Quand les œuvres de Casimir Ferrer en Aveyron sont une ode à la joie…
L’artiste de renommée internationale travaille pour de nombreuses commandes publiques.
C’est au cours d’une balade que je remarquais un imposant haut-relief en fer forgé. Pendant quelques minutes, mon regard ne put se détacher de cette élégante sculpture. Il s’agit de La Diane chasseresse qui se dresse sur la petite place Fernand-Pouillon à Belcastel. Quel que soit l’état d’esprit dans lequel on se trouve et quelle que soit l’œuvre en question, le ressenti est exactement le même : le visiteur est nécessairement troublé. Car, il faut bien l’avouer, les sculptures et les peintures de Casimir Ferrer sont une véritable prouesse artistique où resplendit dans mille et une couleurs, une ode à la joie. Dans toutes ses créations, où se découvre une certaine candeur, le mouvement vertical qui s’opère apparaît constamment dans un infini prolongement de l’œuvre, y compris pour ses peintures figuratives qui marivaudent avec l’art abstrait.
Né à Trébas, dans le département du Tarn, le 14 février 1946, Casimir Ferrer expose peinture et sculpture au début des années 1970. Dix ans plus tard, il est découvert aux États-Unis et au Canada. C’est le succès. Le début d’une longue carrière qui s’avère très prometteuse.
Les commandes affluent. Les prix et les distinctions se succèdent, au rythme des expositions qui ont lieu dans de nombreuses villes françaises (telle en 2008 "24 heures du Mans" à Onet-le-Château), sans oublier Madagascar ou La Martinique, mais aussi à l’étranger : Allemagne, Suisse, Espagne, Singapour, Gabon, Norvège, Autriche, Bosnie-Herzégovine…
De renommée internationale, sa quatrième exposition à New York a eu lieu au printemps 2016. L’artiste qui ne totalise pas moins de 2 500 œuvres à ce jour, s’adonne sans relâche au dessin, à la peinture, passant du pastel à l’acrylique poursuivant par l’aquarelle, l’huile. "Je suis un baroudeur du dessin qui s’emploie à décrire ce qu’il ressent. Je dessine avec la matière. Je vais au travers de celle-ci. J’écoute le fer propager sa force, sa beauté au travers des espaces maîtrisés. Je mène tous ces rêves, rêves de silence dans le fracas de ma forge intérieure." (1)
L’art du mouvement
Changeant de support, il découvre un réel plaisir à travailler le fer, le métal à chaud. Ce plaisir non dissimulé a comme un goût d’enfance, un souvenir tenace qui lui rappelle la période où son grand-père était forgeron.
Depuis son atelier à Saint-Juéry, près d’Albi, l’artiste travaille pour de nombreuses commandes publiques et organise régulièrement des stages, notamment avec le club de peinture du Céor, à Cassagnes-Bégonhès. "La sculpture, c’est la légèreté dans l’espace", précise Casimir Ferrer. Mais si les sculptures représentent une importante production, ses créations picturales ne sont pas moins foisonnantes. "Lorsque je me projette sur une toile je vois déjà le graphisme et les couleurs." Concernant les grands formats, "que ce soit la peinture ou la sculpture, le travail de l’œuvre dénote chez l’artiste un combat avec lui-même. Il est confronté à quelque chose qui dans son esprit ne peut se réaliser et il va essayer d’aller au-delà de ses possibilités" détaille Casimir Ferrer avec sa légendaire modestie.
À partir de 1990, le peintre-sculpteur est à l’origine d’une nouvelle technique qui mêle peinture et sculpture dans un même tableau : le Concrétisme. Nommé ainsi par un critique d’art "parce que le sujet devient concret par l’intermédiaire de la sculpture" qui sort de la toile. L’artiste travaille sur plusieurs supports. Outre la peinture à l’huile, sur métal et sur vitrail, il crée également médailles, bijoux et pierres précieuses en lien directement avec des joailliers.
L’église du Carla
Un jour Casimir Ferrer découvre "une église en très mauvais état et qui demandait à renaître". Il a alors l’idée de la restaurer et "en faire une œuvre d’art pour que cela serve à quelque chose". Ainsi est née l’association Milles étoiles pour l’enfance dont le but est de venir en aide aux enfants des hôpitaux. Aujourd’hui restaurée et décorée par des peintures de Casimir Ferrer, l’église de Castelnau-de-Lévis est destinée aux expositions, conférences, concerts et spectacles. Les fonds recueillis sont versés au profit des enfants malades et déshérités.
La lumière et le mouvement prédominent dans toutes les œuvres du Maître. Et l’église du Carla, dans son nouveau décor, ne fait pas exception à la règle. Bien au contraire, puisque ces peintures abordent la thématique de la musique, notamment les instruments à cordes. Mais "Le violon c’est le roi de l’instrument", s’amuse le créateur qui précise aussitôt que son fils est un violoniste professionnel (Christophe Ferrer est directeur de l’Académie de musique et des arts scéniques du Tarn). Évoquant alors une de ses sculptures placées près du chœur, Casimir Ferrer explique : " Le doré du laiton va accentuer cette partie musicale. On entend la musique. Le violon que je vais poser sur la partie métallique, c’est un violon qui joue. Ce n’est pas un instrument immobile."
Ces œuvres assurément lumineuses, puissantes et d’une éclatante beauté, telle une explosion qui se produit par un jaillissement de couleurs, rivalisent avec ce mouvement perpétuel qui les propulse, pour chacune d’elles, dans un rêve qui n’en finit pas. Et c’est magique !
(1) Max Assié "Casimir Ferrer, Peinture, sculpture, concrétisme. Un Autre Regard Éditions (2021).
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