L’Europe, tremplin pour le président-candidat Macron ?

  • Emmanuel Macron a plaidé jeudi en faveur d’une Europe unie. Emmanuel Macron a plaidé jeudi en faveur d’une Europe unie.
    Emmanuel Macron a plaidé jeudi en faveur d’une Europe unie. MAXPPP -
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Centre Presse Aveyron

Emmanuel Macron a affiché ce jeudi face à la presse son ambition de promouvoir une Union européenne "puissante" durant la présidence française qui débutera le 1er janvier.

La présidence française du Conseil de l’Union européenne (PFUE), qui débute pour six mois à partir du 1er janvier 2022, sera-t-elle un atout pour Emmanuel Macron lorsqu’il aura déclaré sa candidature à un second mandat ? Constituera-t-elle un tremplin pour le président-candidat qui ambitionne de prendre le leadership européen jusqu’ici incarné par Angela Merkel, ou n’aura-t-elle finalement aucun impact sur une campagne électorale nationale dont les thèmes tournent très peu sur les questions internationales ? Et même si les marges de manœuvre du pays qui préside l’UE restent limitées, Emmanuel Macron va-t-il facilement concilier son agenda national et ses obligations européennes ?

Conviction et stratégie

Une chose est sûre en tout cas, Emmanuel Macron entend bien “faire le job” de cette présidence française de l’UE dont les dernières remontent à 1995 sous Jacques Chirac et en 2008 sous Nicolas Sarkozy.

Par conviction et par stratégie. Par conviction car Emmanuel Macron s’est toujours affiché, avec constance, comme un Européen convaincu. Même si le bilan européen de son mandat est en demi-teinte, il existe : Emmanuel Macron a pesé pour obtenir le plan de relance européen et la dérogation aux critères de Maastricht pour répondre à la crise Covid, il a moins réussi à résoudre les crises migratoires. "L’Europe est un marqueur absolu d’Emmanuel Macron. Aujourd’hui pas plus qu’en 2017 il n’y a de candidat crédible sur le champ européen", résume dans Le Monde Stanislas Guerini, délégué général de LREM.

Européen par stratégie ensuite car, dans la campagne présidentielle qui s’annonce, cet engagement le distingue clairement de tous ses concurrents, ceux de gauche, toujours divisés sur la question, ceux d’extrême droite qui vomissent l’Europe à longueur de discours, mais aussi celle de droite. La candidate des Républicains, Valérie Pécresse, sous pression des idées identitaires d’Éric Ciotti, sera sur l’Europe moins à l’aise que Michel Barnier.
Dès lors, pour détailler ses priorités pour la PFUE, Emmanuel Macron a choisi la solennité d’une conférence de presse dont l’Élysée a fait la bande-annonce hier en postant sur Twitter une vidéo reprenant une des punchlines du Président extraite de son discours à la Sorbonne. "Je suis venu vous parler l’Europe. - Encore ! diront certains. Ils devront s’habituer parce que je continuerai".

Sous les ors de la salle de fêtes de l’Élysée, devant une centaine de journalistes, Emmanuel Macron a donc reparlé d’Europe et des priorités - nombreuses ! - qu’il veut appuyer autour d’un triptyque "puissance, relance, appartenance", véritable devise de la présidence française. Avec l’idée d’arriver à en concrétiser certaines en six mois.

"Europe puissante"

Après avoir dévoilé avec Clément Beaune, secrétaire d’État aux Affaires européennes, le logo de la PFUE puis la pièce de 2 € qui sera frappée par la Monnaie de Paris, Emmanuel Macron s’est lancé dans une longue présentation de l’action qu’il veut conduire, alternant pour chacun des trois grands thèmes des considérations générales et l’annonce de mesures parfois très précises. Le tout avec un enthousiasme non feint et parfois un peu de lyrisme.

"S’il fallait résumer en une phrase l’objectif de cette présidence, je dirais que nous devons passer d’une Europe de coopération à l’intérieur de nos frontières à une Europe puissante dans le monde, pleinement souveraine, libre de ses choix et maître de son destin", a-t-il déclaré.
L’idée d’un Smic européen, même si l’harmonisation entre pays s’annonce compliquée au vu des disparités ; la régulation des Gafam, la mise en place de l’impôt minimum mondial de 15 % pour les multinationales issu de l’accord de l’OCDE, la réforme très épineuse des critères de Maastricht à l’heure où l’Allemagne veut retrouver la rigueur budgétaire d’avant-Covid mais aussi l’idée de souveraineté industrielle en misant sur de grands projets, l’hydrogène, les batteries, le spatial. Six mois ne seront pas de trop pour impulser tous ces thèmes. Mais un quinquennat pour les accompagner… ?