Éric Dupond-Moretti en débat à Rodez : « Rien ne sera jeté à la poubelle » 

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  • Éric Dupond-Moretti a débattu durant plus de deux heures.
    Éric Dupond-Moretti a débattu durant plus de deux heures. Jean-Louis Bories
Publié le
Mathieu Roualdés

Le garde des Sceaux, qui a vu sa mise en examen confirmée dans la journée de mercredi, s’est montré des plus détendus et consensuels lors d’un débat hier soir à Rodez, trop souvent concentré sur des questions techniques.

Il n’en a pas dit un mot. Et personne n’a osé lui poser la question ou ne s’en est finalement préoccupé… Éric Dupond-Moretti s’est simplement dit « heureux, très heureux » d’être à Rodez pour son deuxième débat public dans le cadre des États généraux de la justice. Bien loin finalement des polémiques qu’il n’apprécie guère. Car sa journée avait mal débuté. À l’heure du déjeuner, le garde des Sceaux a vu sa mise en examen pour « prise illégale d’intérêts » confirmée, après le rejet de la requête déposée par ses avocats auprès de la Cour de justice de la République (CJR). Soupçonné d’avoir profité de sa fonction pour régler ses comptes avec des magistrats, il est le premier ministre de la Justice mis en examen dans l’histoire de la Ve République.

« Je ne peux pas tout résoudre en un claquement de doigts »

Hier soir, il n’était pas question d’évoquer ce sujet, seul l’intérêt collectif primait. Celui de « la modernisation de la justice, après sa réparation », comme l’a indiqué l’ancien ténor du barreau, égrenant ses actions depuis son arrivée à la Chancellerie et défendant la mandature d’Emmanuel Macron sous laquelle « les moyens alloués à la justice sont inédits… »  Face à un auditoire composé de 400 personnes, professionnels de la justice pour la plupart, les débats se sont souvent, trop souvent perdus dans des questions techniques. Chacun a profité du micro pour évoquer les problèmes liés à sa corporation, parfois au grand dam du ministre souhaitant sortir de cet « entre-soi des acteurs de la justice ». Car ces États généraux sont avant tout une réponse à un constat, celui de la confiance perdue des Français en leur justice. « Je le partage », a souvent rappelé Éric Dupond-Moretti dans la soirée.
Que ce soit sur les sujets de la justice pour mineurs, de la détention et même de la peine de mort, il s’est d’ailleurs montré particulièrement consensuel, loin de l’image de l’avocat tempétueux qui lui colle à la peau. Loin également d’un « manichéisme insupportable » lorsqu’un membre de la Ligue des droits de l’homme lui a fait le reproche d’une « politique du tout carcéral » et la construction de nouvelles places de prisons. Conscient également « que ce n’est pas un texte de loi ou une réforme qui redonnera confiance aux Français dans notre justice » quand le premier président de la cour d’appel de Montpellier, Tristan Gervais de Lafond, a demandé « un plan Marshall pour gérer le stock de dossiers en attente » dans sa juridiction. « Je ne peux pas tout résoudre en un claquement de doigts et je suis preneur de toutes les bonnes solutions », a-t-il insisté, tout en rappelant que « rien ne sera jeté à la poubelle de ces débats ». Et qu’ils serviraient au futur président de la République « quel qu’il soit ».

Morceaux choisis

“La grande délinquance est bien traitée. Je veux m’attaquer à la petite car elle pourrit notre vie au quotidien. On réglera cela en allant plus vite dans la réponse pénale. La lenteur de la justice est aujourd’hui la première préoccupation des Français. »
En réponse à Christian Teyssèdre, maire de Rodez, dénonçant une « réponse pénale pas toujours à la hauteur » et « trop de peines avec sursis, sans travail d’intérêt général ».

« Ce qui me dérange aujourd’hui, c’est le traitement de la justice comme d’un fait divers. On évoque les féminicides et c’est normal, c’est un fléau de notre société. Mais on ne parle jamais des dispositifs mis en place qui empêchent ces féminicides. »
En réponse à un étudiant en journalisme.

« Il faut faire venir un maximum d’employeurs dans les prisons pour que les détenus travaillent. Dans la loi pour la confiance en l’institution judiciaire, je signe la fin des réductions automatiques des peines. Désormais, elles se feront au mérite. Car travailler participe à la réinsertion et la prison ne peut être considéré sans réinsertion. »
En réponse à une interrogation sur la récidive.

« Soit on dit d’un garde des Sceaux qu’il est laxiste, soit qu’il est répressif. Moi, je n’ai pas trouvé d’autres solutions que de construire de nouvelles places de prison pour que les détenus soient incarcérés dans une meilleure dignité. Mais si vous en avez d’autres, je vous écoute.
En réponse à un militant de la Ligue des Droits de l’Homme sur la construction de nouvelles places de prison.

« Les réseaux sociaux sont un outil formidable de démocratie participative mais également une poubelle à ciel ouvert ! La liberté, oui. Mais la haine, certainement pas. »
En réponse à une étudiante s’interrogeant sur la « justice populaire » des réseaux sociaux.

« Je suis opposé à la légalisation du trafic de cannabis. Car le cannabis qui se veut festif d’un côté s’accompagne toujours du trafic qui tue dans les banlieues. »
En réponse à un élu.

« La délinquance des mineurs n’a pas augmenté, elle a même baissé. Elle est, en revanche, davantage violente. Mais ces chiffres, personne n’en parle. »
En réponse à une question sur la récidive et notamment chez les jeunes.

« De Rodez, j’en conserve de nombreux souvenirs. J’ai connu son tribunal dans sa version ancienne et moderne. Et j’ai surtout connu la gastronomie aveyronnaise et ça, ce sont des souvenirs que je ne peux oublier. »
En préambule de l’ouverture des débats.
 

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Les commentaires (1)
babar Il y a 2 années Le 04/11/2021 à 08:53

Lui qui voulait faire annuler sa mise examen et bien elle n'a pas été mise à la poubelle malheureusement pour lui. Son collègue d'origine aveyronnaise Richard Ferrand en marche lui aussi a bénéficié de la prescription.