Football : pour Pierre-Olivier Murat (Rodez), « ce n’est pas le foot qui ne va pas, c’est la société »

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  • Pierre-Olivier Murat, le président du Rodez Aveyron football. Pierre-Olivier Murat, le président du Rodez Aveyron football.
    Pierre-Olivier Murat, le président du Rodez Aveyron football. Centre Presse - José A. Torres
Publié le , mis à jour

Rencontré longuement ce mardi 30 novembre, le président de Rodez Pierre-Olivier Murat a eu beaucoup à dire avant le match face à Nîmes, prévu ce vendredi 3 décembre à Paul-Lignon, pour le compte de la 17e journée de Ligue 2. Des éléments à retrouver prochainement ici même. Mais il a aussi bien voulu enfiler sa casquette d’élu à la LFP. Chose rare. Et c’est (très) instructif.

Amazon, ce diffuseur à séduire plus que jamais

 

Le boss du Raf, ancien élu à la LFA (amateurs) et actuel à la ligue de football professionnel depuis septembre 2020 en qualité de représentant de l’antichambre de l’élite, ne s’en est jamais caché. Selon lui, l’arrivée du géant Amazon sur le marché des droits télés du foot français, tout juste tiède des braises de Mediapro, est une bénédiction. Après les premiers mois de diffusion, quel bilan en tire-t-il ? « Le diffuseur est très content. Et la qualité de ce qui est proposé est vraiment super. » Avant d’enchaîner : « Et puis, on peut faire les débats que l’on veut : aujourd’hui, on est adossé à la plus grande entreprise mondiale, donc il faut tout faire pour qu’elle reste. » Voyant déjà le potentiel affiché par la surface financière de la multinationale. « Avec eux, on peut avoir un accélérateur du développement du foot français. » Certes. Mais, pour l’heure et jusqu’en 2024, ce ne sont “que” 259 M€ par saison que l’Américain débourse, bien loin des sommes payées précédemment pour diffuser L1 et L2. La prochaine négociation des droits semble donc capitale. À en croire Murat, cette dernière « n’a pas attaqué ». Mais la question va assez vite se poser. « Aujourd’hui, il faut que les gens chez Amazon soient très contents !, coupe le président. Car s’ils le sont, comme c’est le cas actuellement, ils ont les capacités de faire ce qu’ils veulent. »


Des incidents et violences en reflet de la société

 

Et on ne peut pas dire que les violences et incidents de ces dernières semaines dans les stades français contribuent à l’attractivité du “produit à vendre”. « C’est triste. Après, est-ce qu’on cloue au pilori un club, des joueurs, pour un abruti qui jette une bouteille d’eau (référence à celle reçue en pleine tête par le Marseillais Payet à Lyon il y a 10 jours) ? » « Il faut aller beaucoup plus vite, être beaucoup plus dur avec ces gens-là », ajoute-t-il, tout en ne déplorant pas la mollesse des sanctions prises par sa LFP après les incidents du match Nice - Marseille, et faisant jurisprudence. Et d’expliquer : « On est dans un problème qui ne concerne pas que le foot, élève-t-il. C’est sociétal. Quand on se promène dans une grande ville, actuellement, ça craint grave ! C’est la société qui est violente. Même à Rodez, tu es au feu en bagnole, un peu dans les nuages, tu n’as pas démarré dans la seconde qu’on te gueule dessus. Ce n’est pas le foot qui ne va pas, c’est la société. » De la complexité, du coup, à endiguer le phénomène. « (À Lyon), l’agression est envers une personne, donc c’est à la justice de passer, pas au monde du foot. Il faut arriver à trouver un pont rapide entre instances du foot et justice. Ce qui est le travail actuellement de Vincent Labrune (président de la LFP). » Rendre également le billet d’entrée au stade nominatif resterait, selon lui, « une première réponse, rapide et efficace. » Mais il met aussi les présidents de club devant leur responsabilité. Sur la réponse d’abord : « Je peux vous dire que si un truc comme ça arrive à Rodez, c’est moi-même qui vais choper le mec, parce qu’on a 45 caméras et qu’on va le trouver. Je le prends par le colback et le mets dans la rue Vieussens. » Mais aussi la prévention : « Rester proche des groupes de supporters, c’est capital. Cette saison, j’ai profité d’une suspension pour aller voir un match dans le kop. J’y ai vu un comportement exemplaire, pas une insulte raciste, de jet ou autres. C’est sûrement plus facile pour moi en L2, mais c’est important de maintenir le dialogue. On fait avancer les choses ainsi. »


Une Ligue 2 à 18 à cause d’un triplé funeste

 

Les supporters de Rodez, justement, ont récemment pu être un peu décontenancés en voyant leur président plaider pour le passage de la L2 de 20 à 18 clubs (effectif en 2023-24 si c’est à nouveau voté, cette fois le 9 décembre à l’AG de la LFP) ; donc potentiellement pour un championnat dans lequel il sera plus difficile encore d’exister pour un club comme le Raf aux moyens financiers modestes. « À la LFP, je ne représente pas le Rodez Aveyron football, mais l’intérêt du football », éclaircit-il d’entrée. « Et avec un triple séisme qui l’a frappé, à savoir Mediapro (fiasco des droits télés), le Covid et le Brexit - qui fait qu’aujourd’hui, il n’y a plus un seul transfert de joueur de L2 vers l’Angleterre à cause des quotas -, il y avait urgence. » « D’autant plus qu’il y a le projet du président de la LFP de créer une société commerciale (sorte de filiale chapeautant les ligues). Pas seulement pour gérer les droits télés, mais aussi faire du commerce et avoir des moyens supplémentaires en démarchant des partenaires. Et pour cela, il faut qu’il y ait une homogénéité dans le foot (pro) français. »
Selon lui, sans la conjonction de ces trois fléaux majeurs, « rien n’aurait changé, tout le monde serait resté à 20. » Et de conclure : « Mais dans ce contexte, si j’avais une baguette magique, mon projet le plus logique ce serait d’établir des L1, L2 et L3 professionnelles à 18. Parce que malgré les sondages auprès des joueurs (qui sont contre selon leur syndicat, l’UNFP, ce dernier s’y étant officiellement opposé mardi), il y aurait ainsi davantage de joueurs pros, donc d’entraîneurs, et de business à faire pour tout le monde. »

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