Les finances du département de l'Aveyron sont saines, mais jusqu’à quand ?

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  • Le rapport a été présenté aux élus du Département.
    Le rapport a été présenté aux élus du Département.
Publié le
Philippe Henry

La Chambre régionale des comptes a épluché les finances du département de l’Aveyron. Si le rythme des investissements est resté soutenu, l’augmentation des dépenses, en particulier en matière sociale, pourrait peser sur le budget. De plus, il reste difficile d’évaluer les conséquences à long terme de la crise sanitaire.

Comme chaque année, la Chambre régionale des comptes produit un rapport à destination du Département. Un point est réalisé sur la gestion financière et comptable, un avis est émis sur l’entretien et l’exploitation du réseau routier.

Ce rapport a été présenté aux conseillers départementaux lors de la dernière assemblée. Plusieurs points sont à retenir : la situation financière de l’institution est restée satisfaisante sur la période 2014-2019 ; les investissements ont été maintenus à un rythme soutenu (285 millions de 2014 à 2019) ; le niveau d’autofinancement est élevé ; le recours à l’emprunt a été maîtrisé, avec une capacité de désendettement de 3,4 ans fin 2019.

La part la plus importante des investissements concerne la voirie : près de 260 M€ y ont été consacrés sur la période 2014-2019, dont 23 M€ versés pour le financement de la RN88. Puis, 50 M€ ont été dépensés pour le développement local ; 28 M€ pour les collèges ; 26 M€ pour les équipements mobiliers et 15 M€ pour la téléphonie et l’aménagement du très haut débit.

La Chambre régionale des comptes note toutefois que la crise sanitaire a eu un impact sur le budget 2020, "mais il reste limité et ne devrait pas toucher les réserves budgétaires à court terme".

Sur ce point, 6,60 M€ de dépenses sont directement liés à la crise sanitaire : la création d’un fonds de "primes et fonds de soutien exceptionnel Covid" aux Établissements et services sociaux et médico-sociaux ; une augmentation de 1,17 M€ de dépenses imprévues ; une enveloppe de 1 M€ pour le fonds exceptionnel à destination du monde associatif ; 1 M€ de participation à la reprise d’activité de la compagnie aérienne Amelia ; l’achat d’équipements de protection (masques, blouses, surblouses, etc.) pour 1 M€. Sur cette période, la Chambre régionale des comptes note également que les dépenses liées au RSA étaient en augmentation de 5 à 10 %, pour 900 000 €.

Augmentation du RSA

Le Département a aussi abondé au syndicat mixte Jean-Henri Fabre pour compenser la diminution des recettes de Micropolis, pour un montant de 180 000 €.

Les auteurs du rapport concluent : "Les réserves budgétaires n’ont pas été impactées à la baisse." La Chambre se projette également au-delà de 2021. S’il reste difficile de prévoir les évolutions de la crise sanitaire et de ses conséquences à l’échelle départementale, au 31 août 2020, les dépenses de RSA étaient déjà en augmentation de 1,20 M€, soit + 7,6 % par rapport à 2019.

"Face à des recettes atones, cette augmentation des dépenses continuera de peser sur l’autofinancement, et nécessairement sur les dépenses d’investissement (en particulier le premier poste concerné, à savoir le domaine des routes). Par voie de conséquence, cette situation pourrait entraîner des répercussions sur le tissu économique local, prévient la Chambre régionale des comptes. D’ores et déjà, les entreprises locales du BTP s’inquiètent d’une possible diminution de la commande publique en raison de la contraction prévue des investissements sur la voirie."

Aussi, "l’épargne nette dégagée par la collectivité risque de se contracter fortement en 2021". Pour limiter une baisse logique des investissements, "le département prévoit en 2021 de recourir fortement à l’emprunt ", évoque le rapport.

Les routes passées au crible

La Chambre régionale des comptes passe en revue plusieurs domaines de compétence du Département et en particulier celui des routes. En dehors des investissements routiers plus classiques, 5 M€ ont été consacrés, en 2019, à des aménagements visant à réduire l’accidentologie. Mais, "si le nombre de tués sur les routes du département, qui constitue l’indicateur le plus repris par les médias, a tendance à baisser sur la période contrôlée, les autres indicateurs, eux, se dégradent", indique la Chambre régionale des comptes. Le nombre de tués a diminué, passant de 32 à 18 victimes de 2014 à 2019, mais le nombre d’accidents a progressé : de 168 à 194, soit une hausse de 16 %, de même que le nombre de blessés sur les routes de 205 à 268, soit + 31 %. "Les actions à envisager relèvent principalement des services de l’état, mais la collectivité pourrait davantage structurer sa stratégie en se dotant d’un plan dédié", précise le rapport.Réponse du Département : "En 25 ans, le nombre d’accidents a été divisé par 4 et le nombre de blessés par 5 alors que le trafic routier a doublé. Contrairement à ce qu’indique le rapport de la Chambre, les données reprises agrègent l’accidentologie sur les réseaux national, départemental et communal (et non pas uniquement sur réseau routier départemental)."
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