Millau : 19 kg de drogue dans le bus et une relaxe au bénéfice du doute

  • Une relaxe au bout du compte.
    Une relaxe au bout du compte. Illustration CP
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Le 22 novembre dernier, les douaniers interceptent sur l’A75 à Millau un « Flixbus » assurant la ligne Barcelone-Paris. Ils découvrent, dans les soutes de l’autocar, deux valises exhalant une forte odeur de parfum.
Ce maquillage olfactif ne troublera pourtant pas le flair du chien des douanes : 19,305 kg de cannabis (herbe et résine), répartis dans 29 sachets, sont mis au jour.
Les douaniers demandent à tous les passagers de descendre et de récupérer leurs bagages. Les deux valises restent orphelines. Même le passager qui voyage les mains dans les poches ne s’en empare pas, ce qui évoque des soupçons. Il finira par dire qu’on les lui a confiées, qu’elles ne sont pas à lui, avant de se rétracter au cours de son audition : on ne les lui aurait même pas confiées.

Incohérences

L’affaire est présentée mercredi 25 novembre à la barre du tribunal correctionnel, en comparution immédiate.
L’audience est habitée par la confusion : l’homme se contredit, il a pris, semble-t-il, l’identité d’un autre (un homonyme) pour voyager et bénéficier de son pass sanitaire, il a aidé un ami (dont il donne le nom) rencontré à la gare de Perpignan où il a embarqué, à charger les valises dans le bus, il ne s’est pas rendu compte que l’ami n’était pas monté à bord. Le prévenu, un Guinéen de 35 ans, est demandeur d’asile politique en Belgique où il réside dans un foyer de la Croix Rouge. Il était allé voir des copains dans le sud et regagnait son lieu d’accueil, via Paris, sans le moindre bagage, et sans téléphone portable, ce qui lui semble normal.
« Vos déclarations ne sont pas claires », résume la présidente du tribunal Sylvie Rouanne au terme d’une succession de quiproquos qui ne trouvent aucune explication. La substitut du procureur, Émilie Passier, évoque « énormément d’incohérences à tous niveaux » mais demeure fermement convaincue qu’il « a transporté les stupéfiants en toute conscience ».

Elle requiert 18 mois de prison ferme.
« On peut lui reprocher d’être incohérent, mais rien ne prouve qu’il ment, assène Me Angles pour sa défense. Je regrette que la personne qui lui a remis les valises et dont on connaît l’identité ne soit pas entendue. »
Le tribunal reconnaît « ne pas avoir assez d’éléments pour affirmer que le prévenu a détenu les valises. Rien ne nous permet de dire qu’il en avait la garde ». Et prononce la relaxe sur ce transport-détention mais lui inflige six mois de prison avec sursis pour « prise du nom d’un tiers ».

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