tannerie Arnal), de Mazamet (tannerie Alran), mais aussi d’Espagne et d’Italie. "Nous n’achetons pas en grandes quantités car nous ne travaillons pas dans l’idée de faire du volume. On est plutôt sur des petites séries, des collections capsules avec un nombre de pièces limité de manière à pouvoir nous renouveler en permanence, explique Stéphanie Cassagnes. De la conception à la réalisation, nous faisons tous nos produits nous-mêmes sauf la bouclerie. Et on ne vend que ce que l’on produit."

Affichant le label Fabriqué en Aveyron, La Rive adhère également aux Ateliers d’art de France qui fédèrent plus de 6 000 artisans d’art, artistes et manufactures dans l’Hexagone. "On ne veut pas industrialiser l’artisanat, insiste Stéphanie Cassagnes. Nous avons quitté ces schémas, ce n’est pas pour retomber dedans. Nous voulons rester à échelle humaine, privilégier le contact, le conseil et le service. Les gens qui vont voir un créateur, c’est pour se faire faire une pièce unique, sur-mesure, personnalisée. Et c’est ce que nous défendons : des produits de qualité, durables et écologiques, qui n’ont pas fait le tour de la planète. Des produits originaux, uniques, qui ont une âme. Parce que l’on fait un métier de sens."

L’épidémie de Covid-19 et les périodes de confinement ont poussé nombre d’actifs à s’interroger sur le sens de leur métier, les incitant même parfois à changer de vie professionnelle. Stéphanie Cassagnes et Emmanuel Barbe, qui tiennent la maroquinerie La Rive, à Conques, n’avaient pas attendu la crise sanitaire pour sauter le pas.

Au salon du made in France à Paris

Du 11 au 14 novembre prochains, Stéphanie Cassagnes et Emmanuel Barbe vont présenter leurs produits au MIF Expo, porte de Versailles à Paris. Lancé il y a huit ans, cet événement permet à l’industrie, à l’innovation et à la créativité française de rencontrer les consommateurs. Le salon, qui accueille plus de 570 exposants et 80 000 visiteurs, reflète une dynamique socio-économique, celle d’entreprises qui ont fait le choix de réaliser en France les étapes essentielles de la fabrication de leurs produits. "On va chez nos clients parisiens, précise Stéphanie Cassagnes. D’habitude, ce sont eux qui viennent nous voir à Conques. Les citadins font de plus en plus leurs achats en province car en ville, les pas-de-porte sont devenus tellement chers qu’il n’y a presque plus d’indépendants et quasiment que des franchises. Les modes de consommation sont en train de changer, les nouvelles générations consomment moins mais mieux."
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