Arvieu. Talents d'Aveyron : le Département salue "Quand pleurent les fusils" de Jean Dupin

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    Jean Dupin, tout heureuxde ce nouveau prix.
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Philippe Routhe

L’auteur arvieunois a reçu le prix Talent d’Aveyron pour son seizième roman qui traite des thèmes du remord et de la réconciliation sur fond de guerre d’Algérie.

Il en est encore tout surpris. Récemment, Jean Dupin a reçu un courrier du conseil départemental de l’Aveyron lui apprenant qu’il venait de recevoir le prix "Talent d’Aveyron". Un prix qui distingue les artistes aveyronnais dans diverses catégories, dont l’écriture en l’occurrence pour ce qui le concerne. " Je savais que je concourais, on me l’avait dit. J’en étais déjà surpris, car je n’ai rien demandé, rigole-t-il. Mais je pensais décrocher la troisième place, ou quelque chose comme ça. Mais là… "

À 85 ans, Jean Dupin se sent tout honoré de cette distinction. Cette reconnaissance du Département le touche. Elle met certes en exergue son seizième roman, "Quand pleurent les fusils", mais également toutes ses années passées à écrire sur son "Lévézou" qu’il chérit tant.

S’il vit aujourd’hui à Toulouse, " pour rester proche de ma famille", c’est bien dans le Lévézou qu’il a ses racines. " Cette terre me colle aux chaussures comme elle me collait aux sabots quand j’étais enfant ", glisse-t-il. Son premier livre, "C’était mon village", paru en 2004, est d’ailleurs consacré à ce Lévézou qui lui manquait tant quand, arrivé à l’heure de la retraite, il ne savait pas trop vers où se tourner. Un livre plusieurs fois réédité, marquant des débuts réussis pour le tout nouvel auteur qu’il était.

Entré à La Poste à 19 ans, il en est ressorti à l’âge de la retraite après une carrière professionnelle durant laquelle il avait gravi de nombreux échelons. S’il était déjà homme de lettres, donc, jamais il n’aurait imaginé alors écrire un livre à cette époque-là. "C’est ma femme qui m’a poussé quand je suis arrivé à la retraite" sourit-il. Depuis, à raison d’un livre par an, il ne peut plus se passer d’écrire. Il est d’ailleurs en train de mettre un point final à son dix-septième roman.

Dans un Ehpad en Aveyron

Mais revenons à ce dernier roman "Quand pleurent les fusils", que Jean Dupin consacré à un épisode douloureux de sa vie : la guerre d’Algérie. "J’avais 20 ans, j’étais à Paris. Et quand j’ai vu la lettre sous ma porte, j’ai compris… J’étais appelé à rejoindre Lodève, je pensais que c’était pas mal, près de chez moi. Mais c’était le régiment disciplinaire des tirailleurs algériens. Ce fut très dur."

Dans son roman, il raconte l’histoire de deux anciens combattants qui se retrouvent un peu par hasard dans un même Ehpad en Aveyron. Deux "anciens d’Algérie" qui n’avaient pas combattu dans le même camp… "En Algérie, nous étions des Français qui tiraient sur d’autres Français. Mais que pouvions-nous faire face à des ordres qui arrivaient d’en haut ?" Les thèmes du remord et de la réconciliation animent ce roman dans lequel Jean Dupin s’attarde véritablement, pour la première fois, sur cette guerre qui hante encore les esprits. "On nous avait demandé d’aller là-bas pour du maintien de l’ordre, mais c’est bien la guerre que l’on nous demandait de faire."

C’est donc avec passion, dans une écriture où la réalité côtoie de près la fiction, que Jean Dupin a publié ce nouveau roman qui a séduit le Département.

Une fierté de plus pour cet Arvieunois qui, en 2019, s’est également vu distingué par l’Académie des Arts, Lettres et Sciences du Languedoc.

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