Saint-Affrique. Rescapé du Bataclan, le Saint-Affricain Arnaud Fradin a renoncé au procès

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  • Arnaud Fradin assure de moins en moins penser au Bataclan quand il va voir des concerts. Arnaud Fradin assure de moins en moins penser au Bataclan quand il va voir des concerts.
    Arnaud Fradin assure de moins en moins penser au Bataclan quand il va voir des concerts. Archives
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Jean-Marc Cognot

Le 13 novembre 2015, Le jeune Saint-Affricain échappe aux terroristes qui ont visé la salle de spectacle parisienne en se réfugiant avec d’autres sur les toits. Il a fait le choix de ne pas participer au procès.

Arnaud Fradin, âgé de 32 ans, a passé la plus grande partie de son enfance et de son adolescence à Saint-Affrique. Aujourd’hui, il vit à Toulouse et travaille comme développeur de logiciels informatiques. C’est un passionné de musique, notamment de métal.

Le vendredi 13 novembre 2015 au soir des attentats de Paris, âgé à l’époque de 26 ans, il était au Bataclan. Il avait alors réussi à échapper aux terroristes en se réfugiant sur le toit du bâtiment en attendant l’arrivée de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) et la délivrance.

En septembre s’est ouvert au palais de justice de Paris le procès des auteurs des tueries de ce soir-là. L’audition des parties civiles s’est terminée la semaine dernière, sans la présence du Saint-Affricain : "J’ai reçu une lettre officielle du parquet de Paris un an, ou un an et demi, après les attentats, explique-t-il. Nos noms avaient été recensés par la police à la sortie du Bataclan quand on a été évacués dans l’arrière-cour d’un immeuble. Comme on avait été victime, on pouvait se porter partie civile en les contactant. Je me sentais assez distant de tout cela. J’étais passé à autre chose. Je n’éprouvais pas le besoin ni de voir les terroristes, ni de recevoir de dédommagement. Donc je n’ai pas donné suite et je n’ai pas répondu."

Arnaud Fradin justifie sa décision notamment par le fait d’avoir écrit son témoignage dans un livre paru en 2016 (lire par ailleurs). "Ça m’a enlevé un énorme poids, reprend-il. Avec le recul, c’est cela qui m’a permis de passer à autre chose. Dans les deux semaines qui ont suivi l’attentat, j’ai ressassé en boucle toutes les hypothèses possibles. Si je n’avais pas été malade, est-ce que je serais monté au balcon ? A priori non. Dans le meilleur des cas, même sans être blessé, j’aurais vu des choses traumatisantes pour les années à venir. J’avais proposé à des amis de m’accompagner au concert. S’ils avaient accepté, qui sait ce qui aurait pu se passer ? Beaucoup de possibilités infinies tournaient dans mon esprit. Le fait d’avoir écrit ce que j’ai vécu m’a permis de ne pas ressasser les pensées sombres que j’ai eues dans les semaines qui ont suivi." Estimant avoir eu "beaucoup de chance en ayant pu aller rapidement sur le toit sans danger", il assure ne pas "avoir besoin d’un dédommagement financier".

"Important que les parties civiles puissent s’exprimer"

Arnaud Fradin ne suit pas le procès au quotidien. Il a entendu à la radio plusieurs comptes rendus et lu des articles sur internet : "C’est bien et c’est normal que le procès ait lieu et que la justice soit saisie. Il y a un seul terroriste de présent. Les autres accusés sont des complices plus ou moins éloignés. C’est presque plus précieux d’entendre les victimes et leurs familles que d’entendre les terroristes. Je suis relativement neutre par rapport à la tenue du procès. Je suis beaucoup plus touché et intéressé par les parties civiles qui ont le courage de venir parler au tribunal que par ce que pourront dire les accusés. Pour moi, au vu des accusations envers Salah Abdeslam, sa condamnation à perpétuité me semble relever d’une simple formalité. Mais il est important que les parties civiles et les témoins puissent s’exprimer."

Arnaud Fradin assure ne plus beaucoup penser au Bataclan : "Ça m’arrive encore d’en parler. Parfois je suis contacté via Facebook par des gens qui ont lu mon livre. Mais je n’y pense plus au quotidien. Lors de concerts, j’y pense très occasionnellement." Arnaud Fradin est "soulagé" que depuis Nice (en juillet 2016), qu’il n’y ait plus d’attentat de masse en France. "Je déplore à titre personnel toute la récupération politique faite de ces attentats pour aborder les thèmes de la sécurité et de l’immigration. C’est indécent d’utiliser ces sujets pour avancer des points de programmes politiques."

Dans "Nuit sans étoiles sur les toits du Bataclan", publié en 2016 aux éditions saint-affricaines les Fleurines, Arnaud Fradin livre son témoignage. 38 pages, 5 €.

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