Villefranche-de-Rouergue : les meilleurs foies gras jugés ce soir lors du traditionnel concours

Heureusement que la Covid n’a pas eu raison des palais des quelque quatre-vingts personnes (producteurs, artisans, cuisiniers, amateurs éclairés) qui vont se pencher, ce soir, sur les foies gras aveyronnais dans la salle de la Madeleine transformée en temple de la gastronomie. Ces heureux élus vont scruter l’aspect, l’odeur, la texture, la découpe, la stabilité, l’homogénéité et, pour finir, le goût de plus de 100 produits, foies gras mais aussi salaisons, jambons, saucissons, auxquels s’ajoutent deux nouveaux pour ce cru 2021, les magrets fumés et les fricandeaux. Des règles identiques à celles du Salon de l’Agriculture !

Ce concours est organisé depuis des lustres par l’association Produits et saveurs du Rouergue ainsi que par la chambre d’agriculture de l’Aveyron. Et d’ailleurs, pour quelques membres du jury non encore aguerris (un tiers change chaque année), une formation à la dégustation leur sera dispensée dans l’après-midi par un professeur du lycée agricole de La Roque à la ferme de Bernussou, qui dépend de la chambre consulaire.

Cette grand-messe dans le seul but de "valoriser les produits locaux, typiquement aveyronnais", insiste Jean-Pierre Bénazet, docteur es foie gras, auteur de "L’Aveyron, autre pays du foie gras" aux éditions Toute Latitude. Après une année 2020 blanche pour cause de Covid, le concours foie gras fait donc sa réapparition mais ne sera malheureusement pas suivi, comme de coutume durant deux années, par la festa foie gras ouverte au grand public, encore pour des raisons sanitaires…

Ces réjouissances seront suivies par un moment de convivialité où la soupe de Francis Cardaillac réchauffera les estomacs tandis que les papilles seront chatouillées par les cannelés de Maître Guy.

À l’heure où le bien-être animal occupe bon nombre d’esprits et où les gens se font végétariens, paradoxalement "il ne s’est jamais autant vendu de foie gras", assure Jean-Pierre Bénazet. On est même obligé d’en importer d’Israël, de Hongrie, de Roumanie, les pays des racines du foie gras puisqu’ils sont sur les couloirs de migration des oies.

Pour répondre à cette attente de nouveaux consommateurs, "de grandes maisons se lancent, elles, dans le foie gras vegan, sorte de foie gras artificiel qu’il faudrait goûter à l’aveugle", confie Jean-Pierre Benazet pas convaincu. Tandis que l’Espagne a mis au point un foie gras éthique. En tout cas, la période la plus forte des ventes arrive. La tradition du foie gras sur les tables pour les fêtes de fin d’année n’est pas près de se perdre pour la plus grande joie de nos producteurs. Le bonheur est dans le pré… aveyronnais !