Législatives 2022 en Aveyron : les candidats se préparent dans les circonscriptions

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  •  Les législatives sont programmées les 12 et 19 juin 2022.
    Les législatives sont programmées les 12 et 19 juin 2022. Centre Presse - José A. Torres
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Dans les trois circonscriptions de l'Aveyron, les potentiels candidats sont actuellement en train de préparer leur campagne. Revue d'effectif à 7 mois du premier tour.

Les échéances électorales approchent. Et la campagne présidentielle a déjà bien commencé. Localement, les visites des membres du gouvernement, venus notamment défendre leur bilan, se multiplient. Mais les législatives, programmées les 12 et 19 juin 2022 sont aussi dans la tête de nombreux candidats potentiels.

Première circonscription (Rodez-Aubrac)

Le sortant, Stéphane Mazars, ne s'est pas encore prononcé sur le sujet de sa réélection. Officiellement, il affiche que ce n'est pas encore le moment de se lancer dans la campagne et qu'il est concentré sur la fin de son mandat. Pas mal occupé par son rôle de vice-président de la commission des lois, il est aussi partie prenante dans la venue de plusieurs ministres ces derniers mois, dont celle d'Eric Dupond-Moretti il y a deux semaines, il continue son travail de terrain. 

Cependant, il ne fait guère de doute que le sortant ira. Déjà sénateur de 2012 à 2014, quand Anne-Marie Escoffier était ministre, l'avocat n'a pas eu trop de mal à s'habituer au rôle de parlementaire. Sa place dans la commission des lois et son rôle au sein de LREM, dans laquelle il se positionne comme défenseur de la ruralité et des territoires isolés lui confèrent une certaine aura. 

En face de lui, la droite n'est pas encore fixée. Arnaud Viala, président du Département, premier des Républicains de l'Aveyron, et désormais patron de la droite locale, a réuni ses proches il y a quelques semaines. Il a demandé aux candidats potentiels dans les trois circonscriptions de se signaler. Pour la première, deux noms ressortent : Jean-Philippe Saddoul et Magali Bessaou. Les deux sont dans le cercle proche d'Arnaud Viala (3e et 2e vice-présidents). Le premier a davantage un profil de centre droit, et devra justifier son positionnement d'allié de Christian Teyssèdre, "soutien de la première heure d'Emmanuel Macron" à l'Agglo de Rodez et de vice-président d'Arnaud Viala, qui soutient Valérie Pécresse pour une candidature LR à la présidentielle, de l'autre. La seconde a davantage le profil d'une droite dure, qui pourrait également capter certaines voix d'une extrême droite qui semble ne pas pouvoir réellement exister derrière une candidature dans la circonscription. 

À gauche, la situation est moins claire. Sarah Vidal, sèchement battue en 2017, n'ira pas. Elle semble davantage penser à la mairie de Rodez en 2026. Mathieu Lebrun candidat à Rodez aux départementales, semble le mieux placé. Reste à savoir s'il pourra s'unir avec les Verts et LFI. Du côté des Insoumis, Leïla Arfoutni, tête de liste aux dernières régionales en Aveyron, mais aussi Guilhem Serieys, ancien conseiller régional, ont le profil pour y aller. 

Deuxième circonscription (Ségala et Ouest-Aveyron)

Dans le très divers territoire de la deuxième circonscription, qui regroupe l'Ouest-Aveyron et ses trois bassins distincts (Villefranche-de-Rouergue, Decazeville et Capdenac) et le Ségala, Anne Blanc, élue LREM en 2017 n'a pas encore décidé si elle allait tenter de poursuivre l'aventure. Il y a quelques jours, elle assurait qu'elle trancherait d'ici au premier trimestre 2022. La sortante ne cache pas qu'elle a mis du temps à trouver le bon équilibre entre le travail législatif à l'Assemblée et la présence dans la circonscription. Pour autant, celle qui a beaucoup été bousculée depuis 2017 semble requinquée et pourrait, en cas de réélection d'Emmanuel Macron à la présidence, être favorite à sa succession. Si elle postule, elle devra toutefois répondre aux critiques, notamment dans le Bassin, où beaucoup lui reprochent son positionnement sur la fermeture de la maternité, mais également son implication dans le dossier Sam. 

À gauche, le champ semble libre pour Bertrand Cavalerie. Le premier fédéral socialiste n'a pas vraiment de concurrent dans son propre camp. Et même si sa stratégie d'union avec le PC, les Verts et LFI sur la plupart des cantons aux dernières départementales a été un échec et le laisse isolé dans l'hémicycle aveyronnais, sa réélection tranquille dans son propre canton (seul candidat), confirme qu'il est légitime dans l'ouest du département. En fonction du résultat des Insoumis à la présidentielle, il faudra voir si le parti de Jean-Luc Mélenchon propose un candidat. Pascal Mazet, lui, qui avait fait 16 % en 2017 semble hors course. Élu sur la liste de Carole Delga aux dernières régionales, le communiste ne devrait pas s'opposer à un candidat soutenu par la présidente de la Région. 

À droite, André At se verrait bien postuler à nouveau. Mais il devra faire oublier son retrait à l’issue du premier tour en 2017, quand il avait préféré ne pas aller au second tour contre une Anne Blanc qui n'avait pourtant fait que 38 % des voix au premier tour, mais qu'il ne voyait pas perdre. S'il ne retrouve pas une légitimité, Jean-Pierre Masbou, lui aussi proche d'Arnaud Viala au département (vice-président en charge des sports), pourrait prendre le relais.

La plus grosse surprise devrait finalement venir de l'extrême droite. Bruno Leleu, le référent départemental du RN va quitter sa circonscription. Celui-ci sera candidat dans la troisième (lire point suivant). Reste à savoir s'il trouve quelqu'un pour se présenter quand même et tenter de faire mieux que ses 8 % en 2017.

Troisième circonscription (Lévézou, Millau, Sud-Aveyron)

Avec la démission d'Arnaud Viala cet été, la troisième circonscription n'a plus de député. Et politiquement, la succession du président du Département ne semble pas si évidente. La droite sud-aveyronnaise s'est divisée, une partie d'entre elle ne comprenant pas le choix de laisser vacante la députation. 

Arnaud Viala a promis à Christophe Saint-Pierre son soutien. Mais l'ancien maire de Millau, battu aux municipales en 2020, relégué sur la liste des régionales en 2021, n'est pas forcément sur une dynamique hyperfavorable. Pire, certain dans son propre camp pensent qu'il n'a pas les épaules ni le charisme pour réussir une campagne sur un territoire plein de différences. Alors d'autres noms commencent à remonter. Sébastien David, maire de Saint-Affrique, n'ira pas. Il a fait le choix de ne pas prendre la succession de Viala en 2021, il n'y a pas de raisons qu'il change d'avis dans six mois. Anne-Claire Solier, maire de Rebourguil, nouvellement élue conseillère régionale, a le profil. De droite conservatrice, elle plaît à l'électorat traditionnel d'une circonscription qui a toujours été de ce côté-là de l'échiquier. Plus au centre, Christophe Laborie, le maire de Cornus et le président de la communauté de communes Larzac et Vallées est intéressé. Membre de l'UDI, il a le profil d'un Alain Marc, député de la circonscription de 2007 à 2014, alors qu'Anne-Claire Solier semble plus être la descendante légitime d'Arnaud Viala.

À gauche, la situation est plus compliquée. Aucune candidature ne semble s'imposer. Emmanuelle Gazel n'ira pas. Et dans son équipe à Millau, aucun de ses adjoints ne semble en position de peser. Le tout jeune Valentin Artal, candidat aux départementales cette année, pourrait être dans le ticket, sans doute davantage comme suppléant, pour continuer à se faire de l'expérience en vue de scrutins futurs. Il faudra sans doute regarder du côté de Saint-Affrique pour trouver un chef de file. Éric Fauconnier, qui a tancé Sébastien David lors de la départementale partielle en octobre, Clément Carles, conseiller régional et Boris Benezech qui a fait campagne avec Fauconnier récemment, seraient légitimes. 

Plus à gauche, les Insoumis devraient trouver sans trop de problèmes un candidat dans ce territoire très militant alors que l'extrême droite, elle, a déjà le sien. Même s'il ne l'a pas encore officiellement annoncé, ce sera Bruno Leleu. Le responsable départemental du RN, conseiller régional, va quitter la deuxième circonscription et le Bassin, où il réside, pour le Sud-Aveyron. En effet, les bons scores successifs de son parti aux dernières élections le poussent à penser que c'est là que le deuxième tour est le plus accessible pour le parti de Marine Le Pen, ce qui serait une première en Aveyron. Et la fragilité de la droite le conforte dans sa stratégie. 

Reste la question de LREM dans cette circonscription qui est la seule qui lui a échappée en 2017. Si Emmanuel Macron est réélu en avril prochain, son mouvement sera en position de force. Jean-Louis Austruy, candidat en 2017, n'avait pas convaincu à l'époque et ne fait plus de politique. Jean-François Rousset, référent départemental LREM, n'ambitionne pas forcément un mandat. Mais il pourrait faire un bon suppléant, et est bien implanté dans le Saint-Affricain. Pour la première place, c'est le nom d'Olivier Fabre qui revient le plus. Le gantier millavois a aimé faire campagne pour les régionales. Et même si la liste, menée par Stéphane Mazars, n'est pas allée au second tour, son profil est intéressant. Chef d'entreprise, régulièrement à Paris et très bon communicant, il coche les bonnes cases.

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