Covid-19 : la France peut-elle à son tour confiner les non-vaccinés ?

  • Malgré un taux de vaccination de près de 75 %, les infections sont reparties à la hausse en France.
    Malgré un taux de vaccination de près de 75 %, les infections sont reparties à la hausse en France. Repro CPA
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Centre Presse Aveyron

L’Autriche confine ses citoyens non-vaccinés depuis ce lundi. Est-ce envisageable dans l'Hexagone, alors que la cinquième vague progresse dans le pays ?

Le gouvernement autrichien a décidé du reconfinement de sa population non-vaccinée à compter de ce lundi. En France, la situation épidémique se dégrade et laisse entrevoir une cinquième vague de Covid-19.

Le gouvernement de Jean Castex pourrait-il prendre exemple sur son voisin européen et annoncer un reconfinement des non vaccinés prochainement ? 

La situation en France

La situation épidémique s'est dégradée la semaine passée dans l'Hexagone. Malgré un taux de vaccination de près de 75 %, les infections sont reparties à la hausse. En une semaine, le taux d’incidence a grimpé de 52 %. On compte désormais presque 100 cas sur 100 000 habitants, deux fois le seuil d’alerte, dans 21 départements. Le nombre de nouveaux cas de Covid-19 est repassé au-dessus des 10 000 en moyenne sur les sept derniers jours, selon les chiffres de dimanche de Santé publique France.

Les écoliers de toute la France ont d’ailleurs remis le masque pour aller à l'école ce lundi.

Pas de disposition légale

La loi de " vigilance sanitaire " a été adoptée vendredi 5 novembre par le Parlement, octroyant au gouvernement la possibilité de prolonger l’usage du pass sanitaire ou de prendre des mesures pour endiguer l’épidémie jusqu’au 31 juillet 2022.

Sur le site Vie publique, le texte évoque la possibilité « d’instaurer un confinement généralisé de la population ou un couvre-feu ». La loi ne prévoit pas le cas spécifique d’un reconfinement d’une partie de la population seulement.

Le Conseil constitutionnel pourrait également le retoquer pour manquement au principe d’égalité.

Enfin, cela accentuerait certainement les tensions entre le gouvernement et les anti-pass sanitaire. Une décision peu souhaitable alors que les campagnes des candidats à l’élection présidentielle sont lancées.

Le gouvernement pourrait serrer la vis 

Samedi 13 novembre, sur France 2, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal s’est voulu rassurant : « Pour le moment, il est absolument hors de question de parler de reconfinement dans notre pays parce qu’on a un taux de vaccination très élevé. »

La France compte sur la vaccination pour endiguer l’épidémie, notamment sur la troisième dose chez les personnes de plus de 65 ans et chez les plus fragiles.

Pour Christophe Castaner, chef de file des députés LREM, le reconfinement des non-vaccinés n’est pas à l’ordre du jour. « Nous ne le souhaitons pas », a-t-il confié sur France 2,  lundi 15 novembre, même si « toutes les hypothèses sont sur la table ».

« L’objectif, et la méthode que nous avons tenue, c’est celle de la vaccination et du rappel », a souligné Christophe Castaner en précisant que « 620 000 rendez-vous » ont été pris en ce sens depuis la dernière allocution du chef de l'Etat début novembre.

Cependant, si les taux de Français vaccinés et de contamination ne s’arrangeaient pas, le gouvernement pourrait serrer la vis : « Il ne faut jamais rien exclure par principe. Cette épidémie continue de surprendre le monde entier », a mis en garde Gabriel Attal.

Les soignants divisés

Du côté des soignants, un reconfinement partiel fait débat.

Le professeur Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Tenon, à Paris, est plutôt favorable à la mesure : « Sur le plan médical, une telle mesure est tout à fait envisageable et souhaitable », a-t-il déclaré sur LCI ce lundi. « Ce sont les non-vaccinés qui remplissent les hôpitaux et vont en réanimation. Mais cela se heurte à un problème d’acceptabilité, de constitutionnalité », a-t-il ajouté.

De son côté, Pascal Crépey, épidémiologiste à l’École des Hautes Études en santé publique estime dans 20 Minutes que cela ne serait pas suffisant : « Certes, des mesures coercitives à leur encontre sont susceptibles de les protéger et de réduire le fardeau des hospitalisations. Mais elles ne pourraient pas permettre d’enrayer la dynamique épidémique, puisque la vaccination ne protège qu’à 50 % de la transmission du virus. »

Dans son avis du 5 octobre, le Conseil scientifique avait écarté la chose : « il ne sera a priori pas nécessaire de réinstaurer des mesures très contraignantes type couvre-feu ou confinement. » Sollicité sur l’actualité de ces annonces par Ouest-France, le Conseil n’a pas souhaité réagir pour l’instant.

Couvre-feu de retour aux Pays-Bas et en Islande

Parmi nos voisins européens, l’Autriche est le pays qui a pris les mesures les plus strictes pour enrayer l'épidémie en novembre.

Aux Pays-Bas, un couvre-feu de trois semaines a été décrété vendredi 12 novembre. Les bars, restaurants et magasins essentiels ferment leurs portes à 20 h et les magasins non essentiels à 18 h. Toutes les manifestations publiques sont également annulées.

L’Islande a également remis le couvre-feu à l’ordre du jour, mais uniquement pour les bars et discothèques, à compter de 23 h. Le port du masque est rétabli dans certains endroits et la jauge dans les lieux publics est abaissée.

Il n’est pas impossible que le gouvernement s’inspire de certains de nos voisins pour mettre en place de nouvelles mesures, dans le cas où l’épidémie continuerait à s’intensifier.

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