Slip chauffant, vasectomie et injections hormonales : bienvenue dans la nouvelle tribu des "contraceptés"

  • Demain, un slip chauffant comme contraception masculine ?
    Demain, un slip chauffant comme contraception masculine ? VioletStudio / Shutterstock
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Guillaume Daudin et Stéphane Jourdain sont deux amis journalistes. Ils se sont lancés dans une enquête sur la contraception masculine et ont accouché d'une BD enquête baptisée "Les Contraceptés". C'est le nom de la toute petite tribu des hommes qui décident de prendre leur contraception en main, parfois en slip chauffant. Entretien.

Dans votre BD, vous avez mis en image votre quête en tant qu'homme de vous "contracepter". Quels sont les moyens de contraception disponibles aujourd'hui pour la gent masculine ?

Stéphane Jourdain : Il existe deux moyens principaux. Le préservatif, considéré, à tort, comme un moyen contraceptif masculin. C'est en fait un dispositif partagé. Et, plus définitive, la vasectomie, simple et efficace. En parallèle, il existe des méthodes hormonales en injection intramusculaire, aux effets secondaires lourds, mais avec un taux de réussite, selon l'OMS, supérieur à 95% de réussite, comparable au stérilet. Il y a aussi la méthode thermique, le "slip chauffant". Le principe est d'augmenter légèrement la température des testicules en les remontant dans le pubis, grâce à un slip ou à un anneau en silicone. Au bout de trois mois, avec la confirmation d'un spermogramme, le taux de spermatozoïde diminue. L'homme est "contracepté". Mais s'il l'oublie plusieurs heures ou pendant un jour ou deux, il est conseillé de repartir de zéro.

Quels sont les freins qui empêchent les hommes de s'emparer de la charge de la contraception ?

Il existe pour les hommes une sorte de main invisible qui fait qu'ils n'ont pas à s'inquiéter de la contraception au sein du couple. Ils n'ont pas à aller chez le médecin, n'ont pas d'analyse à faire, ni à subir les effets secondaires liés à la prise d'hormones. C'est extrêmement confortable. Donc tout est mis en place pour que la moitié de l'humanité n'ait pas à s'en charger. Il existe aussi d'autres raisons. Le médecin de famille est en général réticent au fait de stériliser quelqu'un, femme ou homme, ou de "contracepter" un homme, car ce n'est as dans la culture. Enfin, il y a un frein technique. Même si les premiers essais réalisés de pilules ont été prometteurs, il n'en existe pas à ce jour sur le marché. Car il faut forcer la production de testostérone. A haute dose, ça peut devenir toxique pour le foie. Pour le moment il n'existe pas de recherches plus poussées.

Outre l'absence de contraception pour les hommes, vous évoquez aussi les freins psychologiques. Quels sont-ils ?

Ils sont nombreux ! En tête, les effets secondaires. Ensuite, le manque d'information joue un rôle important. La gent masculine est très mal informée sur la reproduction : comment ça fonctionne, à quoi ça sert, ce qu'est un ovocyte. Enfin, la méthode thermique touche de près aux testicules. Ce n'est pas une zone neutre dans l'éducation aujourd'hui. Par exemple, selon une légende urbaine, une vasectomie provoque un cancer des testicules. Ce qui est évidemment faux ! On entre dans une très légère phase de déconstruction, mais on ne pourra pas effacer des millénaires de virilité mal placée, que ce soit avec un bistouri ou un slip chauffant.

Quelles ont été les réactions de votre entourage lorsque vous avez annoncé que vous étiez contraceptés ?

Elles sont en général manichéennes. Dans notre groupe de pote avec Guillaume Daudin, les femmes félicitent, les garçons ont un petit coup de chaud. Sur notre compte Instagram, 90% de nos 2000 followers sont des femmes. Ensuite, beaucoup d'hommes nous disent "c'est bien de s'être intéressés à la question" et "maintenant ma nana me demande ce que je vais faire". Ca ne les arrange pas toujours de soulever cette question.

>> Les Contraceptés, Guillaume Daudin, Stéphane Jourdain et Caroline Lee (Dessinateur) aux éditions Steinkis, 14 octobre 2021, 19 €.
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