Rodez. Toulouse : le Ruthénois Christian Bec, un passionné d’espace à la tête de Syntony

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Sur les terres d’Ovalie, il a transformé l’essai en poursuivant sa passion viscérale pour le secteur de l’aérospatiale. Considéré comme l’un des pères des nanosatellites, le Ruthénois développe désormais avec Syntony des solutions de radionavigation pour équiper satellites, objets connectés, métros et tunnels du monde entier.

Il n’est qu’un luxe véritable, et c’est celui des relations humaines." Avant même d’entrer en responsabilité, Christian Bec avait fait sienne la célèbre citation d’Antoine de Saint-Exupéry, l’aviateur et écrivain français, passionné tout comme lui d’aéronautique. Tout comme lui, le Ruthénois, cofondateur de la start-up toulousaine Syntony, a toujours aussi tendance à regarder vers le ciel.

Là précisément où ses rêves ont pris vie. "L’aviation a d’abord été pour moi une passion dévorante. Étudiant, j’ai pris des cours pour obtenir mon brevet de pilote. Ce qui m’a asphyxié financièrement, plaisante aujourd’hui le directeur général. J’ai ensuite pris goût à l’aérospatiale avec l’obtention de mon DUT génie mécanique option techniques aérospatiales justement à l’université Paul Sabatier à Toulouse."

Fraîchement diplômé, il travaille – "c’est ma chance" – avec la société Matra Marconi Space, aujourd’hui Airbus DS. "À 20 ans, j’ai intégré le bureau d’études qui planchait sur les satellites Spot 3 et Spot 4." Un souvenir "émouvant" pour le jeune homme qui découvre les salles blanches. Le début d’une longue histoire avec le spatial.

Après son rachat par BTS Industrie, un spin-off de Matra Marconi Space, Christian Bec prend rapidement la direction du bureau d’études, puis de sa direction commerciale avant de racheter l’entreprise en 2004. "J’ai heureusement une femme adorable, ma plus grande fan, qui m’a suivi quand il a fallu vendre notre maison pour racheter l’entreprise, rembobine l’ingénieur. Mais je me souviens que sur le moment, ça n’a pas été facile à demander !"

Sous sa gouvernance, BTS Industrie prend définitivement le virage des "nanosatellites" ; passant d’une centaine de salariés pour 6,5 millions de chiffre d’affaires en 2004 à une ETI de 250 collaborateurs pour 18 millions de chiffre d’affaires en 2010. Le moment de son rachat par le groupe Nexeya. "J’avais à cœur de faire évoluer l’entreprise en impulsant les premiers travaux de la filière nanosat."

Accueilli par Elon Musk

Considéré comme l’un des pères de la filiale, il décide en 2016 de rejoindre Béatrice et Joël Korsakissok pour les aider à racheter Silicom Lab et lancer Syntony. Une idylle dont est en partie responsable le milliardaire sud-africain Elon Musk, fondateur de SpaceX et PDG de Tesla Motor.

"La rencontre avec Joël est assez amusante, s’amuse le Ruthénois. C’était à San Francisco à l’occasion d’un voyage organisé par le CNES, en 2009. Elon Musk – il n’était pas aussi connu que maintenant – venait de nous faire visiter Space X. En sortant, Joël est venu me voir en me disant : ce que fait ce mec est génial, il faut qu’on fasse la même chose avec les petits satellites."

Six ans plus tard, le duo préside à la destinée de Syntony, start-up toulousaine spécialisée dans le développement de solutions de localisation GNSS, l’acronyme de Géolocalisation et Navigation par un Système de Satellites. En clair, Syntony est aujourd’hui capable de simuler le positionnement en orbite d’un satellite avant même son décollage. Syntony s’intéresse aussi au plancher des vaches. Même en dessous.

"Notre solution consiste à faire marcher tous les systèmes de navigation dans les endroits où ils ne fonctionnent pas, essentiellement les tunnels routiers, de métro ou de train, les parkings souterrains", résume le cofondateur de Syntony, capable enfin d’équiper tous les objets connectés, les fameux IOT, de récepteurs GPS 20 fois moins gourmands que la concurrence…

Future licorne

Avec un tel catalogue, la start-up toulousaine qui emploie actuellement 50 salariés et espère en recruter 4 fois plus d’ici à 3 ans, peut raisonnablement croire en l’avenir. "Nous travaillons sur des produits de très haute technicité, très haut de gamme et avec l’évolution du marché notre objectif de courbe de croissance est énorme, s’enthousiasme le Ruthénois qui voit déjà Syntony comme l’une des prochaines licornes françaises, ces start-up de la trempe d’un Blablacar au d’un Doctolib, valorisées à plus d’un milliard de dollars…

"Nous prévoyons aussi une introduction en Bourse en 2022, poursuit l’ancien président du club Galaxy et cofondateur de la French Tech Toulouse dont il a assuré la présidence durant deux mandats. "Les perspectives, vous l’imaginez, sont énormes. Après le tunnel du Mont-Blanc que nous avons équipé ou le métro de Stockholm, nous sommes actuellement en contact avec une soixantaine de métros dans le monde." Pour Syntony, le succès attend à l’autre bout du tunnel…

Le maître de chai, Florent Caston.
Le maître de chai, Florent Caston. DR

Une passion pour le whisky

Homme de passions, Christian Bec a donné vie à un autre de ses rêves : s’offrir une distillerie pour élaborer un whisky typiquement aveyronnais. Depuis 2016, c’est chose faite avec la distillerie des anges à Laguiole qui commercialise sous la marque Twelve, le tout premier whisky de l’Aubrac. "Nous nous sommes retrouvés à douze contributeurs pour lancer ce projet. Une fabrication de A à Z dans le cadre d’exception d’un ancien presbytère à Laguiole." Dédiée à régaler le marché domestique, la petite marque aveyronnaise voit aujourd’hui plus grand… ou du moins plus loin. "Nul n’est prophète en son pays dit-on. Je reste donc convaincu que pour acquérir une vraie crédibilité en France, il faut exister à l’international, résume le patron. Nous allons donc, avec le soutien de Business France, des régions, des Chambres de Commerce et d’Industrie et de Bpifrance, des communautés de communes, lancer les démarches de Twelve à l’export vers les États-Unis, le Japon et dans une moindre mesure la Chine." Inlassable perfectionniste, le Ruthénois a également décidé de s’impliquer davantage dans la Fédération du whisky de France dont il vient de rejoindre le conseil d’administration. Pour lui, l’ambition est claire : "avoir une appellation origine contrôlée, une IGP, Whisky de France. Il y a un whisky breton, un whisky d’Alsace pourquoi pas un whisky de France qui permettrait de définir des critères précis pour bénéficier de l’appellation. Brasser et distiller en France et vieillir au moins trois ans en France me semble le minimum." En attendant, il poursuit avec le maître de chai Florent Caston (photo), le développement de la marque Twelve. "Je me suis lancé dans l’aventure en petit amateur. J’avais 4 ou 5 bouteilles dans mon bar. J’ai maintenant 150 bouteilles ouvertes dans un showroom pour tester ce qui se fait. C’est comme ça que l’on s’améliore, non ?"
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Aurélien Delbouis
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