Rugby : à Decazeville, le Sporting est Sam

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  • Dimanche, matinée solidarité pour les joueurs dans l’usine occupée. Puis, durant le match, Sam était aussi là, sur les Sportingmen, comme le tableau d’affichage de Camille-Guibert.
    Dimanche, matinée solidarité pour les joueurs dans l’usine occupée. Puis, durant le match, Sam était aussi là, sur les Sportingmen, comme le tableau d’affichage de Camille-Guibert. CPA - PhC et JLB
  • Dimanche, matinée solidarité pour les joueurs dans l’usine occupée. Puis, durant le match, Sam était aussi là, sur les Sportingmen, comme le tableau d’affichage de Camille-Guibert.
    Dimanche, matinée solidarité pour les joueurs dans l’usine occupée. Puis, durant le match, Sam était aussi là, sur les Sportingmen, comme le tableau d’affichage de Camille-Guibert. CPA - PhC et JLB
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Philippe Cauffet

Au-delà du succès abouti et bonifié (36-15) face à Ussel dimanche 28 novembre, le SCD a vécu une journée forte en émotions. Fédératrice, comme l’histoire du Sporting en regorge.

L’histoire économique et sociale s’entrechoque constamment avec celle du club de rugby decazevillois. Que ce soit pendant les grèves de 61-62 lors desquelles les mineurs gardent le fond, leur outil de travail ; en 1987 à la fermeture de la sidérurgie pour laquelle bon nombre de joueurs travaillaient à l’époque ou encore, aujourd’hui, à la société aveyronnaise de métallurgie, qui vit de bien tristes heures et occupée par les salariés.

Toujours une histoire de lutte, de maintien d’emploi, d’orgueil d’une population qui ne veut toujours pas lâcher ce territoire qui n’a, certes rien d’exceptionnel, mais qui est le leur et à qui l’on doit ce que l’on est, toujours à travers l’histoire. À cet endroit précis, on se doit de lutter pour tout, c’est le destin. Un destin, finalement glorieux car dans le Bassin, les gens ont choisi de mourir debout plutôt que de vivre à genoux.

Le rugby à Decazeville ne se vit pas pareil qu’ailleurs

Finalement comme sur un terrain de rugby lorsque l’on forme un groupé pénétrant lié par les bras, les corps ne font plus qu’un, pour progresser et parvenir à sa fin, inscrire un essai ou faire plier l’adversaire. L’histoire est la même ! Petite ou grande, elle trouve de la résonance dans les cœurs des joueurs, des supporters dans les gradins. Des gens du peuple, des gens qui triment la semaine pour se payer un billet et crier des encouragements, parfois des quolibets, qui aux joueurs, qui à un arbitre qui sait qu’une rencontre de rugby à Decazeville ne se vit pas pareil qu’ailleurs.

L’histoire vaut tout le charbon du monde dans le Bassin. Du plus petit au plus grand des joueurs de rugby, ils connaissent les valeurs qu’elle insuffle depuis la création du club en 1912. Mineurs, sidérurgistes, métallos, artisans, commerçants, fonctionnaires. Presque tous les corps de métiers ont eu à enfiler un maillot du Sporting. Avec fierté, orgueil, on allait défendre ses couleurs aux quatre coins du sud-ouest. Même si les fortunes étaient diverses, l’image qui transpirait dans ces villes ou villages combattus, était le respect, l’admiration de voir ces quinze joueurs appartenir à un territoire quoiqu’il arrive, qu’importe le score final. Et aujourd’hui encore, l’histoire se répète. Une histoire aussi sombre qu’une veine de charbon qu’un creuset, froid, au pied d’un haut-fourneau. Sam va mal, le Sporting est là pour elle ! Le club a cette faculté de rassembler. De rassembler et de s’unir pour défendre l’emploi à l’usine aujourd’hui, à la maternité hier. Cela peut faire sourire. Certains ont le droit de ne pas comprendre tout ce "cinéma". Mais quand des joueurs de rugby rentrent, un dimanche matin, dans un atelier d’une usine avec un tee-shirt sur lequel est inscrit "Je suis S.A.M.", qu’on aime ou pas le sport, cela fait chaud au cœur des salariés qui l’occupent. Un simple geste, souvent des regards gênés qui se croisent entre deux mondes. Celui de personnes qui vont certainement perdre leur emploi face à d’autres, jeunes et vigoureux, qui vont simplement disputer un match de rugby dans l’après-midi. Une histoire de lutte, de combat que rappelle David Gistau juché, en tribun, sur une table pour que ces jeunes joueurs, qui ont l’avenir devant eux, comprennent bien le pourquoi du comment d’un territoire restant quoiqu’il arrive droit dans ses bottes. Pendant quelques minutes, le silence est d’or, de métal. Les gorges sont nouées comme celle de Ghislaine Gistau qui prend la parole, en tant que déléguée syndicale, et surtout maman et belle-maman de Romain Verdié et de Gaëtan Gistau, joueurs decazevillois, là tout proches d’elle.

"Si cela doit mal tourner, je serai là pour les aider"

Et l’on pouvait entendre çà et là au détour de conversations entre joueurs, pas forcément natifs du coin d’ailleurs : "T’imagines, si cela se trouve, ils vont passer Noël ici ? " Ou encore : "Si cela doit mal tourner, je serai là pour les aider."

L’émotion est grande, le geste est fort, bien qu’il semble bien dérisoire. Mais il va en rester quelque chose lorsque la réserve à 13 h 30 et l’équipe première à 15 heures vont entrer sur le pré de Camille-Guibert, là, tout près. Il va rester, en tête, ses visages, ses poignées de main à de simples gens pas vraiment fait pour le rugby mais qui vont suivre ce match contre Ussel pour voir si ces joueurs vont avoir autant de coffre qu’eux et avancer ensemble dans l’espoir d’une victoire sur le rectangle vert, sur la vie pour le Bassin.

L’histoire ne se bafoue pas à Decazeville, elle s’enrichit de ce lien entre un club et sa population. Le Sporting est Decazeville et Decazeville est le Sporting. Liés dans la souffrance, comme dans la joie. Le club est un lien social, un symbole comme son stade de Camille-Guibert où il est hors de question de perdre un combat. Et comme par miracle, ce dimanche, le Sporting a été appliqué. Comme par miracle son jeu a été complet et la victoire (36-15) nette, sans trembler, ni forcer. Il faut dire qu’ils étaient 333 – les salariés de Sam – à pousser derrière la mêlée.

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