Pédocriminalité : abusée à l'âge de 8 ans en Aveyron, "chaque jour à 11 h, ce religieux venait me chercher"

  • Maryse aide à son tour les victimes d’abus sexuels.
    Maryse aide à son tour les victimes d’abus sexuels. M.C.
Publié le
Jennifer Franco et Corentin Mirallès

Maryse a été agressée sexuellement à la fin des années 1950 par un religieux. L’Aveyronnaise a mis soixante ans à libérer sa parole. Elle raconte.

Maryse Catala, 71 ans, a mis soixante ans pour arriver à libérer sa parole. De longues années insoutenables de silence et de souffrance qui ont laissé de profonds stigmates tout au long de sa vie. Briser ce silence a été salvateur pour Maryse, victime d’un religieux dans son enfance, qui a abusé sexuellement d’elle alors qu’elle était âgée d’à peine 8 ans.

"Il m’a volé mon enfance, il m’a détruite"

"Il m’a volé mon enfance, mon innocence, il m’a détruite…", lâche l’Aveyronnaise marquée au fer rouge. C’est en 2018, lorsqu’elle rencontre Olivier Savignac, "le hasard a fait que nous n’habitons pas loin", que Maryse a réussi à mettre des mots sur des maux. "Je n’arrivais plus à vivre avec ce poids. Et je ne voulais pas mourir sans avoir parlé." Malgré la prescription des faits et la mort de son agresseur, à 68 ans, elle se décide à porter plainte. "J’aurais dû le faire bien avant. Mais, à l’époque, je ne suis pas tombée sur les bonnes personnes, les psychologues ne m’ont pas crue…"

Chaque jour, ce religieux âgé de 50 ans venait me chercher, m’emmenait dans sa chambre. La première fois, je n’ai pas compris

Tout au long de sa vie, les traumatismes subis se sont traduits par de nombreuses dépressions. "Nous sommes en 1958. Ma grand-mère était cuisinière à l’école du Sacré-Cœur de Rodez où elle logeait. Et moi, j’allais passer les vacances avec elle, raconte-t-elle les trémolos dans la voix. Chaque jour, ce religieux âgé de 50 ans venait me chercher, m’emmenait dans sa chambre. La première fois, je n’ai pas compris. Les fois suivantes, je pleurais à chaque fois qu’il venait me chercher. C’était toujours à la même heure, à 11 h, au moment où ma grand-mère était le plus occupée et ne pouvait pas rester avec moi… J’ai vécu avec ce fardeau toute ma vie !"

Personne n’a jamais su dans sa famille. Parce qu’à l’époque, la religion était " sacrée". Cela a été un choc pour tout le monde. "Mes parents, mes frères et sœurs, personne n’était au courant. J’ai parlé à ma grand-mère peu de temps avant son décès. Elle était dévastée. Elle m’a dit "je comprends maintenant pourquoi tu n’arrêtais pas de pleurer"…"

Son récit porte encore les traces des sévices subis. "Je me souviens de tout, de la chambre, de tout ce qu’il me faisait…" Aujourd’hui, Maryse, qui s’est fait apostasier, se reconstruit en donnant de son temps pour les victimes dans les associations Parler et revivre et les Lucioles du cœur. "Il faut absolument parler !", revendique-t-elle.

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Les commentaires (1)
Anonyme11542 Il y a 2 années Le 03/11/2021 à 22:10

RESPECT Madame ! Bravo pour votre courage