Gendarmerie de l'Aveyron : une révolution dans la gestion des interventions

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  • Le centre opérationnel, avec  sa cartographie interactive, qui gère les alertes et sollicite soit les brigades territoriales, soit les BGE
    Le centre opérationnel, avec sa cartographie interactive, qui gère les alertes et sollicite soit les brigades territoriales, soit les BGE Centre Presse - C.C.
  • Le colonel Fagard au centre opérationnel. Les sorties de chaque brigade sont suivies en temps réel.
    Le colonel Fagard au centre opérationnel. Les sorties de chaque brigade sont suivies en temps réel. Centre Presse - C.C.
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Pour faire face efficacement aux 12.000 interventions annuelles des gendarmes, un nouveau dispositif de "gestion de l'événement" est expérimenté jusqu'en mars au sein du groupement de l’Aveyron. Et promet déjà de donner les résultats escomptés.  

Le dispositif est en phase d'expérimentation mais donne déjà "d'excellents résultats, la nuit en particulier, où 90% des interventions sont gérées par la nouvelle brigade", se réjouit le colonel Yann Fagard, commandant du groupement de gendarmerie de l'Aveyron. La brigade de gestion des événements (BGE) est en place depuis le 13 septembre dans le département qui se met ainsi au diapason des autres territoires de France pour tester, jusqu'en mars, une "évolution majeure dans la gestion des interventions", annonce le colonel Fagard. 

Deux objectifs majeurs sont  l'origine de cette nouvelle approche qui remet en question un fonctionnement de plusieurs décennies au sein du groupement. Tout d'abord, une directive européenne datant d'au moins trois ans, qui impose aux effectifs assurant les interventions de nuit, un repos physiologique de 11 heures avant de reprendre leur service. Jusqu'alors, l'organisation des plannings devait ainsi se gérer à travers des jours de récupération, toujours difficiles à mettre en œuvre. Une autre directive est venue la compléter : elle émane du gouvernement cette fois qui souhaite une plus grande présence des forces de l'ordre sur la voie publique. Comment concilier les deux ? 

La base de la réflexion a porté sur la nature des interventions. En Aveyron, le centre opérationnel (centrale d'appel à Rodez) reçoit quelque 65.000 appels par an, lesquels déclenchent 12.000 interventions. "Celles-ci sont classées en deux grandes familles : les interventions urgentes telles que les accidents de la route, les violences intra familiales, les cambriolages, la découverte d'un cadavre... Et puis celles qui le sont moins, comme les tapages nocturnes, les voitures mal garées, les alarmes des commerces, la divagation des animaux, etc. Ce sont ces dernières qui sont confiées aux nouvelles BGE, chacune d'elles étant composée de trois gendarmes"

Trois pôles d'action en Aveyron pour les petites interventions

Là où les choses deviennent plus complexes, c'est que l'Aveyron est divisé désormais, pour donner corps à cette évolution, en trois zones, dont les contours ont été dessinés en fonction de la fréquence des interventions, calculées au cours des trois dernières années. Sont ainsi délimités les secteurs Centre, Ouest et Sud, l'extrême nord de l'Aveyron n'en faisant pas partie. Une BGE est installée au centre de chacune de ces zones (Villefranche, Rodez, Saint-Affrique) et ce sont les communautés de brigade de chaque secteur qui fournissent, à tour de rôle, le trinôme qui anime chaque BGE.

Ce qui laisse aux brigades territoriales le personnel nécessaire pour s'acquitter, à tout moment, des tâches les plus urgentes dans leur périmètre naturel d'intervention et de rester en contact avec les populations. Une disponibilité renforcée par le délestage des "petites interventions", très chronophages, dont se charge désormais la BGE. De leur côté, les quinze communautés de brigade du département assurent chacune avec cinq gendarmes prêts à l'action, tous les jours de l'année et toutes les heures de la journée, cette indispensable proximité avec les habitants du territoire : "Il y a toujours une équipe de proximité pour intervenir en urgence", martèle Yann Fagard. 

Rassurer les citoyens 

Pour autant, comment ne pas entendre les inquiétudes citoyennes quant à cette partition, de jour comme de nuit, qui pourrait ralentir l'arrivée des gendarmes, voire l'allégement de leurs effectifs en Aveyron. Le colonel Fagard rassure aussitôt : " La BGE  est positionnée au centre du secteur pour ne pas avoir plus de 40 minutes de délai de route pour intervenir ce qui, la nuit notamment, correspondait déjà au temps maximum à parcourir pour se rendre sur une intervention. De plus, pas un seul poste de gendarme, pas une seule caserne ne sont supprimés dans le département"

Sur le papier, la création des BGE, pour un peu complexe qu'elle apparaisse, résout en elle-même bien des problèmes d'effectifs face à toute sorte d'intervention. Et sur le terrain ? "Ça fonctionne bien, seuls quelques petits réglages sont à opérer pour déterminer en amont la nature de l'intervention", reprend le colonel Fagard. Ainsi, ne soyez pas étonnés de voir intervenir depuis Rodez les gendarmes de Baraqueville quand une vache divague sur la RN88... à Laissac, laissant ainsi les gendarmes laissagais se consacrer pleinement à des violences intrafamiliales, par exemple, qui imposent leur présence rapide...

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