Salles-Courbatiès : voyageur du monde, amoureux d’art, d’histoire et de botanique

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  • Nick Postma apprécie sa nouvelle vie dans la campagne aveyronnaise et dans le cadre somptueux du château de Bournazel.
    Nick Postma apprécie sa nouvelle vie dans la campagne aveyronnaise et dans le cadre somptueux du château de Bournazel. Photos J.B. et repros CP
  • Après Hever Castel, Nick parcourt les allées des jardins du château de Bournazel.
    Après Hever Castel, Nick parcourt les allées des jardins du château de Bournazel.
  • Voyageur du monde, amoureux d’art, d’histoire et de botanique
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Publié le
Joel Born

Originaire de Melbourne, en Australie, Nick Postma, a longtemps vécu en Angleterre, où il a travaillé pour un marchand d’art, à Londres, avant de se reconvertir dans la botanique et de s’occuper des jardins du Hever Castle. Aujourd’hui installé à Salles-Courbatiès, il officie au château de Bournazel. Rencontre avec un voyageur du monde.

J’aime bien la vie qui bouge, les nouveaux défis ", avoue Nick, en parcourant, sous un beau soleil automnal, les allées des jardins du château de Bournazel, où cet Australien de 49 ans, fils de migrant irlandais, officie depuis l’an passé. Nicholas (son vrai prénom) Postma – " tout le monde m’appelle Nick, sauf ma mère… ", précise-t-il en souriant – a l’âme d’un voyageur du monde. Natif de Melbourne, il a décroché une licence d’histoire d’art et d’archéologie avant de faire ses bagages et de s’envoler, à 21 ans, pour l’Italie. Une première escapade studieuse qui lui a permis de s’imprégner de Baroque et de Renaissance. Après cette longue parenthèse italienne, Nick, qui connaît bien la Belgique et les Pays-Bas, où il possède de la famille et où il avait déjà séjourné plusieurs fois, a poursuivi son périple européen en Autriche, pendant trois semaines, puis en France, pendant un mois. Le début finalement d’une nouvelle vie, loin de l’état de Victoria.

À Londres avec 20 livres sterling en poche !

"Je n’avais plus d’argent et je suis parti en Angleterre avec 20 livres sterling en poche, raconte Nick. J’ai été obligé de trouver du travail rapidement. C’est d’ailleurs l’histoire de beaucoup d’Australiens. J’ai vite trouvé un job dans un restaurant. À cette époque, c’était facile."

Après cinq années dans la restauration (ça vous forge un mental…), Nick a décidé de retourner à l’université. Au Courtauld Institut, à Londres, où il a repris ses études d’histoire de l’art. La galerie de cet institut, installé à Somerset House et où ont été formés de nombreux experts du monde de l’art, possède une impressionnante collection de tableaux. C’est d’ailleurs l’une des collections d’art impressionniste les plus importantes du Royaume-Uni. Un régal pour un étudiant.

Picasso, Matisse, Chagall…

Après cette expérience pour le moins enrichissante, Nick a travaillé pendant 18 ans, chez un marchand d’art du Mayfair, spécialiste des œuvres d’art sur papier du XXe siècle. "Cela ne correspondait pas vraiment à mes études, mais quand on est passionné pour l’art, ce n’est pas un problème. Ce fut une extraordinaire opportunité pour moi. J’ai vu plein de choses, de magnifiques collections privées", raconte celui qui est ainsi devenu expert pour galeries en estampes originales de grands artistes du début du XXe siècle, de Picasso à Matisse ou Chagall. "J’ai aussi vu le marché évoluer au niveau des prix et des clients avec, au début, de vrais collectionneurs et puis, après, plutôt des investisseurs. Maintenant, beaucoup d’acheteurs veulent avant tout le nom de l’artiste… L’esprit existe encore, mais plutôt avec des artistes moins connus, moins chers…"

Reconversion "verte"

La quarantaine arrivant, après une longue réflexion, Nick Postma a décidé d’entamer sa reconversion. "Verte", en l’occurrence. "J’ai toujours été intéressé par le jardinage et pendant quelques années j’ai pu partager mon temps entre les galeries d’art et les plantes."

Le spécialiste en histoire de l’art a ainsi appris pendant trois ans la botanique auprès de la célèbre RHS, la Royal horticultural society, ce qui lui a valu d’effectuer un stage dans le cadre somptueux du Hever Castel. Ce château médiéval, l’un des joyaux de la région du Kent, a été restauré par un richissime Américain. "Il a créé un jardin incroyable de 50 hectares, avec notamment des sculptures grecques originales, dans lequel il a investi 100 millions de livres sterling. Il a aussi creusé un immense lac", raconte Nick, qui est devenu adjoint au chef des jardins de Hever Castle, après avoir été embauché comme jardinier.

Sous le charme de la campagne aveyronnaise

Mais il était certainement dit que le voyage de Nick ne s’arrêterait pas, en si bon chemin, aussi beau fut-il, dans la roseraie d’Hever Castle. "J’étais très content là-bas mais je n’étais pas d’accord avec le Brexit", résume-t-il. Avec son partenaire, ils ont finalement décidé de s’installer en France. Après avoir recherché, en vain, une maison dans le Lot voisin, ils sont tombés sous le charme de la campagne aveyronnaise et fait l’acquisition d’une grande et belle demeure, dans le village de Salles-Courbatiès. C’est ainsi que Nick Postma, en simple touriste, a découvert, heureuse rencontre, le château de Bournazel. Ayant postulé, au départ, pour un poste de jardinier, il a eu la chance de pouvoir longuement échanger avec Gérald Harlin. "Après notre entretien, il s’est donné une réflexion de deux semaines. Comme il y avait déjà un jardinier, il m’a finalement proposé de m’occuper de l’accueil et d’organiser des visites en anglais. Pour moi, c’est un rêve de travailler dans un lieu comme ça."

Depuis l’automne 2020, Nick Postma a pris ses nouvelles fonctions au sein du château Renaissance de l’Ouest aveyronnais, qui a retrouvé tout son lustre d’antan, grâce aux efforts de ses nouveaux propriétaires. "La restauration est tellement bien faite qu’on a l’impression qu’il est pratiquement comme il était au XVIe siècle", savoure-t-il.

Outre l’accueil, il gère la partie administrative et développe l’image du château sur les réseaux sociaux. Durant tout l’été, il a animé quotidiennement des visites en anglais et a également constitué un dossier de presse dans la langue de Shakespeare. "La restauration étant pratiquement terminée, il faut maintenant le présenter au grand public et l’ouvrir au monde", insiste Nick. L’an prochain, une borne interactive sera installée dans l’enceinte du château, où il ambitionne, entre autres projets, d’accueillir le tournage d’un film. L’enfant voyageur de Melbourne a, de toute évidence, trouvé son nouveau bonheur en ce coin paisible de terre aveyronnaise, où il s’épanouit aujourd’hui.

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