Aveyron : les écoles d'infirmières, rouage de la lutte contre la pénurie de soignants

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  • Céline Gaquière (premier rang à droite) et son équipe veillent à la bonne répartition des élèves dans les établissements de santé aveyronnais qui les accueillent en stage.
    Céline Gaquière (premier rang à droite) et son équipe veillent à la bonne répartition des élèves dans les établissements de santé aveyronnais qui les accueillent en stage. A. A.
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Centre Presse

Alors que la pénurie de soignants est réelle en Aveyron, il n’y a jamais eu autant d’élèves formés dans les deux écoles d’infirmières (Rodez et Millau) et dans celle d’aides-soignantes. Céline Gaquière, la directrice de ces trois établissements détaille les raisons de ce paradoxe.

On entend beaucoup parler du manque de personnel soignant dans les hôpitaux. Le ministère de la Santé a relevé une augmentation d’un tiers des postes vacants de paramédicaux en un an. L’absentéisme est en hausse et les démissions s’accélèrent. Une pénurie d’infirmiers et d’aides-soignants qui a pour conséquence la fermeture de lits et du retard dans les soins. Céline Gaquière, directrice de l’Institut de formation aux métiers de la santé (IFMS) de Rodez et de l’Institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) et de l’Institut de formation aux aides-soignants (Ifas) de Millau fait le point sur la situation en Aveyron.

Il semble que vous ne parvenez pas à répondre à la demande en personnel des établissements de santé.

Nous avons pourtant un volume d’étudiants en hausse. Suivant les consignes du gouvernement liées au Ségur de la santé, le conseil régional, qui est notre financeur, a augmenté nos quotas d’élèves. Nous sommes passés de 70 à 75 infirmiers et de 45 à 60 aides-soignants à la rentrée 2021.

Rencontrez-vous des difficultés pour recruter de nouveaux élèves ?

Pas du tout, nous avons même des listes complémentaires que l’on ne peut honorer. Cette année, il y avait 3 000 vœux pour l’Ifsi de Rodez sur ParcoursSup. Nos établissements ont bonne réputation, ils sont connus et reconnus. Malgré les 18 mois de crise que nous venons de traverser, il n’y a pas de baisse des demandes, la motivation et l’envie sont toujours là, on ne peut pas parler de baisse des vocations.

Tous les étudiants arrivent-ils au terme de leur formation ?

Nous avons un excellent taux de réussite pour les aides-soignants. Chez les infirmiers, il y a des arrêts en cours de formation, c’est un phénomène national. À Rodez, le taux d’abandon est de 13 % entre la première et la deuxième année.

Quelles sont les autres raisons qui peuvent expliquer le manque de soignants ?

Les études d’infirmier ne sont pas faciles, c’est une formation universitaire avec un certain niveau d’exigence. Nous avons pas mal de redoublants (8 à Rodez cette année), ce qui rallonge la durée de leur formation et retarde leur entrée dans la vie active. Il y a aussi des réorientations en cours ou en fin d’études. Certains jeunes qui avaient suivi cette voie pour faire plaisir à leurs parents ne souhaitent pas poursuivre. Enfin, il y a des diplômés qui ne veulent pas exercer tout de suite.

Constatez-vous une fuite des étudiants hors du département une fois qu’ils sont diplômés ?

À Rodez, nous avons 70 % d’Aveyronnais à l’Ifsi. À Millau c’est 20 %, les autres sont essentiellement Héraultais et repartent effectivement dans leur département une fois leur diplôme en poche. Nos étudiants terminent leur formation en juillet et chaque année, en octobre, nous les interrogeons pour savoir où ils travaillent. 99 % des aides-soignants et plus de la moitié des infirmiers sortis de l’IFMS l’an dernier sont restés en Aveyron. Nous formons pour le territoire.

Pourquoi ne pas former plus de monde pour pouvoir répondre à la demande ?

Il y a trois obstacles à cela. La taille des locaux d’abord. Nous sommes un établissement à taille humaine et nous voulons le rester. Nous n’ambitionnons pas d’avoir des promotions de 200 élèves comme cela se fait à Toulouse ou à Montpellier. Le nombre et les compétences des formateurs ensuite. Les stages enfin, car ils représentent la moitié du temps de la formation et nous devons garantir une place à tous les étudiants.

Quelles sont les pistes pour faire face à la pénurie actuelle de soignants ?

Outre l’augmentation des quotas que nous avons mise en place, je pense qu’il faut travailler sur notre attractivité, notamment à travers l’accompagnement du projet professionnel et les stages. Nous avons des partenariats avec certaines structures et un catalogue répertoriant quelque 200 lieux de stage.

Après, chaque structure d’accueil doit travailler sa propre attractivité pour donner envie aux étudiants de rester. Au CH Jacques-Puel, lorsqu’ils reçoivent les étudiants de troisième année en entretien, ils leur demandent dans quel service ils souhaitent effectuer leur stage et respectent leur choix. Nous avons de la chance d’avoir à Rodez un hôpital qui compte beaucoup de spécialités, a du matériel de qualité et des professionnels sérieux et impliqués. Cet été, 30 personnes ont été recrutées ; les trois quarts venaient de l’IFMS.

Alors que la pénurie de soignants est réelle en Aveyron, il n’y a jamais eu autant d’élèves formés dans les deux écoles d’infirmières (Rodez et Millau) et dans celle d’aides-soignantes. Céline Gaquière, la directrice de ces trois établissements détaille les raisons de ce paradoxe.

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