Onet-le-Château. L’hydrogène, une future filière industrielle pour l’Aveyron ?

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  • La nouvelle station à hydrogène de Braley sera en fonction d’ici à la fin de l’année.
    La nouvelle station à hydrogène de Braley sera en fonction d’ici à la fin de l’année. Photo J.-A.T.
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Guilhem Richaud

Pendant longtemps, l’industrie aveyronnaise a reposé sur le Diesel. Désormais, l’hydrogène semble être un axe de diversification pour le territoire. La station Braley, installée à Onet entrera en fonction à la fin de l’année et pourrait permettre le développement d’une nouvelle filière.

Et si l’avenir industriel de l’Aveyron passait par l’hydrogène ? L’hypothèse existe depuis plusieurs années déjà. Mais il est difficile de dire qu’elle est la voie qui permettra au territoire de résoudre les problèmes de son industrie.

Le moteur à hydrogène s’il n’est pas la solution à tout, devrait être, dans les dix années à venir, une des alternatives aux moteurs thermiques, dont l’avenir semble condamné par la nécessité de réduire l’empreinte carbone.

Pour le moment, l’industrie française n’est pas encore structurée pour avancer sur le dossier de l’hydrogène. Mais la Région Occitan

ie, est motrice sur le sujet depuis plusieurs années, avec divers programmes lancés ou soutenus dans différents départements. Et Emmanuel Macron a annoncé mi-octobre, dans le cadre du Plan d’investissement France 2030, des fonds pour aider au développement d’une filière.

Une décision qui a forcément fait sourire Christian Braley. Le chef d’entreprise aveyronnais est le pionnier de l’hydrogène en Aveyron. Cela fait en effet pas loin de 10 ans qu’il s’intéresse au projet. "Ici, on aime les expérimentations, rappelle-t-il. Il y a 20 ans, on a découvert le photovoltaïque et on a monté ce qui était à l’époque l’une des 100 plus grosses installations de France." C’est l’un de ses interlocuteurs sur ce sujet qui, sachant que le patron aveyronnais aimait les nouveautés, le met en contact avec un spécialiste de l’hydrogène. "Il est venu à la maison avec une mallette et une maquette de petite station hydrogène. On s’est mis sur la terrasse. Il y avait une petite éolienne qui fabriquait de l’électricité. On coupait la molécule pour faire un petit état gazeux, et vice-versa, on pouvait refaire de l’électricité."

Je suis certain que c’est l’avenir, L’hydrogène, permet et de stocker l’électricité et de la rendre mobile.

L’idée séduit de suite Christian Braley qui voit la possibilité de fabriquer de l’hydrogène vert. "L’Aveyron, est un des premiers départements de France en termes de production d’énergies renouvelables, reprend-il. On est truffés de barrages, d’éolien et de méthanisation. Mais comme l’électricité se produit en linéaire et s’utilise en dent de scie, il y a forcément de la perte. L’hydrogène pourrait permettre de récupérer cette électricité perdue. On en revient au cœur de notre activité : la gestion des déchets. EDF n’aime pas que j’utilise ce terme, mais en produisant de l’hydrogène, on traite un déchet."

Alors l’entreprise monte un premier projet de construction d’une station hydrogène avec le CEA de Grenoble. Mais le projet coûte 7 M€ et le CEA ne veut pas apporter de garanties. Alors Braley jette l’éponge. "Mais quelques mois plus tard, un projet européen de développement d’une trentaine de stations en Europe dont 4 ou 5 en France s’est monté, reprend le chef d’entreprise. On a été choisi pour faire la plus grande station de production et de distribution en France."

L’objectif est simple : vendre une quinzaine de Kangoo transformées pour rouler à l’hydrogène, et évidemment construire une station pour les alimenter. Et au bout de quelques années faire le point. "Il fallait être prêts fin 2017 pour remonter des données en 2020, reprend Braley. Mais on a eu les deux gros incendies à Bozouls qui ont retardé la construction de la station." Pour ne pas abandonner, le chef d’entreprise investi 150 000 € dans une petite station portative, qui permettra de mener à bien l’expérimentation puisque quelques grandes entreprises et collectivités ont joué le jeu en achetant les véhicules. Et le chantier de la station définitive, lui, a attaqué fin 2020. "Elle est prête, se réjouit Christian Braley. Il reste encore quelques ajustements, mais elle ouvrira en fin d’année."

Longue autonomie et vitesse de charge

Maintenant, il faudra la faire fonctionner. Il s’agit autant d’un défi technologique que financier. Christian Braley a investi 7,4 M€ (aidé par l’Europe à hauteur d’1M€ et par la Région de 400 000 €). Pour s’assurer quelques revenus supplémentaires, des services annexes (bornes de recharge électrique rapides, station de lavage poids lourds, station GNC). Un choix indispensable puisque l’hydrogène manque encore d’applicatifs du quotidien. Les voitures sont peu nombreuses, les camions pas encore en service et les collectivités, face au prix des engins, n’ont pas encore sauté le pas dans l’achat des bus.

Si la Région commence à équiper certaines lignes avec des bus modifiés pour être compatibles, l’Agglo de Rodez, elle, a choisi, lors du renouvellement de sa flotte en fin d’année dernière, de miser sur le gaz naturel. Une décision liée au coût des engins, pour le moment trois fois plus chers. Mais il faudra sans doute attendre un peu pour que l’usage de l’hydrogène se généralise. Pareil pour les voitures, qui ne sont pas encore sur le marché. Pour Christian Braley, ça viendra forcément : "Je suis certain que c’est l’avenir, assure-t-il. L’hydrogène, permet et de stocker l’électricité et de la rendre mobile. La voiture électrique n’est pas mal, mais on se rend compte qu’on n’arrive pas à avoir beaucoup d’autonomie et qu’elle met beaucoup de temps à se charger. C’est très bien pour une deuxième voiture, mais difficile quand on fait beaucoup de kilomètres. L’hydrogène change tout. Vous avez l’avantage de l’électrique et remplissez le réservoir à l’instant T. Au niveau de l’autonomie, on obtiendra très vite la capacité d’un gasoil."

En attendant, la station servira à remplir des bouteilles pour l’industrie. En espérant également que les entreprises aveyronnaises qui peuvent trouver leur place dans l’univers de l’hydrogène se lancent rapidement et qu’une véritable filière se crée en Aveyron.

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