Onet-le-Château. Cyclisme : l'Aveyronnais Alexandre Geniez raccrochera en 2022

  • Alexandre Geniez, chez lui, entouré des maillots qui ont compté durant sa carrière.
    Alexandre Geniez, chez lui, entouré des maillots qui ont compté durant sa carrière. Jean-Louis Bories
Publié le
Aurélien Parayre

À 33 ans, le coureur aveyronnais de chez TotalEnergies a décidé de ranger son vélo à la fin de l’année prochaine. Une décision mûrement réfléchie qui n’affecte en rien ses ambitions pour la saison à venir. Bien au contraire.

La saison touche à sa fin en ce mois d’octobre. Rentré chez lui, à Onet-le-Château, Alexandre Geniez a l’air sacrément affûté. Un café pour nous, une eau pétillante pour lui, il ouvre les portes de ses souvenirs, en même temps que celles de sa demeure, à l’heure où il veut annoncer un grand chamboulement. à savoir sa retraite sportive… qu’il prendra à la fin de l’année 2022.

"Dans ma tête, ça fait un petit moment maintenant que c’est décidé, livre le grimpeur-puncheur, en toute sérénité. Je m’étais fixé cet objectif-là. " Quatorze participations dans les trois grands tours, seize victoires chez les pros, quelque 300 000 kilomètres avalés en course ou à l’entraînement, 18 pays visités… Les chiffres parlent pour le natif de Flavin. Il peut aujourd’hui se retourner sans sursauter. Lui qui n’était pas du tout promis à telle carrière. "Je ne suis pas issu d’une famille de cyclistes, on ne regardait pas le Tour chez moi et il n’y avait pas grand-chose qui me prédestinait à ça, souffle le petit-fils d’agriculteurs. J’étais davantage passionné par le VTT."

"En 2008, si on m’avait dit : "Tu passeras pro", j’aurais rigolé"

Son passage chez les pros s’est d’ailleurs réalisé " petit à petit, mais paradoxalement très vite aussi ". Et de raconter : " Quand je suis parti à Toulouse pour les études, là-bas le VTT c’était impossible à pratiquer, je suis alors passé sur la route ; et j’ai eu de bons résultats rapidement. De Blagnac, je suis parti à La Pomme Marseille parce que je me suis pris au jeu de la progression. " La proposition d’en faire son métier à part entière arrivant dans l’année. "Fin 2008, si on m’avait dit : "Tu passeras pro", j’aurais rigolé", se souvient celui qui s’était acheté son premier vélo de route seulement deux ans auparavant, " grâce à un job d’été à la mairie de Flavin ". "Aspiré dans le truc " du monde pro presque par hasard donc, Geniez veut aujourd’hui refermer la page d’un important chapitre de sa vie de la plus belle des manières. En espérant vivre une année 2022 en forme de bouquet final.

C’est d’ailleurs dans cette optique qu’il anticipe l’annonce de son arrêt. Car c’est "le bon moment" selon celui dont le contrat avec Total terminera aussi fin 2022. Et de détailler : "Je ne veux pas faire durer pour faire durer. Hors de question. Je me dis que j’ai fait une belle carrière ; et je ne veux pas m’arrêter comme certains en étant aigris, à ne pas être satisfait de moi-même. Et puis on voit également la nouvelle génération qui pousse, les courses qui ont un peu évolué aussi. Il y a plus de pression, de nervosité." De dangerosité peut-être ? "Nervosité surtout. Le positionnement est de plus en plus important dans le peloton."

Au-delà, tout le travail de l’ombre effectué notamment durant l’hiver pour briller les beaux jours venus est devenu pesant pour le grimpeur qui aura travaillé durant sa carrière ses qualités de finisseur pour se muer en puncheur capable de passer la ligne les bras levés, comme en 2017 juste devant Pinot et Nibali sur les Trois vallées varésines en Italie.

"Les sacrifices à faire pendant l’hiver, je ne suis plus prêt à y satisfaire pendant encore quatre ou cinq ans, expose-t-il sans langue de bois. Je préfère me dire dès maintenant : j’arrête à la fin de l’année prochaine. Mais je la fais à bloc, avec les sacrifices tenus à 120 %. Pour ne rien avoir à regretter. "

Et tenter de s’offrir ainsi une ultime tournée en apothéose. Une dernière ligne droite grandiose. Lui qui ne sait pas encore de quoi sera fait son programme de courses. Mais qui espère des "destinations exotiques", comme l’Argentine, la Californie ; sans oublier "(ses) courses fétiches", le Tour de Provence ou la Route d’Occitanie. Évidemment, et comme chaque année ou presque, le Tour de France reste dans un coin de sa tête. Il y a déjà participé à deux reprises, avec notamment un glorieux 25 juillet 2015 ; quand parti à l’attaque, il a grandement servi les intérêts de son leader d’alors Thibaut Pinot, vainqueur de prestige en haut de l’Alpe-d’Huez.

Surtout qu’en juillet prochain, le départ de la 17e étape de la Grande Boucle sera donné chez lui, à Rodez. De quoi lui rappeler la "Geniez mania" à l’arrivée dans le quartier de Bourran, toujours en 2015, lors de la 13e étape. "Pour le Tour, les portes ne sont pas fermées, dit-il. On verra les conditions, comment ça se passe." La plus grande course du monde avec qui l’histoire n’a pas toujours été idyllique pour Geniez. Parfois s’y refusant de lui-même. Parfois aussi écarté de la grand-messe. Comme l’été dernier malgré un retour de sensations, largement en berne auparavant. Mais ce coup dur n’a pas pesé dans son choix, assure-t-il. "C’est sûr que j’étais déçu car j’y croyais. Mais ça fait partie de la vie de sportif de haut niveau, des sélections."

Et, surtout, ce n’est pas le vent contraire le plus puissant que le longiligne coureur a eu à affronter dernièrement. Un mal digestif rongeant sa santé en même temps que ses ambitions sportives depuis plusieurs mois jusqu’à l’hiver dernier et le déclic : un régime alimentaire spécifique et notamment sans gluten. "Quand on est dans des périodes comme ça, on peut voir que le côté sombre, avance le trentenaire aveyronnais. Mais je me dis aussi que j’ai eu de la chance dans ma carrière car je n’ai jamais eu de grosses blessures, je n’ai jamais été arrêté pendant de longues périodes suite à de grosses chutes ou autres. "

Pour autant, ses plus belles années de cycliste ont été émaillées par cet état de forme brinquebalant, voire défaillant, mais aujourd’hui derrière lui. Là encore, un argument de plus pour teinter 2022 de succès et goûter à certaines choses qu’il aurait pu (dû ?) vivre.

Sans néanmoins vouloir rattraper le temps perdu. Mais plutôt en balisant l’avenir. "Je regarde les formations, j’y pense. Mais c’est clairement difficile de se lancer à fond dans la reconversion et d’être à 100 % dans le vélo. Et comme je l’ai dit, je veux terminer à fond ", livre celui qui se dit "ouvert à tout" pour l’après. Déjà actionnaire dans un magasin de cycles depuis plusieurs années, il ne sait pas encore s’il quittera le monde du vélo pro. " Beaucoup disent qu’ils n’en peuvent plus de ce milieu quand ils arrêtent. Ce n’est pas du tout mon cas, éclaire-t-il. Ce sera un choix à faire, ça c’est clair." Et d’étayer devant notre insistance : "Honnêtement, j’adore la vision de la course, la stratégie, que j’ai apprises d’ailleurs sur le tard, mais je ne me vois pas forcément directeur sportif. C’est peu probable, rigole-t-il, avant de redevenir plus sérieux : Dans le vélo, il existe des postes qu’il n’y avait pas avant : dans la gestion de la structure, du matériel. Je ne me ferme pas de portes."

Euskaltel-Euskadi et Sky, ces équipes qui l’ont approché

Une ouverture d’esprit qui l’a toujours guidé dans sa carrière. Choisissant ainsi par exemple de passer pro chez les Hollandais de Skil-Shimano en 2010 alors que la pouponnière de la FDJ, voie royale pour un Tricolore, lui avait fait les yeux doux. "La Française m’avait proposé un double projet pour commencer." Quelques années plus tard, alors qu’il porte cette fois le maillot au Trèfle, c’est la grande Sky qui tente une approche. Finalement, il prolonge chez Marc Madiot, là où il aurait tout aussi bien pu ne pas se retrouver puisqu’en 2012 déjà, et alors qu’il "ne parlait pas un mot d’Espagnol ", Geniez rencontre à Biarritz les dirigeants de l’époque de la formation basque, Euskaltel-Euskadi.

Pas de signature ibérique, mais comme un signe pour celui qui glanera sur le Tour d’Espagne trois succès de prestige. " La victoire à Peyragudes (en 2013) reste la plus belle, indique-t-il, les yeux pétillants. C’était la première, sur l’étape reine cette année-là. J’ai eu le temps de la savourer à l’arrivée. Ce n’était pas l’aboutissement d’un rêve, mais un peu quand même. " En Italie aussi, c’est la belle vie pour lui. Là, il y joue souvent le classement général. Comme en 2015, où il termine neuvième. "Grand moment au niveau sportif, mais aussi avec l’équipe. " Vuelta et Giro qui lui auront aussi fait vivre deux désillusions majeures : en 2016, il se casse le scaphoïde et abandonne très tôt avant de devoir subir une opération qui le privera de Tour. Un an plus tard, plus à l’Ouest, s’accrochant un peu trop à une voiture, il est exclu. "J’avais des jambes de folie, j’attendais cette troisième semaine avec impatience car j’avais coché trois étapes vallonnées et je me fais sortir le dimanche juste avant. "

Des moments qui resteront. De ceux, les exploits comme les déboires, que ses supporters aveyronnais pourront se conter encore et encore, lui espérant un successeur dans le peloton. En attendant, il reste toute une année à Geniez pour écrire un dernier chapitre. Et il compte bien le faire en lettres d’or.

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