Un livre pour sensibiliser au moulin de Paillès

  • Derrière Jean-Pierre Henri-Azéma, la chaussée devrait disparaître et le champ deviendra une ZEC.
    Derrière Jean-Pierre Henri-Azéma, la chaussée devrait disparaître et le champ deviendra une ZEC.
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BAILLES Loic

À travers son ouvrage, Jean-Pierre Henri-Azéma veut alerter sur "une cascade en danger".

Jean-Pierre Henri Azéma en est à son 13e ouvrage. Après les moulins de Creissels, le consultant, expert, auteur et conférencier sur le patrimoine industriel et ses moulins s’est saisi de la chaussée du moulin de Paillès, "Une cascade en danger", à Saint-Georges-de-Luzençon, pour en faire un nouvel ouvrage à l’italienne et "proposer une réflexion démocratique" autour du sujet. Au fil des 64 pages de l’ouvrage, le résident de Sévérac-d’Aveyron jongle entre analyse scientifique, photographie grand format et poésie : "Je voulais le faire avant que ce lieu ne disparaisse", déplore-t-il.

Dans les tuyaux du syndicat mixte du bassin-versant Tarn-amont, porteur du projet, depuis la crue de 2014, le démantèlement de la chaussée du moulin de Paillès fait grincer des dents son collectif de sauvegarde depuis 2019. Pour présenter son ouvrage, proposé à la vente au bureau de tabac de Saint-Georges et à Caumes des livres à Millau, rendez-vous est donné sous la deuxième arche du pont enjambant le Cernon. "Ce qu’il faut comprendre quand il y a une inondation, c’est qu’elle ne vient pas de la chaussée, 400 m en amont et deux mètres de dénivelé positif, développe le chercheur. Aucune des études ne prend en compte le pont et pourtant, c’est ici que différentes constructions incitent l’eau à monter verticalement."

Une quatrième arche est condamnée par le béton vibré du parking de la mairie. Sous la troisième passe un chemin pédestre et une rampe pour accéder au parc de stationnement rompant avec l’écoulement hydraulique. De plus, une végétation envahit les blocs de pierres drainés après la crue de 2014. Ces facteurs seraient, pour le scientifique, l’explication de ces inondations, s’appuyant sur la limite cadastrale, implantée au ras du chemin menant à la chaussée.

Une fois passé devant le moulin de Paillès racheté par la commune en 2000, et remonté jusqu’à la chaussée haute de 3 m, l’auteur déplore cette politique "de mort annoncée de la diversité biologique". Au-dessus de la chaussée, le lit doit être élargi pour passer de 10 à 20 m et le projet prévoit une zone d’expansion des crues. "Ce sera une réserve de 13 000 m3 sur l’emplacement d’un champ qui va se remplir en deux minutes si la crue en question est dite classique et dure trois heures, soit 1 % de la crue", calcule-t-il en énumérant les 14 essences d’arbres différentes qui vont "disparaître".

"Elles abritent chauve-souris et rapaces qui chassent les rongeurs et autres nuisibles, argumente-t-il. Là, à part la prolifération des moustiques et la mort des poissons, je ne comprends pas l’intérêt d’un tel chantier." Ce dernier reste encore à ficeler, les premières estimations sont évaluées à près de deux millions d’euros.

Une réunion avant une enquête

"La municipalité refuse toute forme de débat démocratique", déplore Jean-Pierre Henri Azema. "Prévue mais annulée à cause du Covid, nous avons distribué des bulletins d’information dans les boîtes aux lettres", répond Didier Cadaux, maire de Saint-Georges-de-Luzençon et favorable au projet du syndicat mixte versant tarn-amont. Cette réunion publique devrait se tenir dans la première quinzaine de décembre à la salle des fêtes de la commune, avant que l’enquête publique ne commence à la fin de l’année ou début 2022.
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