Football : pour son président Pierre-Olivier Murat, Rodez doit "avoir de l’ambition"

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  • Pierre-Olivier Murat s’est aussi montré très clair pour ce soir : "J’attends une grosse réaction de mes joueurs (après l’élimination en Coupe). Une victoire, rien de plus. Et que le public pousse fort. Le kop fait son job. Et j’aimerais bien que ma tribune un peu plus VIP soit plus active lors de ce match. Les joueurs ont besoin d’un costaud 12e homme."
    Pierre-Olivier Murat s’est aussi montré très clair pour ce soir : "J’attends une grosse réaction de mes joueurs (après l’élimination en Coupe). Une victoire, rien de plus. Et que le public pousse fort. Le kop fait son job. Et j’aimerais bien que ma tribune un peu plus VIP soit plus active lors de ce match. Les joueurs ont besoin d’un costaud 12e homme." CPA - José A. Torres
Publié le
Aurélien Parayre

Le stade Paul-Lignon accueille un Rodez - Nîmes ce vendredi 3 décembre (21 heures) pour le compte de la 17e journée de Ligue 2. Match particulier s’il en est pour le président de Rodez, formé en tant que joueur au NO. Il s’est livré. Sur ses joueurs arrivés du Gard cet été, le mercato à venir, les nouvelles espérances et l'éventuelle course aux barrages d'accession à la Ligue 1, le chantier du stade…

Ce Rodez – Nîmes est forcément spécial. Mais pour vous, qui avez été formé là-bas en tant que joueur et qui louiez l’état d’esprit régnant au NO précédemment, on imagine que c’est d’autant plus le cas ?

(Long silence) Question pas facile… Il est surtout particulier car c’est un derby de l’Occitanie, ou alors on n’a pas les mêmes cartes. Il est aussi particulier sportivement, car en étant placé où on l’est à ce moment-là de la saison (8e avec 22 points après 16 journées), un bon résultat pourrait nous conforter dans le premier tiers du championnat, au moins momentanément. Les matches références, ce sont des trucs à la con. En revanche, il y a des matches qui permettent de basculer. Et il vaut mieux avoir des points d’avance que se poser la question ensuite de combien il en faut par match pour se maintenir. La saison passée, à la même époque, il nous fallait faire quasiment un parcours de champion pour se maintenir. On l’a fait ! Mais ça n’arrive pas tous les ans. Et cela peut aussi nous permettre d’avoir une deuxième partie de saison sportivement intéressante.

Est-ce que vous vous attendez à quelque chose de particulier de la part des Nîmois, d’autant que trois d’entre eux jusque-là vous ont rejoint cet été ?

Non, non. Justement. En plus, même si je pense que Clément ne jouera pas (Depres, en délicatesse avec un genou), que ce soit "Bubu" ou "Adil" (Lucas Buadès et Adilson Malanda), je leur ai dit : "Le meilleur moyen de réaliser un très bon match contre votre ancien club, c’est de faire exactement ce que vous faites actuellement, puisque ce que vous faites actuellement, c’est superbe." Il n’y a besoin de rien d’autre.

Ce filon chez les Crocos lors du dernier mercato, c’est probablement le plus beau coup réalisé par le club en ce domaine ces dernières années, non ?

Au 30 novembre (entretien réalisé mardi), oui.

N’avez-vous pas eu l’impression d’avoir quelque peu "pillé" le NO quand vous preniez ainsi trois de ses pépites, très tôt cet été, alors que le club était exsangue ?

Non, pas du tout. À partir du moment où ce sont des joueurs que l’on suivait depuis un petit moment, qui ne sont plus sous contrat et plus vraiment en odeur de sainteté, on y va. On a pu les faire venir très rapidement, car on n’a pas eu besoin d’attendre l’accord de la DNCG. Ça s’est fait très, très vite. C’était même la première fois que c’était aussi rapide. Pour Clément, beaucoup de clubs de L2 l’ont ensuite appelé, et des clubs qui jouent la montée ! En fait, en se replaçant à ce moment-là : si on attend 10 jours pour bouger, aucun des trois n’est à Rodez. Ce qu’il n’empêche qu’aujourd’hui, les trois sont super contents d’y être. Clairement, je n’ai piqué personne au NO. De toute façon, j’ai tellement de respect pour ce club que ça ne me serait même pas venu à l’idée.

Vous vous attendiez à un rendement aussi rapide de leur part ?

Oui, clairement. Parce que Clem’, c’est un vrai Nîmois formé au NO ; Adil est originaire de juste à-côté ; et Bubu a été pris dans cette fibre-là très vite, cet esprit nîmois qui place l’équipe au premier plan. Et ces joueurs-là qui ont cet esprit-là, ça correspond à 100 % à notre philosophie. Ce qui est inculqué là, dans cette région, comme à Montpellier d’ailleurs, nous ressemble.

Vous évoquiez Clément Depres en disant qu’il ne pourrait sûrement pas jouer ce vendredi, à cause d’une délicatesse au genou droit qui dure depuis un mois et demi et cela alors qu’il avait été tenu éloigné des terrains durant deux ans et demi à cause de l’autre il n’y a pas si longtemps. Y a-t-il de la tension autour de son cas ?

Non. Là, c’est très rassurant. On est plutôt dans de la surprotection. Si ça avait été un match pour la montée, il aurait joué.

Après votre déception consécutive à l’élimination en Coupe de France à Cannes samedi (1-1, 3-2 tab) déjà relayée dans ces mêmes colonnes, est-ce que l’enchaînement des trois matches Nîmes, Toulouse et Bastia avant la fin de l’année donne lieu à un objectif particulier ?

(Long silence) Il n’y a pas d’objectif précis. Mais vu notre classement, c’est quand même plus simple à gérer sans donner d’objectif. Car les joueurs, une fois arrivés à cette place-là, ont a minima envie d’y rester, voire de grappiller une ou deux places. Tu n’as pas besoin de surmotiver les mecs. Ils savent de quoi ils sont capables. Ce que l’on fait depuis quelques matches, c’est extraordinaire. On ne prend quasiment pas de but, on est très solide… même si parfois on dit de nous qu’on est un peu frileux, comme Pedretti l’a dit (le coach de Nancy). Enfin, on a gagné 2-0 ce soir-là. Je m’en bats les c***. Tant que les gars continueront à me croire quand je leur dis que le meilleur joueur de notre équipe, c’est l’équipe justement, on peut faire beaucoup de choses. Car on a un groupe très homogène. Le niveau technique a incroyablement augmenté. Donc, ils savent qu’ils peuvent faire beaucoup plus, qu’ils peuvent avoir un super challenge… Mais attention à l’enflammade.

Du coup, diriez-vous aujourd’hui que le Raf se trouve dans une position qu’il n’a jamais connue, à savoir qu’il ne défend plus sa place en Ligue 2, mais qu’il se trouve presque à aller chercher une course aux barrages d’accession ?

(Long silence) Dans la vie, il faut avoir de l’ambition. Et pour en avoir, il faut garder un cap. C’est leur truc à eux (aux joueurs). Ce qu’ils font, c’est super. Donc si eux y croient, c’est leur challenge. En termes de points, on est actuellement plus proches de ce barrage-là que d’en bas, on a un goal-average génial (+2), on prend peu de buts, on n’enchaîne plus les mauvaises séries… En revanche, si on sort du chemin à vouloir faire des choses qu’on ne sait pas faire, l’objectif d’aller plus haut ne pourra pas se réaliser. Mais si on reste comme on est actuellement et qu’on fait un tout petit peu plus, on peut faire quelque chose. Quoi ? Je ne le sais pas, car ça reste du foot. Ce que je sais, en revanche, c’est qu’on n’est plus seulement une équipe de transition. On est une équipe qui sait jouer au foot. Donc, notre stratégie de disposer d’un peu moins de joueurs mais avec beaucoup plus de qualité, pour l’instant, paye.

Est-ce que le club est "câblé" pour jouer ce genre d’objectif, notamment sur le long terme.

Je suis câblé à tout. J’ai fait de CFA 2 à Ligue 2 en tant que président. Donc je sais que tout est possible dans le football.

Vous le disiez, si la qualité du groupe a fait un bond en avant, vous avez aussi assumé votre choix de le restreindre en quantité. Alors qu’Amiran Sanaia (malade) est indisponible cette saison, que Joris Chougrani (blessé) est out jusqu’à la fin de l’année et que Johann Obiang devrait jouer la prochaine Can (9 janv. – 6 fév.), que tous appartiennent au secteur défensif gauche, on imagine que c’est un point d’attention pour vous ?

Il faut toujours avoir des points de vigilance. Après, c’est un choix que l’on a fait. On fait avec les salaires que l’on a décidé. Aujourd’hui, on a la même masse salariale que l’année dernière, mais avec sept joueurs de moins. Faites le calcul en pourcentage ! Je n’ai pas tout mis d’un coup, non plus. Demain (mercredi dernier), j’ai une réunion avec le coach pour commencer à évoquer la trêve. S’il faut réajuster, on réajustera. À tel ou tel poste, on va voir. Je garde toujours un petit matelas d’avance (depuis cet entretien, Gregory Coelho, en prêt à Sète, a été rappelé par le Raf – lire aussi ci-contre).

Cette enveloppe disponible pour le mercato d’hiver est-elle plus importante que d’habitude ?

En pourcentage, c’est à peu près pareil. En tout cas on n’est pas bloqué : si on veut en faire un (joueur), on le fera ; si on en veut deux, ce sera deux. Je suis toujours très vigilant aussi dans ces périodes-là car on peut également avoir des départs.

Vous avez des offres sur le bureau ?

Non, non.

Vous vous attendez à en avoir ?

En France, je ne vois pas qui ferait une offre vu la situation économique. Le marché français des transferts (payants) est inexistant en L2. Il l’a été déjà cet été. Il n’y a que Toulouse qui en a fait, et encore pas en France.

 

Stade. "Taper sur le maire actuel, c’est facile !"

Si les quelque seulement 1 500 places que laissent les travaux en cours au stade Paul-Lignon ne perturbent pas la bonne santé financière du Raf, son président a rappelé l’absolue nécessité de disposer très vite d’un outil digne de ce nom. "Le sujet est tellement important pour s’inscrire sur le long terme en Ligue 2, dit-il. Cette enceinte va être magnifique. Mon rêve, c’est que ça arrive vite, qu’on soit en L2 dans ce stade, et à ce moment-là alors, on aura des moyens vraiment supplémentaires. Ce sera une vraie arme pour se pérenniser en L2. Sans ça, c’est impossible." Constat sans équivoque. Mais du coup, est-il inquiet de voir certains débats à Rodez autour de la pertinence de ces travaux, de leur continuité malgré l’augmentation des coûts. "Ça ma fatigue, ne cache-t-il pas. Taper sur le maire actuel, c’est facile ! Ça fait plus de 30 ans qu’il n’y a rien eu de fait. Là, ce sont 16 ou 17 M€ (investis). Mais lissés sur les 30 dernières années et ajoutés aux vingt prochaines lors desquelles on ne fera rien car le projet est cohérent… Et aujourd’hui, il faut savoir que notre club de foot, en termes de contributions fiscales et sociales, c’est 3 M€ par an en direct. Quelle est l’entreprise à Rodez avec si peu de salariés qui présente ce taux de retombées fiscales et sociales ? On dépense aussi environ 1 M€ chez nos prestataires locaux. Quelle autre petite PME dépense ça dans l’économie directe ? Si on compte nos apprentis, c’est 67 foyers qui dépensent à Rodez, payent des loyers, des taxes, font leurs courses, vont au restau." Et de synthétiser : "Si on fait le ratio entre l’investissement pur et dur et ce que la PME ramène dans l’économie locale, il ne faut pas savoir compter pour dire que ça ne sert à rien, ou alors être de mauvaise foi ou faire de la politique à deux balles."

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