Rodez. Jean Briane, le décès d'un député qui a donné sa vie pour défendre l'Aveyron et sa ruralité

  • Jean Briane a été député de 1971 à 2002.
    Jean Briane a été député de 1971 à 2002. Archives Centre Presse / J.-A.T.
Publié le
RICHAUD Guilhem

Élu de 1971 à 2002 dans la première circonscription de l’Aveyron, centriste convaincu, il a notamment milité corps et âme pour la défense de la ruralité.

C’est une figure politique de l’Aveyron qui s’est éteinte vendredi après-midi, à Rodez, où il résidait. Jean Briane est décédé à l’âge de 91 ans. Né en 1930 à Quins, fils de paysan, il aura été, pendant plus de trente ans, député de la première circonscription de l’Aveyron, qui s’étend de Rodez jusqu’à l’Aubrac. Membre de l’UDF, il était un centriste convaincu. C’est peut-être lui-même qui résumerait le mieux la philosophie de son engagement politique : "Une barque à contre-courant : ce titre peut interroger ou surprendre ou vous paraître provocateur, c’est tout simplement l’image de ma vie, écrivait-il en avant-propos de son livre autobiographique, sorti en 2007, et écrit en collaboration avec le journaliste Philippe Abiteboul. Souvent, dans ma jeunesse, puis dans les activités et les responsabilités qui furent les miennes, j’ai dû lutter, me battre à contre-courant de la facilité, des habitudes, des idées reçues, des convenances, des dogmes et des uskases d’apparatchiks dans le mouvement associatif, puis les partis politiques. Plus simplement, j’ai dû me garder du sérail politicien et de reniements par rapport à moi-même."

Élu contre Marc Censi en 1971

C’est en 1971 qu’il obtient son premier mandat, quand Roland Boscary-Monsservin est élu au Sénat et que sa place se libère à l’Assemblée nationale. Une partielle est alors organisée et il affronte Marc Censi. "On a commencé par être opposés, puis on est restés amis, se souvient ce dernier. J’ai toujours dit qu’il m’avait sauvé la vie en me battant en 1971. Si j’avais été élu, cela aurait été une catastrophe pour moi, pour ma famille, pour mon bureau d’études. C’était très bien comme ça. Pour moi, cela a représenté la providence." Pour autant, à l’époque, l’élection de Jean Briane est une surprise. "En principe, Marc Censi devait être élu, il était plus proche politiquement de Boscary, confirme Jacques Godfrain, député de la troisième circonscription de l’Aveyron de 1978 à 2007. Mais il a créé la surprise grâce à son implantation personnelle extraordinaire. Village par village." Car en véritable homme de terrain, Briane a été impliqué localement depuis sa jeunesse. D’abord dans les mouvements associatifs chrétiens, notamment la Jeunesse agricole catholique, puis dans ses fonctions de directeur de l’Habitat rural. Un poste qui lui a permis de connaître parfaitement le territoire et de lancer sa carrière politique. Après 1971, il sera réélu sept fois (1973, 1978, 1981, 1986, 1988, 1993, et 1997) et aura été un ardent défenseur à Paris de l’Aveyron et de sa ruralité. Plus anecdotique, il avait été l’un des opposants au changement d’heure, estimant qu’une erreur avait été faite, en 1976, lorsqu’il a été décidé de passer à l’heure d’été.

Souvent contesté, toujours gagnant

Homme de terrain et de terroir, aux accents chauds et parfois rocailleux, Jean Briane était également "capable de surmonter les tempêtes avec la force et le caractère dus à ses convictions et à son courage, détaille Jacques Godfrain, dont Briane a été le colistier lors de l’élection à la proportionnelle en 1986. Dans son propre camp, il a eu au cours de sa carrière des soutiens assez disparates notamment à cause de divergences entre l’UDF et les Républicains indépendants. Il y avait parfois une nuance assez forte de doctrine. Il a eu le courage de ne rien répondre et de laisser passer les outrages." En effet, à plusieurs reprises, il a dû affronter des dissidents de sa propre formation politique dans les urnes. Ce fut le cas notamment avec François Rey, ancien maire d’Onet-le-Château, en 1993 et en 1997. Mais à chaque fois, grâce à son travail de terrain, il a trouvé les ressources politiques pour l’emporter. Jusqu’en 2002, quand il a choisi de laisser la place, à 72 ans. Retiré de la vie publique depuis, il s’est donc éteint vendredi en laissant derrière lui une trace politique considérable.

La rédaction de Centre Presse apporte à sa famille et à ses proches ses sincères condoléances. La date des obsèques n’a pas encore été rendue publique.

Yves Censi : "J’avais beaucoup d’admiration pour lui"

"C’est une nouvelle très triste, commente Yves Censi, successeur de Jean Briane comme député de la première circonscription de l’Aveyron en 2002. Avant que je sois élu, on a partagé la même famille politique à l’UDF. Quand je lui ai succédé, on a eu des points de vue différents. Lui était plutôt de sensibilité d’une alliance entre centre droit et centre gauche, moi plus favorable à une alliance entre la droite et le centre, ce qui m’a amené à rejoindre l’UMP. Je pense qu’il n’appréciait pas trop ma proximité avec Jacques Chirac car il avait vécu l’affrontement entre le RPR et l’UDF pendant toute sa carrière. J’avais beaucoup d’admiration pour lui, son indépendance et sa façon de s’approprier la fonction de député. Il était très engagé pour l’habitat rural, les familles rurales et la protection sociale agricole. Quand j’ai été élu, je me suis emparé à l’Assemblée de ces sujets dans sa lignée."
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