Cote des œuvres de Pierre Soulages : les conséquences directes sur le musée de Rodez
Après chaque grosse vente, Benoît Decron, le directeur de l’établissement ruthénois, et son équipe vérifient que les œuvres similaires sont correctement assurées.
Benoît Decron, directeur du musée Soulages de Rodez, a toujours un œil attentif quand il voit une œuvre de Soulages mise aux enchères par une salle des ventes. Pas qu’il veuille enchérir, c’est devenu impossible de se positionner, vu les prix atteints, pour un musée français, d’autant plus financé par des fonds publics comme celui de Rodez, mais parce qu’en tant qu’expert de l’artiste, il se doit de se tenir au courant. Et si, dans les musées, la valeur des œuvres est parfois considérée comme taboue, futile ou secondaire, le Ruthénois, lui, n’élude pas la question. " C’est la loi de l’offre et la demande, nous sommes dans une économie de marché dans un système capitaliste, concède-t-il. C’est comme ça. Pour moi, il y a deux façons de coter une œuvre. La première c’est l’envisager du point de vue intellectuel et artistique, la deuxième du point de vue de sa valeur vénale. Mais il ne faut pas oublier que ce qui fait qu’une œuvre est chère, c’est en premier lieu parce qu’elle est belle. Si Soulages est autant considéré, c’est que son travail est beau."
Une question de tendance
Le responsable du musée estime également que cette envolée est liée à une évolution des tendances et à la très bonne image actuelle de l’art abstrait ou "non figuratif", comme il préfère le qualifier. " Quand j’ai commencé dans ce métier il y a maintenant plus de 30 ans, les œuvres du XVIIe et du XVIIIe siècles étaient celles qui étaient le plus recherchées. Depuis vingt ans, on a assisté à une bascule avec une attirance plus importante des acheteurs pour l’art contemporain. Une belle peinture du XVIIe siècle se vendra moins cher qu’un tableau d’Andy Warhol. La cote d’une œuvre est avant tout une histoire de goût. Quand j’ai débuté, le mobilier Napoléon était très recherché et coûtait très cher. Maintenant, c’est moins tendance par rapport à du design moderne et on en trouve à bas prix."
Assurer les œuvres à la juste valeur
Mais alors quelles sont les conséquences sur le musée de Rodez d’une vente aux enchères record d’un tableau de Soulages ? Il doit sans cesse surveiller les cotes pour assurer au juste prix ses œuvres. "Quand on a un tableau similaire à celui qui est vendu, il est important de faire évaluer à nouveau sa valeur par les assurances pour qu’on soit certain qu’il soit bien protégé", rappelle le directeur. Protégé d’un souci à Rodez, mais également en cas de prêt dans un autre établissement puisque c’est à partir de cette cote que les musées qui recevront les œuvres assureront également les tableaux.
Pierre Soulages "informé" des différentes ventes
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