Le cimetière de Rodez renferme des trésors d’histoires

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  • La prochaine visite du cimetière est programmée le 3 novembre.
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  • Les possibilités d’extension sont minimes.
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  • La doublure de Fantomas repose depuis 2018 au cimetière de Rodez.
    La doublure de Fantomas repose depuis 2018 au cimetière de Rodez.
  • Drôle de vision que celle offerte par la tombe du gisant.
    Drôle de vision que celle offerte par la tombe du gisant.
  • La tombe d’une famille de fondeurs de cloches depuis 6 générations
    La tombe d’une famille de fondeurs de cloches depuis 6 générations
  • Des pierres tombales massives comme on n’en fait plus aujourd’hui.
    Des pierres tombales massives comme on n’en fait plus aujourd’hui.
  • Des petites chapelles pour implorer la protection divine.
    Des petites chapelles pour implorer la protection divine.
  • La tombe de l’acteur Christian Toma figure à l’entrée du cimetière.
    La tombe de l’acteur Christian Toma figure à l’entrée du cimetière.
Publié le
Rachid Benarab

Dans les pas de Jean-Philippe Savignoni, le conteur du patrimoine de Rodez Agglomération, les sorties au cimetière permettent de rendre visite à des personnalités de la ville parfois honorés par une pierre tombale atypique.

On ne le sait pas forcément, mais le cimetière reste un espace de liberté. Un lieu où chaque défunt peut exprimer et afficher pour la dernière fois, mais aussi pour l’éternité (ou plutôt, de nos jours, pour la durée de sa concession) ses convictions et ses pensées. Il en résulte des monuments funéraires souvent atypiques. Des pierres tombales qui dénotent avec les tombes plus classiques et dont l’unique fantaisie réside dans la couleur du marbre utilisé pour la fabriquer. Souvent d’un autre temps (XVIIIe, XIXe et XXe siècles) ces monuments funéraires atypiques. Le cimetière de Rodez en regorge.

Il suffit d’aller se balader dans les allées du site de 7,4 hectares pour s’en rendre compte. Et se pencher un peu sur le parcours des défunts qui y reposent. Ils réservent souvent de belles surprises. Davantage encore lorsque leurs histoires sont ravivées par le conteur du service patrimoine de Rodez Agglomération, Jean-Philippe Savignoni.

Passeur d’histoires hors pair, ce dernier semble particulièrement attiré par les lieux qu’il pourrait presque arpenter les yeux fermés tant ils lui semblent familiers.

Passeur d’histoires

Cela fait 22 ans qu’il s’emploie d’ailleurs (sans trop de mal) à les faire connaître à ses contemporains à travers un cimetière tour qu’il anime régulièrement dans le cadre de ses fonctions de conteurs au service patrimoine de l’Agglo.

Très prisé par les Aveyronnais, plus particulièrement, les Ruthénois, qui (re) découvrent les lieux, ce cimetière tour réserve de belles surprises à ses participants souvent étonnés par le nombre de personnages illustres qui y reposent pour l’éternité ou presque. Pendant presque deux heures les 25 participants – leur nombre est limité pour une meilleure écoute – ils suivent Jean-Philippe Savignoni dans ce périple mortuaire bizarrement plein de vie. Il faut dire qu’en bon conteur, le guide ne manque pas d’anecdotes. Des histoires que le conteur ne manque jamais d’illustrer de photos ou de dessins pour enrichir ses propos. On pourrait penser qu’après toutes ses années il aurait tendance à se répéter, mais ce n’est pas le cas tant son cerveau d’historien amoureux du patrimoine regorge d’archives. Celles-ci semblent même régulièrement remises à jour et enrichies de nouvelles anecdotes.

Les amateurs de la sortie sont d’ailleurs nombreux à revenir d’une année sur l’autre. " C’est à chaque fois différent, résume à ce propos une dame originaire du Faubourg. C’est la troisième fois que je viens et j’en profite à chaque fois pour inviter une amie, poursuit cette Ruthénoise aux cheveux grisonnants. J’apprends toujours quelque chose de nouveau sur les défunts visités, le cimetière la ville ou encore les mœurs des Ruthénois à une certaine époque. C’est vraiment plaisant ", conclut-elle avant de tourner les talons pour rejoindre le groupe en marche vers une autre tombe.

La doublure de Fantomas…

Des nouveautés, Jean-Philippe Savignoni en avait réservé quelques-unes pour la sortie programmée ce mercredi 20 octobre. À l’image de la première tombe visitée lors de la sortie. "En 22 ans, c’est la première fois que j’en parle", déclare le conteur face à l’auditoire conquis. Cette tombe qui a retenu l’attention de Jean-Philippe Savignoni, c’est celle où repose depuis 2018 la dépouille de Christian Toma. Ce nom peu connu, c’est celui d’un acteur qui a pourtant endossé le rôle de doublure officielle du célèbre Fantomas. " Il entrait en scène lorsque pour les besoins du film, Jean Marais qui interprétait les rôles du journaliste et celui de Fantomas avait ses deux personnages à l’écran ", explique le conteur du patrimoine, en précisant qu’il avait également interprété d’autres rôles et que sa carrière avait bien été remplie. Ravi de l’effet produit par cette anecdote sur les participants, Jean-Philippe Savignoni reprend la balade en direction d’une autre sépulture atypique.

À chaque halte il recommence. S’il le voulait, la promenade pourrait durer toute la journée tant il y a là matière à raconter. Absorbé par toutes ces histoires, le public ne voit pas le temps défiler et c’est déjà la fin. Sûr du formidable potentiel touristique et patrimonial de cette animation, le service patrimoine de l’Agglo réfléchit à l’élaboration d’une carte détaillée du cimetière avec l’emplacement des tombes à voir et à revoir.

Bientôt une carte détaillée ?

En attendant sa parution, pour quoi ne pas profiter de la Toussaint pour parcourir les allées de cimetière, à la recherche de ces fabuleux destins réunis dans "ce dernier espace de liberté", comme le qualifie Jean-Philippe Savignoni.

Dans le détail, la visite proposée par le guide parcourt une dizaine de tombes toutes plus ou moins dans le même secteur, mais d’autres toutes aussi étonnantes par leurs formes ou sculptures ou par les gens qui y reposent, méritent également le détour.

Parmi les incontournables il y a par exemple le caveau de Louis Bouloumié, un avocat ruthénois dont les convictions politiques l’ont conduit à se réfugier en Espagne. Malade, il revint en France où, en 1854, il acheta une source et ouvrit une modeste station thermale, du nom de Vittel. La famille de l’inventeur des eaux aujourd’hui connues dans le monde entier en resta propriétaire pendant plus de cent ans. On peut citer les sépultures de l’explorateur Camille Douls, de l’artiste Denys Puech bien sûr, du général Béteille, etc.

Reconnaissable par la carte de la Corse gravée dessus, il y a aussi la tombe de Paulo Chiesa, le guitariste corse qui a accompagné Tino Rossi à la grande époque est toute proche. Sur sa sépulture, on peut aussi le voir, guitare à la main, accompagné de son épouse. Quelques Ruthénois se souviennent peut-être encore de la boutique qu’il tenait place de la Cité, dans laquelle il vendait des articles de chasse et de pêche, tout en continuant à gratter sa guitare.

On peut aussi citer la tombe de l’aviateur aveyronnais Raymond Caillol, qui a effectué la première livraison postale entre Paris et Madagascar, en décembre 1929. Au retour, sa machine s’est écrasée en pleine brousse. Pour cette raison, son caveau est orné d’un avion en marbre avec les ailes brisées.

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