Millau : les gilets jaunes de retour sur le rond-point de Saint-Germain

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  • Durant de longs mois, dès novembre 2018, les "gilets jaunes" ont siégé près de l’A75.	Eva Tissot
    Durant de longs mois, dès novembre 2018, les "gilets jaunes" ont siégé près de l’A75. Eva Tissot
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Jennifer Franco

C’est à ce carrefour que la contestation a démarré il y a trois ans jour pour jour.

Ce mouvement, qui était au départ destiné pour beaucoup à mourir rapidement, eh bien force est de constater qu’au bout de trois ans, même s’il s’est étiolé, il est toujours là", lance Michel, "gilet jaune" de la première heure à Millau. Chaque samedi depuis le mois de juillet et à chaque annonce d’Emmanuel Macron de rendre le pass sanitaire obligatoire, il est devenu le porte-voix des anti-pass.

"On est toujours là"

Octobre 2018, pour la première fois en France, le prix du diesel dépasse celui de l’essence. Le 24 octobre, un Narbonnais en colère, Ghislain Coutard, lance un appel à chaque automobiliste de jeter son gilet jaune sur le tableau de bord en signe de protestation. En six jours, sa vidéo devient virale et atteint 5,4 millions de vues ! Sans le savoir encore, ce premier "gilet jaune" allait donner son nom à un véritable mouvement de contestation.

Samedi 17 novembre 2018, ils sont près de 300 000 dans toute la France, 10 000 dans la région, 2 000 en Aveyron, gilet jaune fluo sur le dos, à occuper de très nombreux ronds-points, à barrer les routes et bloquer les péages, pour protester contre les augmentations. À Millau, la mobilisation est sans pareil. Et c’est symboliquement sur le rond-point de Saint-Germain, situé près du viaduc de Millau et de l’A75, que les "gilets jaunes" vont siéger des mois durant. Jour et nuit. "Avec la pluie, le froid, avec des - 5° C. Au début, lorsque notre cabanon n’existait pas, les gens dormaient dans des tentes, des voitures ou des camions", se remémore Michel. À ses côtés, Aldo et Daniel, eux aussi, ont toujours le gilet jaune sur le dos. également là, depuis les prémices du mouvement. "La lutte, elle continue même si on est moins nombreux. Le leitmotiv des "gilets jaunes", c’est "on est toujours là"."

Opérations escargots, barrages filtrants sur l’A75, marche sur le viaduc, les "gilets jaunes" de Millau, comme partout dans l’Hexagone, ont résisté et multiplié les actions.

"La lutte a changé de forme"

Aujourd’hui, la mobilisation continue. Certes, elle s’est essoufflée. Certes, elle est différente. Mais le combat reste identique. Depuis avril 2019, la cabane des "gilets jaunes" a été détruite par un incendie. "La lutte a changé de forme, reprend Daniel. Il y a des ateliers hebdomadaires sur le RIC (référendum d’initiative citoyennes), la constitution. Il y a eu les manifestations contre la loi sur la Sécurité globale, les manifestations anti-pass…" Puisque les revendications sont toujours là : hausses des prix de l’alimentation, de l’énergie et des carburants, certains "gilets jaunes" souhaiteraient relancer cette France des ronds-points de 2018. Et retrouver ce mouvement né spontanément, sur internet, celle d’une France qui faisait corps "solidaire, sans violences et sans heurts".

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