Renforcer l'attractivité pour éviter un "désert infirmier" dans l'Aveyron
Opération de santé publique s'il en est, la campagne de vaccination a fragilisé un secteur déjà mis à mal depuis des années. Avec d'importants problèmes de recrutement notamment.
Entre 700 et 800 sont libérales, le reste salariées : 1200 dans le public et 600 dans le privé. Pour les quelque 3200 infirmières et infirmiers que compte l'Aveyron, les derniers mois ont été des plus mouvementés, car ils ont été nombreux, dès l'installation du centre de vaccination à l'hôpital Puel le 8 janvier 2021 de Rodez, à répondre à l'appel à mobilisation lancé par le président du conseil de leur ordre.
Une "mobilisation exemplaire", comme l'évoque Michel Bonnemaire, qui restera président jusqu'en 2023, et qui a permis de lancer la campagne de vaccination dans les meilleures conditions. Et si la cadence des injections a grandement ralenti, cette exigeante opération de santé publique aura fragilisé davantage un secteur déjà mis à mal.
"Nous voulons faire parler de la profession, parce qu'il y a difficultés, un mal-être dans la profession avec notamment une pénurie de main-d’œuvre qui commence dès les centres de formation. Et se concrétise, aujourd'hui, avec jusqu'à vingt ou trente infirmiers manquants dans certains hôpitaux de l'Aveyron", affirme le président Bonnemaire.
Désormais, le recrutement des élèves infirmiers, qui suivront un cursus de formation de trois ans, est réalisé via la plateforme ParcourSup, sans lien préalable avec le milieu. Ce qui a pour conséquence, selon l'ordre aveyronnais, un taux de démission de 10% par an dans les Institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) du fait d'erreurs d'aiguillage qui conduisent sur cette voie des jeunes pas suffisamment armés ou motivés. Actuellement, l'Ifsi de Rodez accueille 75 étudiants et celui de Millau une soixantaine.
"Il faut renforcer l'attractivité, sinon on va pouvoir parler bientôt de désert infirmier dans le département. Je reçois des tas d'appels d'infirmières qui souhaitent quitter l'hôpital... le Covid a été un accélérateur du mal-être" déjà présent dans cette profession, explique Michel Bonnemaire. Une profession applaudie dans les premiers temps de la pandémie puis, parfois, menacée dans un second temps.
L'ordre a la charge de plusieurs missions au sein de "ses" professionnels : règlement d'éventuels litiges, représentation de la profession, se porter garant de sa déontologie mais aussi de la validité des diplômes, gérer l'accompagnement de tous les professionnels... "La profession voudrait avancer vers plus de reconnaissance de l'Etat. Nous avons besoin que le gouvernement et les politiques comprennent que notre profession est un pilier important de la santé en France", revendique le président.
Une "reconnaissance" et un "respect" qui font actuellement défaut, selon les soignants aveyronnais, paradoxe d'une profession qui, comme d'autres dans le secteur paramédical, a besoin de bras mais souffre d'un grand manque d'attractivité, à l'heure où beaucoup de Français ignorent que les infirmiers sont en capacité de prescrire et administrer les vaccins contre la grippe et le covid notamment.
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