Covid-19 : la vaccination pourrait-elle devenir obligatoire pour tous en France ?

  • Malgré les recommandations scientifiques, la France n’a toujours pas opté pour la vaccination obligatoire contre le Covid-19, même si elle en prend doucement la direction.
    Malgré les recommandations scientifiques, la France n’a toujours pas opté pour la vaccination obligatoire contre le Covid-19, même si elle en prend doucement la direction. Repro CPA
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Centre Presse Aveyron

Le nombre de contaminations au Covid-19 continue de grimper en flèche, avec plus de 41 000 nouveaux cas enregistrés en 24 heures entre le 30 novembre et le 1er décembre. 80% des personnes hospitalisées ne sont pas vaccinées. Alors faut-il aller plus loin et rendre le vaccin obligatoire ? 

Un « pass maximal » plutôt qu’un passe vaccinal, c’est la dernière orientation choisie par le gouvernement, telle que formulée par son porte-parole Gabriel Attal, pour lutter contre le Covid-19. Une position destinée à peser sur les réfractaires à la vaccination, alors que la troisième dose est désormais accessible à tous les Français majeurs. Cette troisième dose est aussi la condition pour conserver un passe sanitaire valide, sept mois après la dernière injection de vaccin reçue.

Si les effets bénéfiques de la vaccination font consensus chez la majeure partie des scientifiques, le débat sur l’obligation vaccinale est toujours source de controverse politique. Une grande partie des élus de l’opposition prônent la vaccination obligatoire, tandis que la majorité y est plutôt réfractaire.

Pour l’opposition, une décision inévitable

« On tourne autour du pot depuis des mois » assure Jean-Pierre Door, député Les Républicains et membre de la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, partisan de la vaccination obligatoire. Un avis qu’il partage avec « le Conseil scientifique et des infectiologues de haut niveau » défend-il, rappelant que les médecins ne cessent d’encourager le gouvernement dans cette direction.

Si les députés d’opposition sont favorables à imposer le vaccin, c’est parce que, selon eux, son efficacité ne fait aucun doute. « Plus on vaccinera et plus on aura un mur de protection » explique Jean-Pierre Door, médecin de formation, qui regrette que la majorité républicaine du Sénat n’ait pas suivi cette voie et retoqué la proposition de loi du parti socialiste, qui visait à inscrire le vaccin contre le Covid-19 dans la liste des vaccins obligatoires. « Si on avait imposé le vaccin, on aurait peut-être réussi à prendre les devants » face à l’apparition de nouveaux variants.

Pour Joël Aviragnet, député socialiste, lui aussi membre de la Commission des affaires sociales, la vaccination doit être obligatoire : « On va y arriver. Comme pour toute pandémie, le seul moyen est de se faire vacciner. »

Si le vaccin n’est toujours pas obligatoire à ce jour, c’est d’abord un choix politique du gouvernement, plutôt que scientifique, assurent les députés d’opposition. « Aujourd’hui, bien sûr qu’on pense à l’élection présidentielle. Mais si on avait rendu le vaccin obligatoire il y a six mois, on ne se serait pas posé la question », regrette le député des Républicains.

La société au cœur du débat

Contraindre à la vaccination ceux qui souhaitent vivre la vie d’avant Covid, avec des relations sociales sans limites, c’est la méthode choisie par l’exécutif. Et si le gouvernement « veut arriver à ses fins sans assumer ses positions » comme le formule Jean-Pierre Door – autrement dit parvenir à un taux très élevé de personnes vaccinées sans formuler clairement l’obligation vaccinale – c’est peut-être pour plusieurs raisons.

Si Joël Aviragnet y voit « une peur de se mettre la population à dos », ou la crainte de « prendre la responsabilité d’imposer un vaccin sur lequel on n’a pas suffisamment de recul », le député La République en marche (LREM) et membre de la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale Julien Borowczyk, sans employer le terme de « peur », explique qu’il s’agit bien d’« une question sociétale ».

« Si on rend le vaccin obligatoire, alors que feront les personnes qui refusent de se faire vacciner ? » questionne le député. « Eh bien cela va entraîner des manifestations et des querelles » répond-il. L’enjeu selon lui, est « de ne pas créer de fracture irréparable dans la société, entre les vaccinés et les non-vaccinés ».

Un pass vaccinal qu’il faudrait contrôler

Mais il y a une autre explication selon le député LREM : le contrôle. « Si demain on rend la vaccination obligatoire, alors il faudra contrôler ce pass vaccinal. Et bien sûr, il y aura des personnes qui vont frauder. » Pour Julien Borowczyk, la multiplication des contrôles serait trop difficile à mettre en œuvre et il ajoute : « Dans le climat actuel, je ne suis pas sûr que ce soit opportun. »

Une question de temps

In fine, la majorité n’exclut pas de rendre le vaccin obligatoire si cela se justifie face à l’apparition de nouveaux risques, notamment les variants. « Il faut attendre un peu, mais pas trop » note la députée LREM et membre de la Commission des affaires sociales Michèle Peyron. Comme son confrère Julien Borowczyk, elle n’est « pas contre l’obligation vaccinale », mais estime qu’il est nécessaire de « prendre du recul ». Et notamment d’attendre les résultats des études menées par les laboratoires sur l’efficacité des vaccins face au nouveau variant Omicron.

Et s’il est nécessaire de prendre des décisions individualisées, la majorité se dit prête. « Les contaminations explosent dans certains territoires, alors peut-être qu’il faudra imposer la vaccination seulement dans quelques départements ou régions, expose la députée. Si on ne le rend pas obligatoire, dans certains territoires comme aux Antilles, ça va être une hécatombe », s’alarme le député LR.

Six millions de non-vaccinés

Rendre le vaccin obligatoire est une solution adoptée dans d'autres pays comme en Autriche, alors que le futur chancelier allemand, Olaf Scholz, s'y est également montré favorable. Pour Antoine Flahault, épidémiologiste, il est encore possible de convaincre les Français sans imposer le vaccin. "Le Portugal et l'Espagne l'ont montré, on peut arriver à des taux élevés, autour de 98%, sans recourir à l'obligation vaccinale", indique-t-il. En France, six millions de personnes n'ont reçu aucune dose de vaccin.

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Les commentaires (1)
Altair12 Il y a 2 années Le 02/12/2021 à 08:45

Si le gouvernement avait un peu plus de courage il y a longtemps qu'il aurait rendu la vaccination anti-covid obligatoire car un non-vacciné met en danger la vie d'autrui, il risque de coûter cher à la société, il permet la circulation du virus et empêche l'immunité collective !
Je note que d'autres vaccins sont obligatoires et que des lois imposent le port de la ceinture de sécurité pour les automobilistes ou bien le port du casque pour les motards alors que le non respect de ces règles n'engagent que ceux qui les enfreignent et qu'il n'y a pas là urgence ou péril national !